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Récit des exploits honteux commis à l'encontre des familles sans papiers par la volonté de Nicolas Sarkozy, de Hollande et maintenant de Macron
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Billet de blog 28 septembre 2016

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Récit des exploits honteux commis à l'encontre des familles sans papiers par la volonté de Nicolas Sarkozy, de Hollande et maintenant de Macron
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Crime et Châtiment

Emmanuel Kundela, père de quatre enfants, bientôt cinq, est enfermé au Centre de rétention du Mesnil Amelot au bout des pistes de Roissy-Charles De Gaulle. Il doit être arraché à sa famille et expulsé en République Démocratique du Congo, le 2 octobre. 43ème jour de rétention. Cela se passe sous le quinquennat de François Hollande.

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Humanité, dignité, responsabilité.

Trois mots sortis de la bouche de M. Hollande à propos des camps de migrants, de leur démantèlement et de la répartition de leurs occupants de Calais dans la France entière.

Trois mots prononcés avec délectation, d'un air gourmand, il recommencerait, rien que pour le plaisir de les prononcer à nouveau… et pourtant ...

Humanité ? Quelle humanité, quand la convention des droits de l'Homme est sans arrêt bafouée et que la France se fait même réprimander par Bruxelles ? Quand seulement 30 % des demandes de statut de réfugié sont acceptées, grâce aux Syriens et aux Soudanais qui sont venus gonfler le chiffre. Les autres sont forcément des menteurs … Quand une partie de la population réclame à cor et à cri que ces autres, les 70 % recalés, soient reconduits à la frontière sans rien connaître de leur situation ?

Dignité ? Celle de sa police qui tabasse les migrants et quand elle les expulse, les menotte et les scotche ? Celle de la délation d'un employé de banque à un guichet qui appelle la police suspectant un titre de séjour truqué ?

Responsabilité ? Responsabilité du démembrement de familles, oui, quand il s'agit d'expulser un père alors que sa femme et ses enfants sont ici ? Quand elle empêche des jeunes de passer des examens par l'envoi d'obligation de quitter le territoire français juste avant les épreuves ? Responsabilité de la misère dans laquelle elle fait vivre les migrants en leur refusant le droit de travailler ?

Derrière les mots, la réalité.

La réalité de ce jeune couple congolais, de la région de Kivu, venu se réfugier en France avec leurs 2 enfants quand les massacres ont recommencé dans leur province et qu'il était visé pour son engagement politique. Emmanuel Kundela et sa femme sont venus  à Grenoble, où 2 autres enfants sont nés et où la naissance d’un 5eenfant est attendue.

La réalité de la vie de ce couple pendant presque 5 ans, les enfants à l'école. Le refus de l'OFPRA, (Office français de protection des réfugiés et apatrides) puis de la CNDA (Cour nationale du droit d'asile ), il n'avait pas pensé dans sa fuite à chercher et emporter des preuves de ce qu'il affirmait. Le refus de la préfecture à leur demande de titre de séjour, alors que c'est une famille autonome, qui ne demande rien à personne, le père travaille même au noir, pour la faire vivre.

L'angoisse à la réception d'une OQTF (Obligation de quitter le territoire Français), puis d'une seconde, cette fois avec assignation à résidence.

L'impossibilité de se rendre au commissariat pour ne pas perdre des heures de travail.

La réalité, c'est pousser les gens à la délation. C'est un employé qui a appelé la police et la police qui embarque monsieur et le fait emprisonner, oups, monsieur n'est pas un détenu, il est un retenu. Une lettre différente, « d » à la place de « r », ça change tout ! N'empêche qu'il est emmené au centre de rétention de Nîmes, loin, bien loin de sa famille.

M'enfin ! Quels crimes a-t-il commis ?

Il n'a pas quitté le territoire quand il en a reçu l'ordre, il s'y est maintenu indûment et il n'était pas allé signer à la police quand il aurait dû le faire.

Ce ne sont pas des délits qui lui auraient valu une peine de principe… et encore ! Ce sont des crimes.

Et le châtiment pour ce criminel ? Expulsion vers le Congo, en laissant femme et enfants ici.

Le Kivu est à feu et à sang.

Kinshasa ne vaut guère mieux.

Et pourtant, des fonctionnaires zélés, imbus de leur pouvoir, châtient et avec de tels arguments, que la justice ne trouve rien à redire. Leur harassante journée de travail finie, ils vont retrouver leur femme et leurs enfants, ils ne penseront même pas à celui qu'ils ont empêché de faire de même au mépris de la convention du droit des enfants à vivre en famille.

C'était crimes et châtiment en France en 2016.

Merci à Dostoievski à qui j'ai emprunté ce titre.

Caro. RESF 38

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