Lectrices, lecteurs,
Nous avons créé une campagne de financement participatif pour lancer le déploiement à grande échelle de Frustration, son tirage à 10 000 exemplaires et son passage en société coopérative fin 2017. Nous sollicitons votre aide pour franchir un pas décisif dans notre histoire : celui qui nous verra passer de revue associative à petit tirage réalisée par une équipe de bénévoles, à magazine de critique sociale grand public, disponible dans 2500 points de vente en France et dirigé par des professionnels organisés en coopérative, en mesure de payer leurs contributeurs.
Le Monde diplomatique disait de notre premier numéro (juin 2014) : « Quiconque frissonne de bonheur au son des bavardages courtois évitera d’acheter cette revue qui explique pourquoi « quand ça va mal, n’accusons pas le voisin, accusons le riche », élabore un manuel du combattant de l’intérieur (des entreprises) et attaque au burin le vernis contestataire de l’extrême droite. » Notre ligne n'a jamais varié.
La sortie en kiosque d'un nouveau titre de presse ouvertement lutte des classes et qui déteste les riches comme le trimestriel indépendant Frustration constitue un événement pour les férus de pluralisme de la presse qui se refusent à choisir entre les médias des oligarques (Bouygues, Niel ou Lagardère). Petit rappel de l'intérêt d'un titre qui contribue à l'information et à la réflexion indépendantes dans le paysage verrouillé de la presse grand public, pour vous donner envie de l'aider à se produire :
Frustration, magazine de critique sociale non-alignée
Dans le contexte des prochaines élections qui risquent d’amener au remplacement du gouvernement actuel par sa stricte réplique, Frustration continue de mener une critique sociale et politique en mettant à disposition du plus grand nombre des argumentaires pour repolitiser certains sujets ou des expériences quotidiennes et tracer des voies alternatives. Si nous écrivons, c’est parce qu’à chaque moment de nos enquêtes, de nos analyses et de nos reportages, nous ne cessons de nous répéter : « et si tout le monde savait ça... ». C’est pourquoi nous pensons qu’il est temps d’augmenter largement la diffusion de notre travail.

Une critique offensive
Quand une grande partie de la presse, de plus en plus soumise à des pressions privées, produit du commentaire interchangeable sur les mérites comparés des différents candidats et relaie les obsessions d’éditorialistes, nous voulons contribuer à une information rigoureuse qui démasque les conséquences des régressions sociales actuellement annoncées et ramène les Valls, Macron, Fillon, Le Pen, etc. aux intérêts qu’ils défendent, ceux des classes les plus aisées. Notre revue débarrasse ces programmes politiques de leur emballage et de leurs fausses différences qui visent à tromper les électeurs. Nous produisons donc un état des lieux sur des sujets économiques, sociaux et politiques – l’industrie agro-alimentaire, l’ubérisation de l’économie, l’état d’urgence, la loi Travail, etc. – qui met en lumière le fait que nos institutions politiques et notre système économique sont massivement détournés au profit des plus riches.

Faire confiance au collectif
Plusieurs partis pris forts structurent par conséquent notre ligne éditoriale :
- Nos lecteurs et les citoyens en général ne sont pas un troupeau de moutons aliénés auxquels il faudrait faire la leçon : Nous pensons au contraire que les mythes qui confortent le pouvoir des puissants font de moins en moins recette dans la population et que notre rôle est de légitimer des analyses et des impressions déjà présentes plutôt que d’amener les gens vers une « prise de conscience ».
- Nous privilégions les alternatives collectives aux solutions individuelles : Nous estimons que pour changer une société qui contraint les individus à travailler, consommer et vivre d’une certaine façon, on ne peut s’appuyer uniquement sur des solutions individuelles mais on doit aussi transformer les structures collectives.
- Notre approche est non-dogmatique : Nous souhaitons un autre système économique et politique, mais nous n’apportons pas de vérité révélée. Ni dieu, ni maître à penser.
- Nous ne nous prétendons pas experts : Nos articles sont le fruit de recherches et de rencontres dans des domaines que nous ne connaissions pas toujours avant.
- Nous essayons, à travers des témoignages, de restituer au plus près des expériences vécues et la violence actuelle des structures économiques et sociales pour ceux qui la subissent au quotidien. Par exemple, notre dernier numéro proposait le témoignage d’un coursier de Deliveroo, mis en lien avec le contexte d’exploitation d’une fausse indépendance par ces nouvelles entreprises du numérique et proposant des solutions collectives et concrètes pour dépasser l’ubérisation.
- Nous pratiquons une relecture rigoureuse: Un collectif éditorial est chargé de choisir les articles, d’en définir le contenu et le plan avec les contributeurs, de relire le papier rédigé pour en relever les imprécisions ou les ambiguïtés et en améliorer la clarté. Le pouvoir de l’auteur - appelé chez nous rédacteur - sur son article est limité par une discussion démocratique.
- Nous nous efforçons de faciliter la lecture par la construction et le rythme : Nous sommes attentifs à ce que nos articles contiennent un raisonnement progressif, sans répétition, grâce à une construction explicite et une langue accessible.

Un magazine papier
Nous avons opté pour un média traditionnel, le papier permet la lecture confortable d’enquêtes et d’analyses approfondies et constitue le cœur de notre travail de critique prolongé sur notre site et les réseaux sociaux par un commentaire régulier de l’actualité. Un soin particulier est porté à la maquette et aux illustrations pour produire un magazine original, percutant et agréable à lire. Contrairement à la presse traditionnelle, Frustration n’est pas saturée de publicité, tandis que son faible prix la distingue des épaisses revues papiers de librairie. Mais c’est une initiative parmi beaucoup d’autres nouveaux médias, à côté de chaînes YouTube, de blogs, de pages Facebook, de fils Twitter, de JT alternatifs, etc.

Notre parcours
En 2013, à la fin de nos études, nous écrivions entre amis un numéro pilote d’une revue que nous avons nommée Frustration, pour que celles et ceux qui partagent ce sentiment – la frustration de vivre dans cette société qui promet la prospérité alors qu’elle creuse les inégalités, qui exalte l’égalité alors qu’elle favorise ceux qui ont déjà tout, qui prône le vivre-ensemble alors que ses politiques et grands journalistes ont fait du mépris du pauvre leur thème favori –puissent voir leurs doutes étayés par nos recherches, leurs malaises exprimés dans nos lignes. A la suite de cette première expérience d’un numéro 0 à tirage limité, nous avions obtenu par une levée de fonds de 1 500 € pour lancer le numéro 1 en juin 2014, à 300 exemplaires, et pour le diffuser dans un réseau de librairies indépendantes. Au début, nos articles étaient volontiers pamphlétaires, attaquant de façon radicale les puissants et dénonçant les hypocrisies de notre époque. Puis nous avons appris à adopter une écriture plus inclusive, et grâce aux retours de nos lecteurs nous avons été en mesure de diversifier nos formats d'articles, développant par exemple des enquêtes à partir de notre numéro 4 puis des reportages sur des professions ou des alternatives à l’économie capitaliste, avec l’arrivée de contributeurs et de nouveaux membres permanents. Avec le soutien de nos fidèles lecteurs, leurs encouragements et leurs dons, et de tous ceux qui ont contribué à faire connaître notre travail (particuliers, libraires, journalistes...) nous avons étendu notre diffusion à 45 librairies en France et atteint 100 abonnés à l’automne dernier pour la parution du numéro 8. Nos ventes sont maintenant très bonnes, notre fonctionnement est rodé et nous prenons plaisir à ce travail collectif… Pour l’instant, nous menons sur notre temps libre la rédaction, l’édition, la diffusion en librairie et la communication. Mais nous avons atteint une limite, nous aspirons à dégager plus de temps pour réaliser Frustration et accroître considérablement sa diffusion. C’est pour franchir ce nouveau cap que nous demandons votre aide.
Objectif kiosque !
A court terme, nous souhaitons donc diffuser largement la critique radicale réalisée par Frustration. Après avoir fait ses armes en librairie avec une distribution restreinte, Frustration sera maintenant accessible chez 2 500 marchands de journaux. C’est l’objectif depuis nos débuts avec un tarif et une maquette conçus pour la presse. Ce nouveau mode de diffusion touchera un public plus large, qui ne serait pas tombé sur Frustration sur Internet ou en librairie.
A moyen terme, l’objectif est de salarier au moins une partie de la rédaction par la transformation de l’association loi 1901 en société coopérative (SCOP). La pérennité sera assurée par le développement des abonnements. Atteindre la barre des 1 000 abonnés financera un salaire à plein temps. Cela permettrait d’assurer pour les membres de l’équipe la rémunération d’un travail quotidien, mais bénévole jusqu’à maintenant.
Plus globalement, il s’agit de concrétiser l’engagement que nous développons dans nos colonnes en se fixant un impératif social et écologique : rémunération juste des collaborateurs (l’équipe de rédaction, des illustrateurs extérieurs et des contributeurs), paiement rubis sur l’ongle des fournisseurs (imprimeur), choix des prestataires en fonction de leurs pratiques. Par exemple, l’imprimeur que nous avons sélectionné est la SCOP Chevillon, basée à Sens dans l’Yonne, et engagée dans une démarche écologique.

Si vous aimez notre travail et que vous jugez qu’il aurait vocation à concurrencer les grands titres de la presse magazine, si vous pensez que les idées de conflit de classe, de pouvoir de l'oligarchie et de solidarité entre les citoyens ne sont pas assez représentées, si vous croyez qu’il est nécessaire en démocratie que de nouveaux médias émergent pour disputer à Lagardère, Bouygues, Niel et Dassault le monopole de l’information, alors SOUTENEZ FRUSTRATION ici !
Merci !!!
Nicolas, Benoît, Benjamin et Thibaut
La rédaction - Qui sommes nous ?

Nicolas Framont, 28 ans : Originaire de la campagne charentaise, je suis venu à Paris pour étudier la philosophie et la sociologie. Je pensais y devenir chercheur à l’université, mais j’y ai en fait été un enseignant en sociologie adorant ses étudiants, un manifestant sans répit contre les réformes imposées à coup de 49.3 et un amateur des formes nouvelles d’engagement comme Nuit Debout ou la France Insoumise. Frustration se situe au croisement de ces passions, et je l’ai cofondé par foi dans le collectif et par confiance dans mes semblables, trop souvent pris de haut par les avant-gardes militantes et les cercles intellos. Grâce à la publication d’essais sociologiques critiques de nos élites (Les Citoyens ont de bonnes raisons de ne pas voter, octobre 2015, et Les Candidats du système, à paraître en mars prochain, tous deux aux éditions du Bord de L’eau), j’ai obtenu une petite notoriété qui me permet de défendre de temps à autre la ligne de Frustration à la radio ou à la télévision. Je suis enseignant contractuel à l’Université Paris IV jusqu’en août prochain, et la suite dépendra de notre capacité à faire passer Frustration d’association de bénévoles à coopérative de journalistes. Ma révolte contre cette société injuste n’a d’égal que mon goût de l’écriture et mon appétit pour le travail d’équipe.

Benoit Braunstein, 28 ans : Je viens des vertes collines de la Nièvre. J’ai fait mes classes dans l’édition de livres de sport et de « société », un secteur où les emplois sont davantage détruits par le régime de l’auto-entrepreneur que par la baisse des ventes, avant de trouver une voie sensée dans le travail collectif engagé par les amis de longue date de Frustration. J’ai alors pu laisser libre cours à mon amour de la justice, ainsi qu’à une curiosité et un éclectisme maladifs en travaillant sur des sujets aussi variés que les impôts, l’agriculture, le Code du travail ou les sociétés coopératives. Après des CDD dans l’administration, je suis sans emploi depuis début 2017, ce qui me permet de réaliser puissance 1000 un rêve d’enfant : être journaliste.
Benjamin Esnault, 28 ans : Je suis né dans la Sarthe, pas loin du Mans et de la famille Fillon. J’ai été enfant en Île-de-France, dans le 94 puis le 91. À l’école publique, chez les voisins, dans les parcs, dans le RER ou au supermarché Atac, j’ai rencontré plein de gens différents. J'ai fait mes études à Paris en passant par un IUT, une école d'arts appliqués et une université. Auto-entrepreneur de quelques mois, je suis aujourd'hui contractuel dans la fonction publique. Et si je participe à Frustration avec mes dessins pas toujours très fins c'est 1. sûrement pour faire contrepoids à François Fillon, 2. essentiellement pour défendre les gens différents, 3. assurément pour travailler avec des copains, 4. à coup sûr le résultat d'avoir grandi auprès de mes parents.

Thibaut Izard, 23 ans : Parti des côtes roussillonnaises pour m'amarrer au pavé parisien, j'ai rejoint comme petit dernier l'équipe de Frustration à partir du cinquième numéro avec une première enquête sur la privatisation du littoral français. Décidé cependant à ne pas jouer le rôle d'éternel plagiste dans l'équipe, je continue d'explorer les sujets les plus brûlants avec une approche plus inspirée par les sciences sociales et la philosophie. Par le travail collectif, je cherche une expression écrite aux colères contre un monde de plus en plus violent. Frustration me donne la liberté de mener un travail aussi bien intellectuel que politique à côté d’autres activités telles que le documentaire animalier et le CrossFit.