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Récit des exploits honteux commis à l'encontre des familles sans papiers par la volonté de Nicolas Sarkozy, de Hollande et maintenant de Macron

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Billet de blog 28 octobre 2012

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Appel d'Evry au président de la République pour la régularisation des lycéens sans papiers

Quelques 250 jeunes scolarisés sans papiers, mineurs isolés mais aussi jeunes adultes ayant été lycéens sans papiers, aujourd’hui en situation régulière, Français pour beaucoup, tous insérés socialement, des militants du RESF, des personnalités syndicales et politiques, un représentant de l’Evêque d’Evry se sont réunis samedi 27 octobre dans la salle des congrès de la Maison des syndicats d’Evry.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Quelques 250 jeunes scolarisés sans papiers, mineurs isolés mais aussi jeunes adultes ayant été lycéens sans papiers, aujourd’hui en situation régulière, Français pour beaucoup, tous insérés socialement, des militants du RESF, des personnalités syndicales et politiques, un représentant de l’Evêque d’Evry se sont réunis samedi 27 octobre dans la salle des congrès de la Maison des syndicats d’Evry.

Un Appel au Président de la République pour la régularisation des jeunes majeurs sans papiers scolarisés ou l’ayant été a été lancé. Il a été lu, une première fois par Besma, ex-lycéenne algérienne, régularisée en 2008. On lira son témoignage ci-après. L’entourant, un groupe de jeunes venus de tous les départements d’Ile de France, mais aussi de Marseille, Lyon, Orléans, Beauvais, Metz.

Une seconde lecture du même appel par plusieurs jeunes autour desquels les autres étaient massés a conclu la réunion, devant l’hôtel de ville et la cathédrale d’Evry, sur la place des Droits de l’Homme, de tous les humains, sans exception.

Appel dEvry

Monsieur le Président de la République,

Nous lançons symboliquement cet appel de la place des Droits de l’Homme d'Évry, dans la ville de votre ministre de l’intérieur. Manuel Valls annonce une circulaire de régularisation qui va décider du destin de plusieurs milliers d’entre nous.

Nous sommes des citoyens, des adultes, des jeunes et des vieux, de ceux qui refusent de se taire quand se commet l’injustice.

Nous sommes d’anciens lycéens sans papiers, aujourd’hui français ou en situation régulière.
Nous sommes des jeunes, des jeunes comme tous les autres, filles et garçons, nous sommes scolarisés et nous avons les désirs et les rêves de notre âge.

Notre présent est ici. D’une façon ou d’une autre, nous y aurons aussi notre avenir.
Nous sommes comme tous les jeunes, et pourtant, tout nous sépare d’eux : des lois, des lois absurdes et injustes font de nous des transparents, des exclus, des hors-la-loi. Les hasards de notre naissance, pas toujours heureux, ceux de nos courtes vies, font qu’à 18 ans, à l’âge où nos copains s’inscrivent sur les listes électorales, passent leur permis, tombent amoureux, nous nous retrouvons sans papiers, sans avenir, notre jeunesse volée !

Nous vous avons demandé de nous recevoir. En vain. Nous vous avons invité aujourd'hui. Si vous aviez répondu à cette invitation, vous auriez rencontré les anciens lycéens que les gouvernements précédents voulaient expulser et que la solidarité de leurs camarades a sauvé. Vous les auriez entendu témoigner de ce qu’ils sont aujourd’hui, aide-soignante, cadre, plombier, assistante de vie, ingénieur. Français pour beaucoup, parents pour certains … et comme nous, vous auriez été fiers de ce qu’ils sont.

Monsieur le président, vous avez déclaré vouloir faire de la jeunesse une priorité de votre quinquennat. Il faut passer à l’acte. La circulaire que vous préparez doit régulariser les jeunes scolarisés sans papiers. Leur donner une chance, c’est aussi donner la chance à la société de les accueillir. C’est un geste important pour eux. C’est aussi un geste important pour toute la jeunesse, la génération la plus métissée que ce pays ait jamais connue. Les jeunes verront dans cette décision la reconnaissance de ce qu’ils sont.

Nous, lycéens aujourd’hui sans papiers,

Nous adultes jeunes et moins jeunes ayant été lycéens sans papiers, devenus citoyens français pour certains, appelés à le devenir pour d'autres, parents ou futurs parents d’enfants français, membres de plein droit de la société,

Nous, élèves, étudiants, enseignants, parents d’élèves, citoyens engagés, artistes, élus, la multitude qui empêche que ces jeunes soient expulsés.

Nous avons arraché la régularisation de leurs aînés et nous arracherons la leur.
Nous proclamons sur cette place des droits de l’Homme que les jeunes majeurs scolarisés ou qui l'ont été, les mineurs aujourd'hui isolés, tous ces jeunes, quelle que soit leur nationalité actuelle, sont légitimes ici.

Ils y ont leur présent et leur avenir. Ils doivent être régularisés.

Témoignage de Besma

Evry

27 octobre 2012

C'est impressionnant de savoir qu'il y ait toujours autant de jeunes qui n'arrivent pas à être régularisés. Et c'est impressionnant de voir que les membres de RESF soient toujours présents auprès d'eux pour les accompagner dans leurs démarches , mieux encore, pour les encourager à écrire leurs histoires et à en faire partie. 

Je m'appelle Besma et j'ai tenu à être présente parmi vous aujourd'hui pour vous raconter mon histoire. 

Je m'appelle Besma, j'ai 9 ans. Je suis en CM1 en Algérie et je découvre la langue française. Je commence à vouloir regarder les dessins animés en français et je lis les livres d'histoires que mon père m'achète. Je les lis et les relis. Je suis tombée amoureuse de la langue française. Pourtant je n'envisage pas d'aller vivre en France. 

Je m'appelle Besma, j'ai 17 ans. J'arrive en France suite à la décision de mon père de s'y installer. Cela ne m'enchante guère mais je dois me faire à l'idée. Je cherche à être scolarisée. Je finis par intégrer une première comptabilité et gestion, après un an. Je suis également bénévole à la MJC de ma ville.

 Je m'appelle Besma, J'ai 20 ans. Je viens d'avoir mon Bac avec mention assez bien. Je dépose mon premier dossier de régularisation dans le cadre de la circulaire Sarkozy en 2006, suite auquel je reçois un OQTF.

 Je m'appelle Besma, j'ai 22 ans. Je viens d'obtenir mon brevet de technicien supérieur en comptabilité et gestion des organisations. Je suis fière car j'ai réussi à l'obtenir dans une situation que je ne souhaite à personne, à savoir vivre 5 ans dans une chambre d' hôtel.

 En parallèle, je rencontre RESF, je m'engage à donner de mon temps et de mon âme pour écrire «  La plume sans papiers  » et pour réaliser un documentaire à la suite. J'ai participé à des réunions, des manifestations, à l'occupation de l'église Saint Paul à Massy. J'aide à la construction de dossiers de régularisation à mon tour.

Et je suis régularisée en avril 2008.

Je m'appelle Besma, j'ai 26 ans. J'ai un master 2 ingénierie de projets de Développement Social Urbain et je travaille en tant que référente familles dans un Centre socioculturel.

J'ai demandé la nationalité française et elle m'a été refusée. Les motifs? j'avais un CDD début 2012 et je suis restée un moment en situation irrégulière. En juillet 2013, je devrais, selon les accords franco algériens, avoir une carte de résidence.

Je suis toujours amoureuse de la langue française et de la France. Je suis heureuse d'y vivre et je serai plus heureuse d'y élever mes enfants.

Et je sais que c'est un sentiment commun à nous tous.

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