Ruth est arrivée du Congo Kinshasa à Lyon le 7 avril dernier avec sa sœur Thérèse. Elle a aujourd’hui 15 ans et demi selon l’attestation de naissance qu’elle a présentée à la MEOMIE. L’ASE l’a prise en charge avec un hébergement en hôtel, mais la MEOMIE n’a pas manqué de faire savoir au Parquet qu’elle avait un doute sur sa minorité. Ruth a été présentée à un juge des enfants le 21 mai. Ce dernier n’a pas manqué de demander une enquête sur son âge au Parquet.
C’est ainsi que Ruth a été convoquée à la PAF mardi dernier 15 septembre alors qu’elle attendait de savoir dans quel établissement scolaire elle allait être affectée. Et bien sûr, même si son attestation de naissance n’a pas été considérée comme fausse ou falsifiée par le bureau de la fraude documentaire, la police a convaincu Ruth d’accepter de passer les tests osseux dont elle connaissait pourtant le caractère aléatoire et dangereux.
Le résultat des tests osseux n’a laissé aucune chance à Ruth : un âge moyen d’environ 30 ans et un âge minimum de 26 ans. Présentée aux comparutions immédiates jeudi, Ruth a donc été condamnée sur la seule base des tests osseux à 2 mois de prison ferme avec mandat de dépôt +7684, 90 euros de remboursement à la Métropole.
Devant une jeune fille à la silhouette frêle et fragile, le parquet a fait semblant de s’apitoyer en évoquant les questions de survie derrière les parcours migratoires, mais a invoqué le tort qui serait porté aux vrais mineurs isolés par les faux, le récit trop identique à d’autres de Ruth, avant de réclamer l’enfermement sur le champ pour 2 mois. La Présidente a quant à elle estimé que les tests osseux étaient devenus fiables depuis que la radio du poignet est croisée avec le scanner de l’épaule… Rien d’autre que le scénario devenu trop classique de criminalisation des jeunes migrants !
Aucun doute que le Parquet et la PAF vont très vite attaquer Thérèse, la sœur de Ruth, âgée elle de 17 ans et 2 mois, et également prise en charge par l’ASE !
Depuis la mi-août, Ruth est le 3ème cas d’emprisonnement de mineur isolé suite à un passage en comparution immédiate à Lyon :
- - Le mercredi 2 septembre, le lendemain de sa rentrée scolaire au lycée Les Canuts de Vaulx en Velin, Pathy, un jeune majeur de RDC lui aussi, a été « cueilli » à 6h du matin par la PAF dans sa chambre d’hôtel. Le jeudi, il était expédié pour 3 mois à la prison de Villefranche avec 23 304,18 euros à rembourser à la Métropole. La police et la justice l’ont décrété angolais et âgé de 25 ans, et lui ont attribué le nom figurant sur une fausse demande de visa faite en Angola pour pouvoir sortir du pays.
- - Cynthia, une jeune fille Congolaise dont nous ne connaissons pas l’histoire, a également été envoyée à la prison de Corbas pour 2 mois.
Les tests osseux et leurs méfaits, à Lyon c’est sans arrêt !
- Fin août, Famoro avait échappé à la comparution immédiate car les tests osseux n’avaient pas exclu sa minorité. Mais il n’avait pas échappé à 2 jours éprouvants d’audition et de garde à vue pendant lesquels les policiers de la PAF l’ont pressé d’avouer une supposée majorité…
- Fin août aussi, Murielle a refusé de passer les tests osseux à cause de sa grossesse, mais la juge des enfants qui les avaient prescrits n’a pas jugé que sa décision de la soumettre à l’expertise médicale devait être revue et elle n’a pas encore dit son dernier mot quant à la prolongation du placement.
- Fin août encore, Mohamed a demandé le report de sa convocation à l’hôpital pour pouvoir se rendre à son Ambassade pour consolider son état civil de mineur. La MEOMIE L’a très mal pris et on attend de savoir comment la juge va se positionner…
Nombreux sont aujourd’hui les mineurs qui vivent dans l’angoisse de la convocation à la PAF, ou à l’hôpital. Les tests osseux restent d’une redoutable actualité, d’autant plus que l’Assemblée nationale les a inscrits dans la législation, même si le Sénat n’a pas encore avalisé la manœuvre du gouvernement. Dans d’autres villes que Lyon, la criminalisation des jeunes migrants progresse, comme à Caen récemment quand 4 mineurs du Bengladesh se sont retrouvés au CRA après la prison, avant d’être libérés.
Nous ne pouvons pas rester les bras croisés à regarder défiler la liste des emprisonnés, Ruth, Cynthia, Pathy, après Alkasim, Narek, Carine, Jacques, Mohamed…
Reprenons le fil de notre campagne contre les tests osseux !
Pétition nationale, actions de sensibilisation devant les hôpitaux et ailleurs, nouvelles initiatives à inventer, il faut rendre visible et dénoncer l’odieuse politique de criminalisation des jeunes migrants et les méthodes tout aussi odieuses par lesquelles elle passe !
Liberté pour Ruth, Pathy, Cynthia !
Pas de tests osseux, pas de comparution immédiate, pour Thérèse et tous les autres mineurs isolés étrangers !
Michèle/ Collectif RESF Jeunes Majeurs 69
Pour signer la pétition demandant l'interdiction des tests d'âge osseux qu'un amendement à la loi Protection de l'Enfance (!) défendu par Laurence Rossignol a légalisé :
http://www.educationsansfrontieres.org/spip.php?article52122