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Récit des exploits honteux commis à l'encontre des familles sans papiers par la volonté de Nicolas Sarkozy, de Hollande et maintenant de Macron

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Billet de blog 11 avril 2012

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Du syndrome de Protée au syndrome Sarkozy-Guéant

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Du syndrome de Protée au syndrome Sarkozy-Guéant
Connaissez-vous le syndrome de Protée ? C’est cette maladie génétique et orpheline dont souffrait Joseph Merrick, plus connu sous le nom d’Elephant Man. Elle déforme les corps, car elle provoque une croissance excessive de membres ou de muqueuses. C’est ce dont est atteint Yani, six ans. Cet enfant n’avait pas un an, lorsqu’il a quitté son Algérie natale pour la France, avec ses parents en 2006.
Yani est scolarisé et c’est heureux ! Il est en classe de CP à l’école élémentaire Jules Ferry du Perreux-sur-Marne (94). Suivi par l’hôpital Necker, il est inscrit à la MDPH (Maison départementale du handicap).
Ses parents, Monsieur et Madame Fahloune, étaient en situation régulière : ils disposaient d’une carte de séjour temporaire renouvelée chaque année. La carte de Monsieur Fahloune, revêtue de la mention « salarié », lui a permis de travailler avec un contrat à durée indéterminée. Curieusement, Madame Fahloune ne s’est vue attribuer qu’une carte portant la mention « visiteur », c’est-à-dire qu’il lui était interdit de travailler. Belle illustration d’une discrimination qui relève sans doute de ce que Monsieur Guéant tient pour une marque de supériorité de la civilisation européenne.
Mais voilà que le 26 janvier 2012, pour des raisons inexplicables, la sous-préfecture de Nogent-sur-Marne (94) décide de retirer les titres de séjour des parents Fahloune. Ceux-ci se voient délivrer, à la place de leurs titres en bonne et due forme, une « autorisation provisoire de séjour » de six mois à l’issue de laquelle ils devront quitter le territoire. Que peut signifier un retrait du titre de séjour, sinon la condamnation de cette famille courageuse, déjà durement éprouvée par la maladie orpheline de Yani, à la précarité et, à terme, à l’abandon des soins pour leur enfant ?
Au Perreux-sur-Marne, c’est la stupeur. Cette mesure a soulevé l’indignation de la communauté scolaire, des habitants du quartier, de certains élus . Pas tous : on n’a pas encore entendu sur le sujet Monsieur Carrez, député-maire UMP, pourtant interpellé sur le sort de la famille Fahloune lors du conseil municipal en mars. Tous les administrés du Perreux-sur-Marne -comme les civilisations- ne se valent-ils pas ? La famille Fahloune doit-elle payer le prix anticipé de l’annonce du président-candidat : « Diviser par deux l’immigration légale » ? Le sous-préfet s’est contenté de répondre qu’il renouvellerait l’autorisation provisoire de séjour (sans autorisation de travail ?) en fonction des évolutions de la maladie : « S’il y a nécessité de prolonger le séjour de la famille en raison de la maladie du jeune Yani, ce sera fait ». On croit rêver… ou cauchemarder !
Les atteintes physiques du syndrome de Protée sont visibles sur le corps de Yani. Qu’attend le sous-préfet pour délivrer à ses parents le certificat de résidence « vie privée et familiale » prévu à l’article 6 de l’accord franco-algérien ? La simple humanité suffirait à commander de régulariser les parents. Mais, de surcroît, les arguments juridiques ne manquent pas ! Rappelons que l’article 3-1 de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant, ratifiée par la France, dispose que « dans toutes les décisions qui concernent les enfants, qu'elles soient le fait des institutions publiques ou privées de protection sociale, des tribunaux, des autorités administratives ou des organes législatifs, l'intérêt supérieur de l'enfant doit être une considération primordiale. » L’intérêt supérieur de Yani est que ses parents puissent l’entourer de leur amour et lui offrir une stabilité protectrice qui, seule, lui permettrait de poursuivre ses soins contre cette maladie grave. Cela exige un certificat « vie privée et familiale », par ailleurs conforme au « droit au respect de la vie privée et familiale », protégé par à l’article 8 de la Déclaration Européenne de Sauvegarde des Droits de l’Homme et des Libertés Fondamentales.
Rien ne manque en effet, sinon la volonté politique. Les mésaventures de Yani et de ses parents sont symptomatiques d’une autre maladie que le syndrome de Protée. C’est la xénophobie d’Etat qui gangrène et défigure notre société. Mais contre le syndrome Sarkozy-Guéant, le traitement existe.

Pablo Krasnopolsky (RESF94)

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