Pourtant, l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables sont les solutions clés pour lutter contre le réchauffement climatique et garantir notre approvisionnement énergétique. La France et d’autres États membres risquent ainsi de faire manquer à l’Union européenne la marche de 2030, étape clé pour maintenir le réchauffement planétaire en dessous de 1,5°C.
Le retard français ne doit pas pénaliser l’Union européenne
En mai 2022, la Commission européenne a proposé une accélération sans précédent du déploiement des énergies renouvelables passant de 22 % aujourd’hui à 45 % du mix énergétique en 2030, et d’augmenter l’objectif d’économie d’énergie européen de 9 % à 13 % pour 2030 par rapport au scénario de référence de 2020. Ce plan vise à mettre fin à la dépendance de l’UE aux énergies fossiles russes qui met en danger l’approvisionnement énergétique de l’UE.
La majorité des eurodéputés et plusieurs Etats-membres soutiennent cette accélération, mais pourtant la France s’y oppose. Ce blocage peut s’expliquer par des difficultés de mise en œuvre dans notre pays : Malgré des gisements très importants, la France est particulièrement en retard sur le développement des énergies renouvelables. Seule 19,3% de notre consommation finale est issue des énergies renouvelables en 2021 comparé à une moyenne européenne à 22%. L’Union européenne a elle la capacité d’atteindre 45 % d’énergies renouvelables dans son mix énergétique en 2030 grâce au déploiement accéléré en particulier de panneaux solaires et de pompes à chaleur.
Garantir notre approvisionnement en énergie
Augmenter nos économies d’énergie et accélérer drastiquement le déploiement des énergies renouvelables sont les leviers les plus fiables pour sécuriser l’approvisionnement énergétique de l’Europe, d’autant plus que le parc nucléaire français a démontré son incapacité en 2022 à fournir suffisamment d’électricité, avec plus de la moitié des réacteurs à l’arrêt pour maintenance ou pour des problèmes de corrosion. Cela a notamment conduit la France à devenir importatrice nette d’électricité, alors qu’elle est la plus grosse productrice d’électricité à base de nucléaire de l’UE. Les sécheresses de plus en plus fréquentes augmentent aussi ces risques d’indisponibilité de réacteurs,puisque plusieurs réacteurs nucléaires sont dépendants de l’eau des fleuves pour leur refroidissement.
Outre la lutte contre le réchauffement climatique, des bénéfices multiples
Le déploiement des énergies renouvelables est rapide et donc efficace pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030. L’Union européenne peut en effet se passer du gaz, du pétrole et du charbon russes d’ici 2025 grâce à des investissements substantiels dans les énergies renouvelables, l’efficacité énergétique et la sobriété. En comparaison, le développement de nouveaux réacteurs nucléaires ne sera pas opérationnel avant 2035-2040.
Le déploiement des énergies renouvelables tout comme l’efficacité énergétique via la rénovation énergétique des bâtiments créent des emplois locaux. L’éolien terrestre représente par exemple à ce jour 300 000 emplois en Europe et d’ici 2028, 100 000 nouveaux emplois devraient être créés grâce au déploiement des énergies renouvelables.
L’efficacité énergétique et les énergies renouvelables sont enfin sources d’économies pour les ménages. Selon une étude de Cambridge Econometrics, un objectif d’efficacité énergétique de 14,5 % pour 2030 permettrait en moyenne de réduire les dépenses énergétiques des ménages de 10,3 % en 2030.
Si la France est à la peine pour déployer sa propre transition énergétique, cela ne doit pas empêcher le reste de l’Union européenne d'accélérer le pas, d’autant plus que l’Union européenne en a collectivement les capacités. Manquer l’ambition de 2030 nous met dans la situation dangereuse de ne pas pouvoir contenir le réchauffement planétaire en dessous de 1,5°C, avec des répercussions qui seraient catastrophiques pour les populations et la planète.
Caroline François-Marsal, Responsable Europe Réseau Action Climat
 
                 
             
            