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Récit des exploits honteux commis à l'encontre des familles sans papiers par la volonté de Nicolas Sarkozy, de Hollande et maintenant de Macron

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Billet de blog 28 août 2013

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Dans la famille Dublin 2, arrêtez la mère ! enfermez le fils !

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

                     

Malkhaz CHOLOYAN, lycéen kurde de 18 ans, arrêté le 22 août et libéré par le juge des libertés le 27 aout.

Un lycéen comme les autres ? Pas tout à fait. Malkhaz est le fils d’Hamest, elle-même arrêtée deux fois pendant l’été et enfermée dans le même CRA. 

Patrick Strzoda, nouveau préfet de Bretagne arrivé de Corse, semble bien décidé à se débarrasser de la famille Choloyan par tous les moyens.

Sa mère Hamest est kurde d'origine arménienne, mariée à Rafael, Kurde de Géorgie. Fuyant les persécutions dont est victime leur minorité yéside, ils sont arrivés en France début 2012 pour demander l'asile, avec leurs 2 enfants Bella 22 ans et Malkhaz 18 ans.

Ils ont transité par la Pologne, porte d'entrée en Europe pour la majorité des Caucasiens, qui emprisonne les demandeurs d'asile :

http://www.courrierinternational.com/article/2012/10/31/pologne-ce-pays-qui-emprisonne-les-demandeurs-d-asile

L'accueil en France n'a guère été plus chaleureux. La famille a connu pendant plus d'un an l'errance entre la rue et le 115, sans aucune ressource, la Préfecture d'Ille et Vilaine leur ayant notifié une réadmission vers la Pologne. Ils se résignent alors à attendre 18 mois dans la clandestinité avant de pouvoir redéposer l'asile en France, comme le prévoit le règlement Dublin 2.

C'est une éternité 18 mois, quand on est sans toit, ni ressource... Hamest est enceinte. En avril 2012, elle fait une fausse-couche et sombre dans une profonde dépression. Elle est hospitalisée plusieurs jours et reste très fragile. En avril 2013, un répit. L'association "Un toit, c'est un droit" leur permet de se poser dans un squat. Finie l'angoisse de ne plus savoir où dormir le soir, la famille peut enfin poser ses bagages et Malkhaz suivre une scolarité "normale", il entre en classe de primo-arrivants au lycée Victor et Hélène Basch à Rennes.

Hamest s'investit beaucoup dans la vie du squat. Très appréciée pour sa gentillesse et sa disponibilité, elle organise les tâches ménagères entre communautés et suit assidument les cours de français.

Plus que 4 mois à tenir avant de pouvoir enfin faire sa demande d'asile en France, la famille aperçoit le bout du tunnel.

Le 22 juillet, Hamest se rend au Secours-Populaire pour chercher un colis alimentaire. Mohamed, un ami kurde de Syrie, lui propose son aide et l'accompagne. Alors qu'ils rentrent au squat, ils sont contrôlés à une station de métro. Placés en retenue administrative, ils sont conduits au CRA de Rennes.

Hamest se retrouve alors dans le même bâtiment que la famille Mejidov et leurs 2 jeunes enfants. Elle ne comprend pas. "Pour quoi la France enferme des bébés et veut me déporter sans mes enfants ?" Son désespoir est profond, malgré le soutien des militants rennais qui lui rendent quotidiennement visite.

Le TA puis le JLD confirment son placement en rétention, ainsi que celui de son ami Mohamed.

Dans la nuit du 29 juillet, elle assiste impuissante à l'expulsion de la famille Mejidov. Elle ne cesse de pleurer et prier, ne tient plus sur ses jambes refusant de s'alimenter, boire et suivre son traitement depuis 48h.

Très affaiblie, elle comparait quelques heures plus tard devant la Cour d'appel de Rennes avec Mohamed. C'est l'audience de la dernière chance, un vol est annoncé le lendemain pour elle vers la Pologne et pour Mohamed vers l'Espagne. La salle d'audience est trop petite pour accueillir toutes les personnes venues les soutenir. Le juge diffère sa décision de 2 heures. Les soutiens présents partent au CRA attendre la décision en espérant ramener Hamest et Mohamed au squat.

Mohamed est appelé le premier à l'accueil du CRA pour connaître la décision. Négatif. Hamest tremble, elle a peur, elle ne veut pas être maltraitée comme la famille Mejidov. C'est son tour d'être appelée. Les militants se préparent au pire, quand un cri éclate dans la cour du CRA : "Liberté !".

Hamest rassemble rapidement ses affaires et embrasse Mohamed.

Elle sort du CRA, tombe dans les bras ses amis et boit quelques gorgées d'eau dans une bouteille que lui tend son mari. Retour à la vie. Les militants la ramènent au squat. La bonne nouvelle se propage vite, tous les migrants l'attendent. On s'embrasse, on pleure.

Fin d'une longue journée, qui a débuté très tôt par l'expulsion de la famille Medijov et se termine par la libération d'Hamest.

Mohamed a été expulsé ce matin vers l'Espagne.

Le répit est de courte durée. Une semaine exactement plus tard, Hamest est à nouveau arrêtée aux alentours de la Croix rouge. Placée en rétention administrative dans un commissariat, elle est libérée le soir même.

Il ne reste plus à la famille qu’un mois à tenir ….

22 août, c’est au tour de leur fils de 18 ans Malkhaz d’être arrêté par la PAF qui effectue des contrôles à proximité du squat où il réside. Il est enfermé au CRA de Rennes, à quelques jours de faire sa rentrée en classe de seconde au lycée. Le 27 août, le T.A décide de le maintenir en rétention, un vol est annoncé pour le 28 août pour la Pologne. 

Si le JLD ne le libère pas, il sera séparé de ses parents, et de sa sœur Bella. L’alerte est lancée aux syndicats enseignants pour qu’ils interviennent auprès du préfet.

Quelques heures après l’audience, la nouvelle lui parvient : LIBERE !

En même temps qu’il lançait le 15 juillet une concertation nationale sur la réforme du droit d’asile, Manuel Valls, autoproclamé « ministre du droit d’asile » a activé simultanément la chasse aux déboutés : traqués aux abords de leur logement, assignés à résidence en attendant l’expulsion, parents et enfants enfermés dans les CRA, d’autres séparés de leur famille, renvoyés dans des pays qui les emprisonnent dans des camps fermés puis à nouveau expulsés dans ces pays qu’ils ont fuis.

La réforme de l’asile vise à « garantir ce droit fondamental auquel nous sommes attachés, parce qu’il est au cœur de ce qu’est la France : le droit d’asile. Ce droit qui affirme que toute personne « craignant avec raison d'être persécutée du fait de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques », doit obtenir une protection dans un autre pays que le sien. » (M. Valls. 15/07/2013).

Il n’est pas certain que la traque à laquelle on assiste depuis le début de l’été soit une image convaincante des bonnes intentions du ministre.

Un lycéen comme les autres ? Pas tout à fait. Malkhaz est le fils d’Hamest, elle-même arrêtée deux fois pendant l’été et enfermée dans le même CRA. 

Patrick Strzoda, nouveau préfet de Bretagne arrivé de Corse, semble bien décidé à se débarrasser de la famille Choloyan par tous les moyens.

Sa mère Hamest est kurde d'origine arménienne, mariée à Rafael, Kurde de Géorgie. Fuyant les persécutions dont est victime leur minorité yéside, ils sont arrivés en France début 2012 pour demander l'asile, avec leurs 2 enfants Bella 22 ans et Malkhaz 18 ans.

Ils ont transité par la Pologne, porte d'entrée en Europe pour la majorité des Caucasiens, qui emprisonne les demandeurs d'asile :

http://www.courrierinternational.com/article/2012/10/31/pologne-ce-pays-qui-emprisonne-les-demandeurs-d-asile

L'accueil en France n'a guère été plus chaleureux. La famille a connu pendant plus d'un an l'errance entre la rue et le 115, sans aucune ressource, la Préfecture d'Ille et Vilaine leur ayant notifié une réadmission vers la Pologne. Ils se résignent alors à attendre 18 mois dans la clandestinité avant de pouvoir redéposer l'asile en France, comme le prévoit le règlement Dublin 2.

C'est une éternité 18 mois, quand on est sans toit, ni ressource... Hamest est enceinte. En avril 2012, elle fait une fausse-couche et sombre dans une profonde dépression. Elle est hospitalisée plusieurs jours et reste très fragile. En avril 2013, un répit. L'association "Un toit, c'est un droit" leur permet de se poser dans un squat. Finie l'angoisse de ne plus savoir où dormir le soir, la famille peut enfin poser ses bagages et Malkhaz suivre une scolarité "normale", il entre en classe de primo-arrivants au lycée Victor et Hélène Basch à Rennes.

Hamest s'investit beaucoup dans la vie du squat. Très appréciée pour sa gentillesse et sa disponibilité, elle organise les tâches ménagères entre communautés et suit assidument les cours de français.

Plus que 4 mois à tenir avant de pouvoir enfin faire sa demande d'asile en France, la famille aperçoit le bout du tunnel.

Le 22 juillet, Hamest se rend au Secours-Populaire pour chercher un colis alimentaire. Mohamed, un ami kurde de Syrie, lui propose son aide et l'accompagne. Alors qu'ils rentrent au squat, ils sont contrôlés à une station de métro. Placés en retenue administrative, ils sont conduits au CRA de Rennes.

Hamest se retrouve alors dans le même bâtiment que la famille Mejidov et leurs 2 jeunes enfants. Elle ne comprend pas. "Pour quoi la France enferme des bébés et veut me déporter sans mes enfants ?" Son désespoir est profond, malgré le soutien des militants rennais qui lui rendent quotidiennement visite.

Le TA puis le JLD confirment son placement en rétention, ainsi que celui de son ami Mohamed.

Dans la nuit du 29 juillet, elle assiste impuissante à l'expulsion de la famille Mejidov. Elle ne cesse de pleurer et prier, ne tient plus sur ses jambes refusant de s'alimenter, boire et suivre son traitement depuis 48h.

Très affaiblie, elle comparait quelques heures plus tard devant la Cour d'appel de Rennes avec Mohamed. C'est l'audience de la dernière chance, un vol est annoncé le lendemain pour elle vers la Pologne et pour Mohamed vers l'Espagne. La salle d'audience est trop petite pour accueillir toutes les personnes venues les soutenir. Le juge diffère sa décision de 2 heures. Les soutiens présents partent au CRA attendre la décision en espérant ramener Hamest et Mohamed au squat.

Mohamed est appelé le premier à l'accueil du CRA pour connaître la décision. Négatif. Hamest tremble, elle a peur, elle ne veut pas être maltraitée comme la famille Mejidov. C'est son tour d'être appelée. Les militants se préparent au pire, quand un cri éclate dans la cour du CRA : "Liberté !".

Hamest rassemble rapidement ses affaires et embrasse Mohamed.

Elle sort du CRA, tombe dans les bras ses amis et boit quelques gorgées d'eau dans une bouteille que lui tend son mari. Retour à la vie. Les militants la ramènent au squat. La bonne nouvelle se propage vite, tous les migrants l'attendent. On s'embrasse, on pleure.

Fin d'une longue journée, qui a débuté très tôt par l'expulsion de la famille Medijov et se termine par la libération d'Hamest.

Mohamed a été expulsé ce matin vers l'Espagne.

Le répit est de courte durée. Une semaine exactement plus tard, Hamest est à nouveau arrêtée aux alentours de la Croix rouge. Placée en rétention administrative dans un commissariat, elle est libérée le soir même.

Il ne reste plus à la famille que trois mois à tenir ….

22 août, c’est au tour de leur fils de 18 ans Malkhaz d’être arrêté par la PAF qui effectue des contrôles à proximité du squat où il réside. Il est enfermé au CRA de Rennes, à quelques jours de faire sa rentrée en classe de FLE (Français langue étrangère) au lycée. Le 27 août, le T.A décide de le maintenir en rétention, un vol est annoncé pour le 28 août pour la Pologne. 

Si le JLD ne le libère pas, il sera séparé de ses parents, et de sa sœur Bella. L’alerte est lancée aux syndicats enseignants pour qu’ils interviennent auprès du préfet.

Quelques heures après l’audience, la nouvelle lui parvient : LIBERE !

En même temps qu’il lançait le 15 juillet une concertation nationale sur la réforme du droit d’asile, Manuel Valls, autoproclamé « ministre du droit d’asile » a activé simultanément la chasse aux déboutés : traqués aux abords de leur logement, assignés à résidence en attendant l’expulsion, parents et enfants enfermés dans les CRA, d’autres séparés de leur famille, renvoyés dans des pays qui les emprisonnent dans des camps fermés puis à nouveau expulsés dans ces pays qu’ils ont fuis.

La réforme de l’asile vise à « garantir ce droit fondamental auquel nous sommes attachés, parce qu’il est au cœur de ce qu’est la France : le droit d’asile. Ce droit qui affirme que toute personne « craignant avec raison d'être persécutée du fait de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques », doit obtenir une protection dans un autre pays que le sien. » (M. Valls. 15/07/2013).

Il n’est pas certain que la traque à laquelle on assiste depuis le début de l’été soit une image convaincante des bonnes intentions du ministre.

Carole Bohanne RESF 35

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