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Récit des exploits honteux commis à l'encontre des familles sans papiers par la volonté de Nicolas Sarkozy, de Hollande et maintenant de Macron
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Billet de blog 20 septembre 2016

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Ariane : victime de la répression de Kabila et menacée d'expulsion par la France ?!

Ariane, jeune congolaise a fui les persécutions et les violence sous un faux nom avec un passeport angolais. Le préfet de la Somme veut l'expulser en Angola !

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Ariane Linda Lukau, Congolaise libérée du CRA du Mesnil Amelot le samedi 17 septembre est toujours menacée d’expulsion vers l’Angola!

Rappel des faits 

Ariane s’est présentée à l’hôtel de police d’Amiens le 12 septembre au matin pour une simple vérification d’identité, croyait-elle. Elle a été immédiatement placée en garde à vue et le Préfet de la Somme a ordonné son placement en rétention administrative.

Elle est arrivée au  centre de Rétention Administrative du Mesnil Amelot 2 dans l’après- midi. Le Juge des Libertés et de la Détention (JLD) a décidé samedi soir 17/09/2016 que sa rétention ne serait pas prolongée au-delà de ces cinq jours. Elle a été libérée dans la nuit, mais elle a, à compter de samedi 17, 7 jours pour quitter le territoire par ses propres moyens ou déposer une demande de titre de séjour en Préfecture de la Somme.

Elle est toujours sous la menace d’une Obligation de Quitter le Territoire Français prononcée par Monsieur le Préfet le 16 mars 2016. Motif de cette OQTF : Ariane Linda Lukau n’est pas Ariane Lukau mais Madame X, alias Helena Madelena Miguel, angolaise. Ariane est en effet entrée sur le territoire français avec un passeport portant cette identité pour échapper à la police de Kabila.

Ariane fera dans la semaine une demande de titre pour raisons humanitaires. Monsieur le Préfet osera-t-il une nouvelle fois invoquer sa double identité pour ne pas accepter le dossier?

Pourquoi a-t-elle fui le Congo sous un nom d’emprunt?

Ariane est arrivée en France le 9/11/2014 par un vol direct venu de Kinshasa. Du 24 au 27 octobre 2014, les événements se sont précipités pour elle au Congo. Elle a été enlevée, séquestrée  par les paramilitaires de Kabila qui lui ont fait subir les pires sévices ; ils voulaient retrouver son père, opposant au régime. Ils l’ont abandonnée après cette rétention à 35 km de Kinshasa, seulement vêtue d’un tissu militaire et laissée pour morte ; son père est décédé à l’hôpital, sa mère, son frère et sa sœur ont disparu.

Ariane porte des traces de ces sévices. Le 24 juillet 2015, les médecins de l’unité médico-légale du CHU Amiens Picardie ont rédigé un compte-rendu de visite qui ne laisse malheureusement aucun doute.

Elle a pu fuir le Congo, grâce à des proches qui se sont procuré un faux passeport angolais, sous une identité d’emprunt. Recherchée par l’Agence Nationale de Renseignement et bien que majeure, elle n’aurait pu sortir du pays sous son propre nom.

Ariane est bien congolaise et ne triche pas sur son identité!

A son arrivée en France, Ariane a déposé une demande d’asile à l’OFPRA. Elle en a été déboutée de même qu’en appel à la Cour Nationale du Droit d’Asile le 18 novembre 2015. Le document produit par cette Cour atteste de son identité congolaise. Le premier travail de la CNDA est de soumettre l’interwievé-e à un flot de questions sur son pays et son milieu de vie; tous ceux qui mentent finissent par faire une erreur. Or, la CNDA a validé l’identité d’ ARIANE LINDA LUKAU, Congolaise née à Kinshasa. L’entretien a de surcroît été réalisé en Lingala, langue congolaise. C’est d’ailleurs pour cette raison que sa demande d’asile a été rejetée : Ariane n’a pas été capable de décrire le contenu politique des tracts qu’elle distribuait pour son père; ils étaient rédigés en français.

Son retour à Amiens

Elle y est arrivée dimanche soir et a bénéficié ces deux jours-là d’un hébergement solidaire. Ariane est revenue du Mesnil Amelot non dans ses vêtements, mais dans ceux qu’une jeune en centre de rétention lui avait prêtés : elle s’est présentée le 12/09 sous le soleil à l’hôtel de police, vêtue pour l’été, a été mise aussitôt en détention et n’avait donc aucun habit pour le froid du centre.

A Amiens, elle est allée le lundi matin essayer de récupérer les affaires laissées dans la chambre de son foyer d’accueil pour demandeurs d’asile; elle y est allé trois fois dans la journée, la dernière fois accompagnée d’une professeure de son lycée.

Ses affaires n’ont pas été mises de côté. Curieusement, personne, parmi les éducateurs ou les chefs de service du foyer pour demandeurs d’asile où elle était hébergée n’a de clé qui ouvre cette chambre dont le barillet a été changé, dès le 12 septembre semble-til. La directrice du centre est absente.

Ariane a reçu un accueil chaleureux au Lycée Romain Rolland. Elle s’y est présentée ce mardi 20 septembre au matin ; pour la première fois depuis son retour à Amiens, au milieu de ses camarades, elle y a même esquissé un sourire. Bonne élève  de première GA, elle fera mercredi sa vraie rentrée mercredi. Tout le monde ici veut qu’elle y passe le bac en fin d’année scolaire prochaine.

Le 20/09/2016 Didier Cottrelle, RESF de la Somme

Une pétition pour sa régularisation est en ligne : http://www.resf.info/P3103

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