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Billet de blog 31 août 2017

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La destruction du tissu démocratique en France

40 milliards pour les actionnaires en France, mais suppression des contrats aidés et appauvrissement concerté des retraités dits "aisés"

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Au moment où l'on annonce 40 milliards de redistribution de dividendes aux actionnaires en France au second trimestre 2017, entendre le Président de la République, du haut de ses trente-neuf ans, décréter la pénurie des salaires, de l'emploi stable et des retraites et prétendre organiser la répartition de cette pénurie en récompensant le "travail" au détriment des "contrats aidés" (au bénéfice surtout de l'État et des collectivités territoriales, il faut le rappeler), voire des "retraités aisés" (entendre: ceux qui touchent tout juste un peu plus que de quoi survivre!), n'est-ce pas révoltant, quand surtout on pousse la classe moyenne à la vindicte en sous-entendant l'inutilité du travail ainsi rémunéré  et les supposés "privilèges" des retraités dits "aisés" dont on met simultanément à l'abri, si vraiment ils sont riches, l'éventuel portefeuille d'actions?

S'agissant des seconds, rappelons d'abord à notre banquier en chef que les retraités d'aujourd'hui ont tout au long de leurs années de travail cotisé pour les retraites de manière proportionnelle à leurs salaires. Indiquons-lui ensuite que les retraités, "jeunes retraités" surtout, c'est-à-dire tout juste entrés au bénéfice de leurs droits, ont chance de rester actifs et aidants comme jamais, tant auprès de leurs enfants, voire petits-enfants (chômeurs, ou en recherche de premier emploi, jeunes parents sans le sou, sans domicile propre, sans solution de garde pour leur progéniture en bas âge, sans moyens de s'offrir des vacances, etc.), qu'auprès de la génération qui les précède (et qui a toutes les chances de se maintenir en vie, même diminuée), y compris pour le financement de coûteux séjours en EHPAD: ils lissent ainsi et rendent moins criante la crise sociale actuelle. Ce sont aussi ces retraités qui font vivre, de leur activité, de leur expérience et de leurs deniers, les nombreuses associations qui forment le tissu le plus serré et le plus souple de notre démocratie. Ce sont enfin eux, souvent, même octogénaires ou nonagénaires, qui font vivre le secteur culturel et qui à eux seuls entretiennent encore des bouts de campagne, les préservant de la friche et des incendies, y prélevant pour leurs proches et leurs voisins l'abondance saisonnière et leur conférant l'allure pimpante capable d'attirer la manne des touristes.

Mais foin de la démocratie! Notre Jupiter a contre elle des armes plus décisives encore: la suppression – archi-criminelle, il faut le dire, on ne l'entend pas assez! – de la taxe d'habitation, qui fera des collectivités locales des assistées de l'État à la botte des partis au pouvoir, et de leurs anciennes ressources un nouveau et gigantesque pactole de profit pour l'actionnariat délocalisé, mondialisé, invisible, multiplicateur des ravages environnementaux, du dérèglement climatique et des usines à gaz de la postmodernité.

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