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Récit des exploits honteux commis à l'encontre des familles sans papiers par la volonté de Nicolas Sarkozy, de Hollande et maintenant de Macron

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Billet de blog 14 février 2012

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REGULARISATION A L'ECOLE DES SABLONS (CHATILLON -92) HISTOIRE D'UNE MOBILISATION ORDINAIRE

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REGULARISATION A L'ECOLE DES SABLONS (CHATILLON - 92),

HISTOIRE D'UNE MOBILISATION ORDINAIRE

L’ école des Sablons à Châtillon, établissement paisible d’un coquet quartier pavillonnaire, n’est habituellement pas connue pour mener de grands combats révolutionnaires. Elle a pourtant  remporté une vraie victoire le 3 février dernier: la régularisation de la famille Parameswaran et donc, on peut l’espérer, la fin de la galère pour cette famille d’origine sri lankaise.

Le 24 novembre dernier, une professeur de l'école apprend que la petite soeur et les parents de Suruthiga,  l'un de ses élèves, sont menacés d'être jetés à la rue la semaine suivante puis expulsés vers le Sri Lanka qu'ils avaient fui pour échapper aux persécutions qu'endurent les Tamouls. Le père de cette famille, Thambirajah Parameswaran, qui était directeur  d'un établissement d'enseignement supérieur a été à plusieurs reprises inquiété, arrêté et racketté par la police dans son pays.  Il s'est alors enfui avec les siens et a demandé l'asile en France, en janvier 2010.  La famille a été alors logée par France Terre d'asile à Châtillon et les enfants, scolarisés.

Las, en novembre dernier, le couperet tombe : la demande d'asile puis l’appel ont été rejetés. Monsieur Claude Guéant nous l’a bien dit à cette époque là. De part le monde, de nombreux pays sont devenus plus sûrs depuis que lui est devenu ministre de l’Intérieur[1]. C’est comme ça avec les hommes appartenant aux civilisations supérieures : ils arrivent et le monde devient meilleur !

Pendant ce temps, la situation ne s’améliore pas pour notre famille sri lankaise. Après le rejet de tous ses recours, elle a droit à quelques jours de délai puis est menacée d’être mise à  la rue avec les enfants et une promesse d’expulsion pour tout bagage. C'est ainsi qu'on voudrait que les hommes vivent au temps de Sarkozy.

Mais même en Sarkozie pas tout le monde ne l'entend de cette oreille, enfin du moins pas tout le monde à Châtillon : informés de la situation le jeudi 24 novembre, les parents d'élèves de l'école des Sablons convoquent une réunion pour le lendemain. Une bonne quarantaine de personnes seront présentes à 20 heures, des enseignants, des parents, des militants du RESF et de la Cimade et la conseillère générale de  Châtillon. La mobilisation est alors menée de main de maître. Une pétition est lancée  qui recueillera 1500 signatures en une semaine. Le Parisien 92, alerté, consacrera quelques lignes et une photo à l'affaire.

Côté administratif, un rendez-vous est pris à la sous-préfecture d'Antony pour le mercredi suivant : une trentaine de parents et d'enseignants escorteront la délégation qui est reçue par la Secrétaire générale de la sous-préfecture.

La famille est reçue en urgence deux jours plus tard alors même qu’elle a dû quitter son logement pour entamer le parcours infernal des chambres d'hôtel du 115 : une pièce de 8 m² pour toute la famille, douche et toilettes sur le palier, aucune possibilité de cuisiner, aucune possibilité de s’installer plus que pour quelques jours, voire même plus que pour une nuit.

Un contretemps (une nouvelle demande d'asile déposée par erreur) fait que le traitement du dossier va prendre du retard. 

Pendant ses quelques mois, la solidarité envers la famille Parameswaran ne s’est jamais démentie. Très vite, Thambirajah a reçu une promesse d’embauche. Durant son errance d’une chambre du 115 à l’autre[2], la famille a été recueillie pour les journées chez des proches du comité de soutien.  Les parents d’élève ont organisé plusieurs rassemblements sur  le marché de Châtillon pendant que Martine Gouriet, conseillère générale, n’a cessé d’intervenir auprès du Préfet.

Le 3 février, la réponse est tombée : des papiers et une autorisation de travail pour les parents, ce qui signifie aussi pour les enfants l’assurance d’une vie plus stable et de meilleures conditions de scolarisation.

De cette histoire on retiendra alors que les mobilisations fonctionnent et que c’est rassurant. On retiendra aussi que dans notre pays, ils sont encore nombreux ceux qui n’acceptent pas l’inacceptable, quand cet inacceptable leur saute au visage. Pour ne pas gâcher cette jolie histoire, nous éviterons de nous interroger sur ce qu’il serait advenu de cette famille, si l’enseignante en charge de Suruthiga n’avait pas donné l’alarme.    

 Messieurs Guéant et Sarkozy, vous vous trompez de France. Et ces lois dégradantes que vous faites passer contre ceux qui ne sont pas nés ici ne contribueront pas à réparer le désaveu dont vous faites l’objet : bien au contraire !

RESF 92

[1] Le 25 novembre 2011, le ministre de l’Intérieur, Monsieur Claude Guéant, annonce une réforme de la procédure d’asile, en ayant recours à une rhétorique de la « fraude généralisée » ; il recommande d’allonger la liste des pays d’origine ‘’sûrs’’, ce que fait le Conseil d’administration de l’OFPRA le 2 décembre en y ajoutant l’Arménie, le Bangladesh, le Monténégro et la Moldavie. source : Amnesty International, 11 janvier 2012.

[2] Le principe de cette hébergement dit d’urgence est qu’il est renouvelable tous les soirs (les personnes concernées doivent appeler un numéro à 17 heures pour savoir si elles ont droit à une nuit et où). L’hébergement prend fin à 9 heures du matin.

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