La famille Berisa arrivée dans l'Ain en 2009 a demandé l'asile en mars 2010. Ce couple mixte (Kosovar/Serbe) avec aujourd'hui six enfants a été débouté, puis a déposé une demande de régularisation pour maladie. Refus de la préfecture, et obligation de quitter le territoire. Leur avocat a fait appel. Mais sans attendre le jugement, le préfet les a assignés à résidence pour préparer leur expulsion. En référé,la famille Berisaa gagné au Tribunal Administratif de Lyon, son assignation à résidence a été annulée, mais Alfa 3a s'en moque.
Ils ont regagné leurs chambres au Foyer Renoir à Bourg en Bresse, ce qui irrite fort cette "association" censée aider les demandeurs d’asile tout au long de leur parcours, mais dont l'objectif est de faire de la place en délogeant les déboutés pour loger d’autres demandeurs d'asile, conformément au discours du ministre de l'expulsion Manuel Valls, au discours du Préfet de l'Ain, professionnel de l'expulsion depuis des années, au discours du PS, le parti de l'expulsion assumée. Bien sûr, cette association ne fait qu’appliquer les ordres de la préfecture, mais elle y met un zèle ravageur.
Quand la famille est allée chercher un certificat d'hébergement ce matin, nécessaire pour que la préfecture leur délivre les Autorisations Provisoires de Séjour exigées par le TA, les responsables d'Alfa 3a ont accompagné la délivrance de ce certificat de commentaires à peine croyables: "On ne les connaît plus" a dit la responsable. Les foyers sont réservés aux "vrais" demandeurs d'asile, les déboutés doivent disparaitre. Quand notre militante a fait remarquer que le chef du dispositif n'avait jamais répondu à ses courriers, elle a entendu ces propos décomplexés: " c'est pas moi qui ai fait ces enfants..." "ils se sont plaints, mais leurs frigos étaient pleins", etc. La personne qui tenait ces propos a menacé ensuite d'engager une action en justice pour qu'ils vident les lieux et aillent dormir dans la rue... mais elle a aussi brandi une menace perverse: nous allons faire venir une autre famille pour occuper votre logement et c'est la DDCS qui tranchera pour régler ce problème sanitaire de surpopulation.
Simples menaces ? Pas du tout.
Une heure après la délivrance des APS par la préfecture (valables deux mois seulement, et sans autorisation de travail), la même personne est venue leur porter une lettre leur enjoignant de libérer immédiatement les chambres.
Deux heures plus tard, une famille arménienne s'est présentée pour prendre possession des lieux. Alfa 3a a inventé la guerre des pauvres contre les pauvres, des demandeurs d'asile déboutés mais légitimes (titre de séjour étranger malade) contre les déboutés décrétés « illégitimes ». Cette "association" qui a eu le culot une heure plus tôt de leur dire: "heureusement que nous sommes là pour vous aider" délègue la procédure d'expulsion à des malheureux venus d’un autre foyer pendant que d’autres logent dans la rue.
Cette "association" souscrit des assurances pour les familles qu'elle héberge. Mais depuis le 1er janvier les Berisa ne sont plus assurés. Ce qui revient à dire qu'aux yeux d'Alfa 3a, ils sont déjà en voie d'expulsion. Le tribunal Administratif de Lyon vient de dire tout autre chose, mais Alfa 3a, piloté par la préfecture, s'en moque. Les Berisa n'existent plus. Qu'ils aillent dormir où bon leur semble. Qu'ils crèvent dans la rue ou ailleurs, mais qu'ils dégagent le terrain. Il faut faire de la place pour d'autres familles, jusqu'à ce que celles-ci aussi soient déboutées et mises à la rue à leur tour. Qu’on ne vienne pas s’immiscer dans leurs problèmes de « gestion ».
Dans l’après-midi, trois militantes de RESF 01 sont allées au Foyer Renoir pour tenter de calmer la guerre civile qu’Alfa 3a a voulu allumer. La famille arménienne a compris qu’elle ne devait pas se tromper d’ennemis. La mairie de Bourg, alertée depuis quelques jours, a demandé à cette association de loger la famille Berisa. Mais les responsables du dispositif d’hébergement (DHUDA) ont maintenu leur pression. Madame Berisa avait besoin de faire des lessives, elle voulait acheter des jetons pour la machine à laver, on les lui a refusés. Il faut sans doute qu’ils marinent dans leur crasse, n’est-ce pas ? Les militantes présentes se sont vu opposer : « vous n’avez qu’à les prendre chez vous », (ritournelle habituelle de l’extrême droite) puis : « vous nous empêchez de faire notre travail », avant que vienne le cri du cœur : « vous allez nous mettre en péril financier » !
Finalement, trois familles se partagent l’étage. Les Berisa ont 3 chambres, les arméniens 4, une autre famille 3. 17 personnes cohabitent sans s’entretuer, grâce à nous. Les militantes écœurées sont parvenues à garder leur calme, et la famille Berisaa su rester digne. Mais le père a dit : « peut-être que la seule chose qu’ils me donneront, c’est une corde pour me pendre ».
Il n'y a pas de mots pour qualifier tout cela.
Michel C., Bernadette P.,Marie-France S. RESF 01