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Récit des exploits honteux commis à l'encontre des familles sans papiers par la volonté de Nicolas Sarkozy, de Hollande et maintenant de Macron

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Billet de blog 17 décembre 2014

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Entre dureté et absurdité...

"Vraiment ce moment il est trop dur pour moi, il fait trop froid, je dors pas tout le jour. Si vous pouvez essayer avant janvier sinon c'est grave pour moi même aujourd'hui malade à la gorge je même pas allé à l'école à cause du froid" Je reçois ce SMS un soir.

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"Vraiment ce moment il est trop dur pour moi, il fait trop froid, je dors pas tout le jour. Si vous pouvez essayer avant janvier sinon c'est grave pour moi même aujourd'hui malade à la gorge je même pas allé à l'école à cause du froid" Je reçois ce SMS un soir.

Au départ, c'est plutôt un veinard, Ibrahima. Contrairement à tant de « jeunes isolés étrangers » (arrivés seuls en France et sans proches pour les accueillir), il a pu, après une année en classe d'accueil et un début d'année en lycée professionnel,  avoir un contrat de professionnalisation – moitié école moitié entreprise, avec l'autorisation de travail et le récépissé qui vont avec. La vraie carte, elle, n’arrive qu’un mois après la délivrance du récépissé. Il suffit d’attendre.

Avec ça, il demande une place en Foyer de Jeunes Travailleurs. Il y a droit, il va l'obtenir.

Premier obstacle, le service logement de la mairie du 20°arrondissement de Paris : le récépissé qui précède l'obtention du titre de séjour ne suffit pas, il faut la carte elle-même, on ne rigole pas avec le règlement « mais je comprends, monsieur ».

 Pas grave, le rendez-vous à la Préfecture est dans un mois.

Deuxième obstacle : une erreur de la préfecture de police, qui le reconnaît d'ailleurs : il n'y a pas eu de convocation à la visite médicale obligatoire; ça retarde, forcément.Et les services étant débordés, il n’y aura pas de rendez-vous avant janvier plus vraisemblablement février – c’est-à-dire au-delà de la validité du dit récépissé, qu’il faudra donc refaire. Ce n’est rien, une formalité – de plus. Il a juste à attendre.

 Mais Ibrahima fait partie de ces jeunes -de l'ordre d'une centaine à Paris- qui n'ont pas d'hébergement ; il grappille quelques moments de sommeil dans un recoin d'un foyer africain – pas dans une chambre, le lieu est surpeuplé … plutôt dans un couloir, ou dans la cuisine, si la place n’est pas déjà prise. Il dort peu et mal, et n'est pas sûr de pouvoir rester. Ira-t-il de bus de nuit en station de RER, ou dans une gare ventée, avec la crainte de se faire agresser, comme d'autres ?

Ibrahima est depuis la fin octobre sur une liste, mise à jour régulièrement, d'une quarantaine de jeunes que  le syndicat lycéen  FIDL a établie pour ses interlocuteurs : la mairie de Paris, le rectorat, le ministère de l'Intérieur. L'écho médiatique de cette solidarité lycéenne a permis que 15 jeunes soient hébergés. Pas les autres, pas lui.

Il a droit à une place en FJT (Foyer de jeunes travailleurs), il va l'obtenir si on le soutient. Et en attendant.  il a peur de ne plus pouvoir aller à l’école, de ne pas être à la hauteur au travail, il est malade, il a froid.

                                                            Jean-Pierre Fournier RESF Paris XXe

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