Réseau Palestine

France Palestine Mental Health Network

Abonné·e de Mediapart

14 Billets

0 Édition

Billet de blog 23 juillet 2025

Réseau Palestine

France Palestine Mental Health Network

Abonné·e de Mediapart

Syros, port libre : un bateau israélien contraint de faire demi-tour

Le 22 juillet 2025, une mobilisation spontanée a eu lieu au port de Syros, une île des Cyclades située en mer Égée, en Grèce, pour empêcher l’accostage d’un bateau de croisière transportant des touristes israéliens.

Réseau Palestine

France Palestine Mental Health Network

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le 22 juillet 2025, une mobilisation spontanée a eu lieu à Ermoúpoli ( ou Ermoúpolis)  chef-lieu et port de Syros, une île des Cyclades située en mer Égée, en Grèce, pour empêcher l’accostage d’un bateau de croisière transportant des touristes israéliens. Résident·es et visiteur·euses de l’île ont exprimé leur refus de voir accoster sur leur terre des soldats de l’armée israélienne (IDF), des colons ou des partisans de la guerre et de l’occupation de la Palestine.

Par son importance démographique et administrative, la vie culturelle et civique de Syros est particulièrement intense. Syros accueille également une annexe de l’Université de la Mer Égée, et de nombreux étudiants vivent sur l’île, contribuant à son dynamisme.

Face à la détermination des manifestant·es, le navire est resté dans les environs du port sans pouvoir accoster, avant d’être contraint de faire demi-tour. Ce geste fort s’inscrit dans un climat plus large de dénonciations en Grèce concernant le comportement provocateur de certains touristes israéliens, ouvertement favorables à la politique génocidaire menée à Gaza, et qui se comportent comme si les lieux qu’ils visitent leur appartenaient.

Ce refus collectif envoie un signal clair :

« Nous ne voulons pas de leur argent. Nous ne tolérons pas leur présence. »

Par cet acte de résistance civile, les habitant·es de Syros réaffirment leur solidarité avec le peuple palestinien et leur attachement à des valeurs de dignité, de paix et de justice.

Ce moment rare de désobéissance civile a fait de Syros le premier port grec à refuser une escale israélienne, en pleine guerre à Gaza.

Voici comment les faits se sont déroulés :

La commandante de la capitainerie du port de Syros publie une annonce interdisant la circulation sur la place de la Souveraineté Populaire (oui, oui, c’est bien son nom, je vous jure) parce qu’un paquebot de croisière avec des israélien.ne.s doit accoster, et il faut que tout se passe sans heurts, ni protestation, ni murmure.

Les habitant·e·s de Syros réagissent immédiatement en lançant un appel à rassemblement à l’heure prévue de l’arrivée du Crown Iris à Ermoupoli.

Ils descendent alors au port avec des drapeaux, des tambours, et une immense bannière palestinienne visible non seulement depuis le Crown Iris, mais peut-être même depuis Israël lui-même, qui sait...

Une unité des forces antiémeutes (MAT) est ensuite dépêchée depuis Athènes — pour réprimer les habitant·e·s de Syros qui osent ainsi ne pas se soumettre aux injonctions de silence.

Le Crown Iris approche, et certains passagers israéliens agitent des drapeaux et scandent des slogans sionistes. (Il faut croire que glisser un drapeau national dans sa valise est devenu un réflexe touristique pour certains.)

Pendant trois heures, les habitant·e·s de Syros tiennent la ligne sur le quai, criant :

« L’État d’Israël tue des enfants — Liberté pour la Palestine ! »

Finalement, le Crown Iris rebrousse chemin. Aucun passager ni passagère n'en descend. Des vidéos de protestation, furieuses, fleurissent sur les réseaux sociaux.

Les habitant·e·s de Syros saluent le retrait en criant :

« Ni à Syros, ni nulle part — Liberté pour la Palestine ! »

Selon plusieurs sources, le ministre israélien des Affaires étrangères aurait aussitôt téléphoné à son homologue grec, Gerapetritis, pour protester.

Syros est devenu ce jour-là le premier port à refuser l’accueil d’un bateau israélien, alors que dans la bande de Gaza, des bébés meurent de faim, que des enfants attendent des heures pour un peu de farine, que des familles brûlent vives dans leurs tentes, qu’un peuple tout entier est pris au piège et écrasé.

Bravo à Syros et à ses habitant·e·s libres.

Ils ont écrit une page de fierté dans leur propre histoire — et dans la nôtre.

Emmanuel Kosadinos

Pour le blog du Réseau Palestine

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.