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Récit des exploits honteux commis à l'encontre des familles sans papiers par la volonté de Nicolas Sarkozy, de Hollande et maintenant de Macron

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Billet de blog 15 février 2012

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UN CANCER MORTEL PEUT PROVOQUER UNE OQTF

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Un cancer mortel peut provoquer une OQTF

L’école élémentaire et le quartier Pasteur de Villejuif sont en ébullition. Les enseignants et les parents d’élèves sont indignés par une sorte de « double peine » infligée à une famille endeuillée.

Monsieur Amine Boukhenchouche a reçu du Sous-Préfet de l’Hay-les-Roses une « Obligation à quitter le territoire français » (OQTF) « dans le délai d’un mois ». Le haut fonctionnaire a estimé que ce père de famille algérien n’avait pas le droit de rester en France après le décès de son épouse des suites d’un cancer !

Venu d’Algérie, Amine Boukhenchouche s’est installé en France avec ses quatre enfants en 2010, pour rester près de sa femme, Samia, hospitalisée à l’Institut Gustave-Roussy pour y recevoir des soins, depuis qu’on lui a diagnostiqué une tumeur au cerveau, peu avant la naissance de leur quatrième enfant. C’est à la demande du psychologue de l’Institut que Monsieur Boukhenchouche vient en France avec ses enfants, sous couvert d’un visa de tourisme. En raison de l’évolution de la maladie de sa femme et des besoins affectifs de ses enfants, il décide de rester à Villejuif. Rayane, Allaa Edine et Abir sont scolarisés dans la classe d’intégration (CLIN) de l’école Pasteur dès septembre 2010. Wail, le petit dernier, est accueilli à la crèche Paul Vaillant Couturier. Malgré la maladie, les deux parents s’investissent fortement dans la scolarisation qui apporte aux enfants, non seulement éducation et enseignement, mais aussi une sécurité indispensable dans la période difficile que traverse la famille.

Malheureusement, en mai 2011, l’état de santé de Madame Boukhenchouche s’aggrave. Elle décède le 29 mai 2011. Depuis cette date, la famille trouve appui auprès des parents d’élèves, de l’équipe enseignante, des voisins, ainsi que des deux sœurs de Monsieur Boukhenchouche, qui résident à Vitry et à Ivry, communes voisines de Villejuif. Les liens privés et familiaux, tout comme l’intérêt des enfants, pouvaient laisser espérer à Monsieur Boukhenchouche un examen bienveillant de sa demande de titre de séjour.

Le sous-préfet de l’Hay-les-Roses en a décidé autrement. Dans son refus de séjour, il note que Monsieur Boukhenchouche « a obtenu, après le décès de son épouse survenu le 29 mai 2011, un arrêté l’autorisant au transport de sa dépouille pour l’Algérie ». Puis il égrène froidement l’ensemble des articles de l’accord franco-algérien dont, selon lui, ce père de famille n’a pas le bon goût de pouvoir se prévaloir « pour obtenir de plein droit le certificat de résidence algérien d’un an ». En vertu de quoi, sa demande « est rejetée » (article 1), il est « obligé de quitter le territoire français dans un délai d’un mois » (article 2), faute de quoi « il pourra être reconduit d’office à la frontière » et « s’exposera aux peines d’emprisonnement et d’amende » prévues dans le CESEDA (article 3).

En découvrant cette mesure inhumaine à l’encontre de la famille Boukhenchouche, parents d’élèves, enseignants, élus, citoyens de Villejuif se sont mobilisés. Une pétition a immédiatement recueilli des centaines de signatures. La décision du sous-préfet n’est pas seulement inhumaine : elle est contraire à « l’intérêt supérieur de l’enfant », protégé comme « considération primordiale » par la Convention Internationale des Droits de l’Enfant (article 3-1).

Les quatre enfants ont tissé des liens ici. Ils affrontent le deuil difficile de leur mère grâce à la solidarité des habitants, l’amitié de leurs copains, la proximité des deux sœurs de leur père qui leur apportent un soutien maternel. Pour tous, une évidence s’impose : Amine et ses enfants doivent rester. Waïl, Rayane, Allaa Edine et Abir doivent pouvoir grandir ici. Il y a un cancer contre lequel les habitants de Villejuif semblent immunisés. C’est cette froide indifférence à laquelle le gouvernement veut nous habituer, à coup de politique du chiffre, de démagogie xénophobe, de « référendum sur l’immigration ». Franchement : Sarkozy et Guéant, ils nous prennent pour qui ?

Pablo Krasnopolsky (RESF 94), Marine SE

Les parents d’élèves et enseignants de l’école élémentaire Pasteur organisent, avec les habitants du quartier et les élus, un rassemblement devant l’école jeudi 16 février à partir de 16h30.

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