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Récit des exploits honteux commis à l'encontre des familles sans papiers par la volonté de Nicolas Sarkozy, de Hollande et maintenant de Macron

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Billet de blog 10 septembre 2013

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Brutalité étouffée pour le confort des passagers par Air France

Vol AF 1135 – Berlin Tegel /Paris Charlesde Gaulle -  Lundi 12 août 2013, 7h00. Alors que je me dirigeais vers mon siège 21D, j'ai entendu de plus en plus distinctement un homme hurler. Lorsque j'ai été suffisamment près de la queue de l'avion, j'ai vu cet homme noir qui se débattait et, comme l'ensemble des passagers, je l'ai entendu crier : « I'm not a criminal », « I will die here », « I'm not a criminal ». Il hurlait avec colère, désespéré. Il n'était pas violent.

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Vol AF 1135 – Berlin Tegel /Paris Charlesde Gaulle -  Lundi 12 août 2013, 7h00. Alors que je me dirigeais vers mon siège 21D, j'ai entendu de plus en plus distinctement un homme hurler. Lorsque j'ai été suffisamment près de la queue de l'avion, j'ai vu cet homme noir qui se débattait et, comme l'ensemble des passagers, je l'ai entendu crier : « I'm not a criminal », « I will die here », « I'm not a criminal ». Il hurlait avec colère, désespéré. Il n'était pas violent.

Deux policiers l'accompagnaient, gantés de cuir, des mains immenses, blanches et sales. Ils l'empoignaient avec force, l'un dernière lui, l'autre à côté. Ils le bâillonnaient de leurs grandes mains. Ils l'étouffaient. L'homme essoufflé, étourdi, cherchait l'air.

 Je n'ai rien fait. Je suis restée là, paralysée au milieu de l'allée. Je le regardais et je pleurais. J'ai demandé à une hôtesse, elle m'a expliqué de sa voix douce et maternelle : « Vous savez, c'est courant. Vous n'avez jamais entendu parler de ces personnes sans papier qui doivent quitter le territoire? (…). Mais ce n'est pas normal, il est trop agité pour être sur un vol avec passagers. Nous sommes désolés Mademoiselle. » Je ne sais pas si elle me prenait pour une imbécile, si elle était imbécile, s'il s'agissait du discours règlementaire Air France, de fait imbécile.

 Le commandant de bord s'est montré au bout de quinze minutes. Cynique, il annonce aux policiers : « Too noisy, he can't stay on bord ». L'homme est débarqué.

 Les larmes apitoient plus que les cris : l'ensemble de l'équipe de cabine est venu me présenter ses excuses pendant  le vol. Le confort de ses passagers importe plus que tout à Air France. Le chef de cabine m'a donc demandé de remplir un formulaire de réclamation sur le champs, m'expliquant qu'ils ne cautionnait pas ce genre de pratique : trop dangereux pour les passagers, consignes de sécurité à peine survolées, éprouvant moralement...  et commercialement. Il n'était pas question de la condition de cet homme violenté, malmené, humilié. Ecœurée, je me suis tout de même exécutée en finissant mon courrier sur ces mots :

 « Quelle que soit la situation de cet homme, manifestement sans papiers, aucun être humain ne mérite un tel traitement. Bâillonner un homme avec violence pour le confort des autres passagers est scandaleux, honteux, indigne. Air France participe manifestement de pratiques barbares, j'en suis profondément choquée.

NB : cet homme a fini par être débarqué avant le décollage. J'espère qu'il est en bonne santé. » 

A ce jour, je n'ai pas reçu de réponse.

Marine J.

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