L'immigration est un problème prétendent certains. A lire M.A, on a plutôt l'impression que c'est une solution. Qu'on en juge.
Je vais vous présenter mon récit après un événement qui a bouleversé ma vie quotidienne et celle de ma famille.
Je suis arrivé en France en décembre 2011, à l’âge de 15 ans et demi, avec un visa court séjour. J’ai rejoint ma mère après qu’elle soit arrivée en France un mois avant. Elle était gravement malade et en situation régulière.
Cette situation m’obligeant à rester auprès d’elle, malade, seule et qui venait tout juste d’accoucher de mon petit frère.
Pendant cette période mon visa a expiré et vu que je suis encore mineur et sous la tutelle de ma mère, cela n’a pas posé problème à ce que je sois scolarisé. Je suis parti au CIO le plus proche de chez moi, j’ai fait une demande d’inscription scolaire. On m’a informé alors que je devais passer un test pour évaluer mon niveau de langue française et de mathématiques pour savoir quel était le niveau scolaire qui me correspondait.
Vu que l’attestation d’obtention de mon brevet algérien n’est pas reconnue en France, j’ai dû reprendre en 3ème année de collège. Du coup, il a fallu attendre plus de 6 mois pour avoir un rendez-vous pour m’inscrire et 6 mois de plus pour trouver une place au collège. Du coup j’ai passé le test au CIO, et j’ai réussi à avoir le niveau nécessaire pour entrer en 3ème collège, j’ai commencé l’année en milieu du deuxième trimestre. J’étais pour la première fois scolarisé dans un établissement scolaire français, une belle expérience.
J’ai réussi à m’intégrer facilement et j’ai pu finir le demi-trimestre avec des compliments du conseil de classe et une moyenne générale de 13,5 ainsi que de bonnes appréciations, une note de vie scolaire de 19. Après quelques semaines, voilà le moment pour faire un stage obligatoire en 3ème. J’ai réussi à avoir une place dans un Intermarché à côté de chez moi où j’ai travaillé une semaine entière, une vraie expérience professionnelle et pédagogique en même temps, ainsi à l’évaluation finale de mon stage j’ai pu avoir des doubles plus ( ++ ) sur tous les critères de notation. Et une bonne appréciation du directeur du centre Intermarché qui m’a permis de passer ce stage dans son établissement.
J’ai en même temps demandé une Bourse nationale du second degré, j’ai eu une réponse favorable de ce côté. J’ai eu l’occasion aussi de pouvoir être assuré, une assurance scolaire et extrascolaire, ainsi qu’une couverture sociale (carte vitale – CMU) et prestations familiales auprès de la Caisse d’Allocations familiales.
Au 3ème trimestre, j’ai fini avec 12,5 de moyenne générale et un encouragement. Au milieu de ce trimestre, j’ai eu la chance de postuler et d’être retenu pour un stage pendant 3 mois au sein des laboratoires de l’entreprise L’OREAL.
Il y a eu 7 séances réparties en 3 mois. A la fin de ce stage, j’ai fait une synthèse de ce que l’on a étudié pendant la durée du stage au sein des laboratoires avec les chercheurs, et une présentation orale ainsi qu’un PowerPoint auprès d’une assistance publique, avec la présence du DRH ( directeur des ressources humaines) ainsi que du staff responsable. J’ai eu la meilleure prestation du groupe, ainsi grâce à mes compétences et performances durant le stage ,on m’a délivré un diplôme d’apprenti chercheur agréé par l’état.
Durant l’année 2013, j’ai pu valider certaines compétences et connaissances du socle commun, comme par exemple la maîtrise de la langue française, la pratique d’une ou de plusieurs langues étrangères (pour ma part je parle couramment anglais, français et arabe et j’ai un espagnol de niveau scolaire), la culture humaniste, des compétences sociales et civiques, autonomie et initiative etc.
Pendant ce temps, j’ai passé le test pour avoir l’attestation scolaire de sécurité routière niveau 2, que j’ai eue haut la main durant la session 2012-2013.
Voici l’été 2012, où je dois passer l’épreuve du brevet, malgré le retard accumulé à l’entrée au collège, j’ai réussi à avoir le brevet avec une mention assez bien, avantage avec lequel j’ai pu accéder à la filière souhaitée pour l’année suivante, la filière générale.
Me voilà en seconde, le lycée, une nouvelle vie, une nouvelle ambiance de travail, plus soutenue et surtout une nouvelle expérience pour moi.
J’ai été affecté au lycée Gaspard Monge de Savigny sur Orge (91600), où je suis toujours scolarisé à nos jours.
Grâce à ce travail intense fourni et du fait que je me suis appliqué systématiquement et régulièrement sur mon travail de tous les jours en me fixant des objectifs de réussite à moyen et long terme, grâce à cette volonté et à cette motivation personnelle, j’ai réussi à avoir de bonnes moyennes, entre 11,5 et 12,5 tout au long de l’année. Voici déjà la fin de l’année et on doit choisir quelle voie prendre pour notre passage en première. J’ai opté pour une filière technologique, plus spécialement en 1sti2d, (sciences et technologies de l’industrie et du développement durable) spécialité SIN (système informatique et numérique). J’ai pu avoir à la fin de l’année mon vœu de filière accepté par l’établissement.
Me voilà en première, j’ai eu mes 18 ans pendant les vacances d’été 2014, je suis enfin majeur. En conséquence, vu que je suis majeur et que je ne suis plus sous la tutelle de ma mère, je suis dans l’obligation de demander un titre de séjour vie privée et familiale. Je me rends à la préfecture , je prends la liste du dossier et je demande un rendez-vous pour un dépôt de dossier de demande de carte de séjour, voulant ainsi régulariser ma situation conformément à la loi.
Le rendez-vous le jour J, j’ai fourni un dossier le plus complet possible avec des justificatifs famille et scolaires durant mes 3 années de résidence en France. A la fin de l’entretien, on m’a délivré un récépissé de demande de titre de séjour de 3 mois renouvelable.
Entre temps, me voilà en 1STI2D, toujours dans le même lycée vu que je n’ai pas changé de secteur. J’ai pris conscience cette année de l’importance de la vie civique, j’ai décidé alors de m’impliquer, déjà dans un premier lieu, à la vie lycéenne de mon établissement. J’ai été élu délégué de classe, élu CVL (conseil de vie lycéenne ) au CA (conseil d’administration ) et enfin j’ai déposé une candidature pour le poste de CAVL (conseil académique de la vie lycéenne ). Pour le CAVL, j’ai dû, lors d’une réunion de tous les lycées du département de l’Essonne le 18/11/2014 qui s’est déroulé au lycée COROT de Savigny sur Orge, faire une présentation orale de ma personne et présenter mes projets pendant mes deux années de mandat suite à mon élection. J’ai produit une profession de foi que j’ai eu à exposer lors de cette réunion. J’ai aussi assisté à plusieurs formations de délégués/CVL /CAVL avec la présence du directeur adjoint de l’académie de Versailles pour cette dernière.
Je suis très attaché aux droits des lycéens / lycéennes qui, des fois ne peuvent pas ou ne savent pas s’exprimer, alors que le droit à l’expression est un droit à défendre, c’est un droit fondamental, nous avons le droit d’exprimer nos souhaits et nos besoins. Ainsi je me suis présenté pour porter la voix de ceux qui ne peuvent se faire entendre et pour défendre mes camarades aux conseils de classes, pour que chaque décision soit prise avec une parfaite connaissance de tous les faits qui peuvent en affecter le choix. Je veux prendre des responsabilités et participer à l’amélioration de nos conditions de vie et d’études dans nos établissements, d’où mon engagement dans les différentes instances de la vie lycéenne.
Il est temps de passer le permis. Je me suis rendu compte qu’il me fallait un petit plus dans ma vie, je me suis décidé à demander à mon entourage, à passer voir les auto-écoles, passer des entretiens afin de me préparer pour le futur. J’ai pu débloquer un fonds du Conseil général, après demande pour la carte jeune. Vu que je m’y suis pris à 18 ans, je n’ai eu que pour une seule année, mais c’est un budget qui m’a permis de commencer à payer mon permis et à payer le matériel nécessaire pour bien réussir mon test du code de la route ainsi que la conduite. Ainsi pour pouvoir payer le permis et garder mon argent de côté, j’ai ouvert un compte bancaire à la banque postale, en plus de mon compte épargne que j’avais déjà depuis 1 an, une certaine manière de commencer à prendre mon indépendance, du moins financière, d’être actif et de prendre une indépendance sociale et civile.
Mon lycée ainsi que le lycée mitoyen organisent une fête ce décembre, une soirée carte blanche, et avec les frais d’entrée (qui sont de 2 euros) tout l’argent collecté sera distribué à une association de lutte contre le sida. Du coup je n’ai pas eu le temps de me porter volontaire pour organiser, mais je participerai en tant qu’artiste, vu qu’on demande aux élèves des deux lycées de participer a la fête, que ce soit des danseurs, chanteurs ou autres.
Je fais partie aussi de la chorale de mon lycée, et on prépare plusieurs spectacles pour la fin de l’année.
Du côté vie familiale, je suis avec ma mère et mon petit frère qui fête ses 3 ans en décembre 2014. J’ai toujours vécu avec ma mère, en Algérie, mon pays d’origine. Mes parents ont divorcé en 2001, j’avais seulement 5 ans à l’époque, j’ai très mal vécu cette séparation, ma mère a eu la garde exclusive et depuis, mon père a refait sa vie, s’est remarié et a eu 3 autres enfants. En conséquence je n’ai vécu depuis l’âge de 5 ans qu’avec ma mère, on est très complices et très liés. Durant les premiers mois en France, ma mère est tombée très malade, en conséquence il fallait que je lui apporte une aide quotidienne. J’étais et je suis en quelque sorte le père de famille qui est absent de notre vie, de la mienne pour mon père biologique et de celle de mon petit frère aussi pour son père biologique, et pour ma mère qui vit seule.
Fort heureusement, ma mère s’est bien rétablie et a décidé de trouver du travail. Ma mère est titulaire d’un doctorat en médecine (algérien ) et elle est également titulaire d’un master en gestion et marketing (français ) ainsi que titulaire de formations approfondies en informatique, elle a également passé le DELF B2 et le TOIC avec succès. Spécialisée en cardiologie et en pharmacovigilance.
Nous avons une insertion professionnelle, scolaire, sociale, familiale, civique réussie.
On m’a donné le droit et la chance d’étudier en France, une sorte de seconde chance, je ne vais pas laisser tomber, et je vais montrer que je suis digne de la chance qui m’est offerte.
Le 24 /11 /2014, je reçois une notification de courrier recommandé à retirer a la poste la plus proche, je me rends au bureau de poste, je retire le courrier, je l’ouvre et je tombe sur ce qui a été le plus gros choc depuis 3 ans que je suis en France : un courrier de la préfecture, un Arrêté portant obligation de quitter le territoire français sous un délai de 30 jours, à compter de la réception de cette dernière.
Au moment où j’écris ce texte, je suis encore sous le choc, les arguments considérés comme preuve et raison du refus de m’accorder le titre de séjour sont plus qu’inadmissibles. Ce que je me pose comme question après cela : que puis-je faire de plus pour m’intégrer ? Ne suis-je pas assez intégré ? Que ce soit dans la vie civique, sociale je suis parfaitement intégré dans tous les domaines de la vie courante. Je n’ai aucun problème de langue, de scolarité, de ressources ou autre, que faut-il faire de plus ? Je demande juste à rester scolarisé et à pouvoir continuer ma vie familiale tranquillement, surtout que je me projette dans l’avenir, pour poursuivre mes études, et ainsi atteindre un niveau universitaire. Cela a brisé ma motivation, ma volonté ainsi que ma projection dans l’avenir …cette décision peut mettre fin à ma scolarité ainsi qu’à mon futur (études supérieures) je ne compte pas m’arrêter au BAC, pour ainsi demeurer un impliqué professionnel et civique au sein de la République française.
J’aimerais préciser que tout argument cité dans ce récit peut, si nécessaire être fourni avec une preuve a l’appui.
J’ai écrit ce récit, sachant que c’est un combat d’un jeune qui garde encore espoir de réaliser ses rêves et ses vocations.
En espérant un recours favorable avec changement de la part de Mr le Préfet de du Département de L’Essonne (91), avoir le droit de pouvoir résider en France en situation régulière, ainsi je pourrai continuer ma scolarité, mon insertion sociale, civique ainsi que professionnelle dans la sérénité et la tranquillité et de pouvoir vivre auprès de ma famille.
Je vous prie de recevoir, l’assurance de ma considération distinguée, pour m’avoir lu.
Fait le 25/11/2014 à Morangis