La démission de Nicolas Hulot doit secouer nos politiques, mais aussi nous interroger tous.
Concrètement, comment notre société pourrait-elle se convertir à une économie durable? Essayons de nous représenter sérieusement la chose – en sachant que d'autres ont tenté de donner l'exemple, en comparant les initiatives. NDDL, entre autres, a offert un exemple que la Macronie a évacué par les armes, en provoquant une gabegie sans nom (toute une armée pour chasser quelques paysans et détruire leur travail et leurs outils de travail, quel coût cela représente-t-il au niveau de nos impôts, du gâchis d'efforts climato-vertueux et des séquelles traumatiques?)
Le problème se décline sur divers plans et à plusieurs échelles. Commençons au premier niveau, celui de l'individu.
Voici par exemple une liste que, dans ma petite fabrique d'utopie, avec mes connaissances limitées j'ai essayé d'imaginer de ce qu'il faudrait s'imposer à l'échelle individuelle – on en est loin! mais pourquoi attendre d'être réduits aux expédients, ce qui ne manquera pas d'arriver si nous ne nous prenons pas en charge? –:
1) supprimer les biberons en plastique et les couches-culottes
2) supprimer les jouets en plastique, et jusqu'à 18 ans les tablettes et les I-pad
3) ne pas manger de viande plus de deux fois par semaine
4) supprimer les sodas et les aliments tout préparés, privilégier le bio, supprimer la vaisselle jetable et les produits ménagers polluants
5) pour les filles utiliser des protections périodiques non jetables et une contraception non polluante
6) n'exercer que des sports qui ne nécessitent qu'un équipement à (re)constituer ou entretenir soi-même ou chez l'artisan du coin
7) faire introduire dans l'enseignement obligatoire la culture potagère, le petit élevage et 1 savoir-faire artisanal au moins, ou l'apprendre et l'enseigner soi-même
8) n'utiliser, sauf nécessité, que les transports collectifs
9) n'utiliser que les énergies renouvelables, interdire la climatisation (donc n'habiter que de la manière dont – là où? – on peut s'en passer), ne se vêtir que de textiles naturels ou biodégradables, récupérer au maximum les eaux de pluie
10) adopter un mode de vie collectif dans la résistance au froid (une seule pièce chauffée par habitation) et au chaud (un sous-sol frais accueillant par immeuble), au sein d'unités d'habitation intergénérationnelles, où les adolescents – et même les enfants dès 8 ans –soient progressivement acteurs et non plus simplement consommateurs et où les seniors assurent autant que possible une présence permanente et des fonctions de production domestique, d'éducation et de transmission.
11) ne plus rien bétonner, concevoir une architecture écologique, repeupler les campagnes, réintroduire les haies.
12) se fournir sur les marchés (où ce sont les commerçants qui se déplacent par dizaines) et non plus dans des centres commerciaux (où les clients se déplacent par milliers).
13) préférer au maximum l'hospitalisation ambulatoire
14) réfléchir aux pratiques d'inhumation (voir par ex. les pratiques grecques actuelles)
15) maintenir ou restaurer un rythme festif annuel, sur un mode plus productif (rites, chants, danses, costumes, productions culinaires, arts décoratifs, manifestations d'adresse...) que simplement consommateur – et que les religions y pratiquent les portes ouvertes!
16) préférer l'hospitalité à l'hôtellerie, le tourisme se réduisant progressivement à l'accueil chez l'habitant, voire dans des communautés (cf. les monastères d'antan). Accepter le nomadisme et réinventer les caravansérails.
Si une telle économie pouvait s'imposer à l'échelle individuelle et à celle des ménages, l'industrie et le commerce s'adapteraient, et l'agriculture également – il paraît que le "bio" déjà monte en flèche...
[Bien sûr, dans l'ensemble les plus pauvres, et plus encore les survivants des "peuples premiers" consomment très peu de ce qui a été énuméré ici. Est-ce eux qu'il faudra imiter? Néanmoins la misère même les amène à renoncer à entretenir leur environnement et à enrichir les fabricants de sodas, d'alcools frelatés, voire à contribuer à la désertification: ainsi à Madagascar à force de misère on a déboisé à tout va, sur des terres qui sont lessivées en quelques années. Et surtout, quant aux "peuples premiers" (qui ne sont que les pauvres reliquats de civilisations disparues), ils ont très largement perdu ce qui pérennisait leur culture, ou bien ils se sont vu interdire (et ont oublié), sous prétexte de cruauté (souvent effective) ou d'empiétement sur des terres privatisées (spoliées, colonisées...), des pratiques ancestrales de transmission pour la survie collective (le prélèvement du bois et des matières premières dans la nature, le défrichement sur terra nullius, le nomadisme, le sacrifice, les scarifications et autres épreuves initiatiques, les médecines traditionnelles...). ]
Chacun devrait se demander: et moi, où en suis-je? et
- soit cocher "fait" et "à faire" dans la liste ci-dessus
- soit proposer une autre solution, meilleure ou plus facile à appliquer, mais dans l'immédiat.
Parce que l'étuve, nous y sommes déjà et notre descendance devra la supporter pendant des siècles, même si nous nous mettons tout de suite aux changements nécessaires, en espérant d'ailleurs que les guerres qui se préparent ou la fragilité de nos équipements les plus polluants ne ruinent pas d'un coup nos efforts.
P.S. Si j'osais, je présenterais cette liste sous la rubrique "créer un événement", mais un autre s'en chargera, je l'espère.
P.P.S. Pour un exemple de la manière dont les cultures traditionnelles sont laminées par notre modernité, voir (et je ne cite pas ces pages par fascination pour le haschich!) sur le village himalayen de Malana, autrefois <http://www.bbc.com/travel/story/20180821-malana-a-himalayan-village-shrouded-in-myth> et aujourd'hui <http://www.aheadofdemocracy.com/story-of-malana.html>