Car ce qu'il prétend vouloir, c'est flexibiliser le travail "et en même temps protéger les salariés", tout comme Myriam El Khomri qui, souvenez-vous, disait de sa loi Travail qu'elle "offrait des protections nouvelles". Bien entendu, les éditorialistes "de gauche" leur emboîtent le pas, bave d'admiration aux lèvres, et expliquent que ce sont des réformes très gentilles, qui ne valent certainement pas la colère de la CGT, parce qu'elles instaurent en fait la "flexi-sécurité à la danoise" : Plus de flexibilité pour l'employeur, mais plus de sécurité pour les salariés, un compromis "gagnant-gagnant" !
Sauf qu'il n'en est absolument rien. Ce que prévoit Macron n'a rien à voir avec un quelconque modèle nordique, puisqu'il ne passe ni par le développement d'une assurance chômage avantageuse, ni par plus de poids pour les syndicats, ce qui constitue pourtant les deux piliers du "modèle danois". La "flexisécurité" est un modèle social régulièrement évoqué et dont on attribue l’origine aux pays nordiques. Il est en effet en vigueur au Danemark et repose sur deux piliers : le contrat de travail est plus flexible (on peut licencier plus facilement) mais en contrepartie, le système d’assurance-chômage est très avantageux, puisqu’il s’élève à 90 % du salaire des trois derniers mois avant le départ. Les syndicats sont en outre très impliqués dans la définition des conditions de travail par branche, et ils sont forts, puisque 70 % des salariés danois sont syndiqués contre 11% en France. Ce système est coûteux et cela explique pourquoi le taux de prélèvements obligatoires du Danemark est le plus élevé d’Europe : 50,8 % du PIB environ, contre 47,9 % en France ou 39,5 % en Allemagne.
Hormis pour l’aspect « flexi », Macron aspire à l’inverse du modèle danois : d’abord, il ne prévoit en aucun cas une hausse des indemnités chômage. Au contraire, l’étatisation de l’assurance-chômage et son universalisation, qu’il nous vend comme une « protection nouvelle », s’accompagneront très probablement d’une baisse générale de leur montant (car beaucoup plus de monde en dépendra et ce qu’un chômeur touchera pourrait ne plus être lié à son niveau de cotisation). Cette étatisation contribuera aussi à réduire le rôle des organisations salariales, qui n’en seront plus les gestionnaires, et leurs moyens financiers. Les conditions de travail seront définies par entreprise avec la possibilité de contourner la négociation syndicale. En outre, la fusion des instances de représentation des salariés ne risque pas de donner plus de poids et d’intérêt à l’engagement syndical.
Le projet d’Emmanuel Macron n’instaure donc nulle protection nouvelle pour les salariés (il instaure le chômage pour les indépendants et les chefs d’entreprise, c’est cela qui est nouveau). Il est donc erroné de dire qu’il a quelque rapport que ce soit avec la « flexisécurité » à la danoise, c'est même le CONTRAIRE que Macron compte faire.
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