Un spectre hante les élections : le spectre du vote utile.
Pendant plus de 30 ans, et à chaque fois qu’il fallait barrer la route aux trolls politiques, j’ai voté « utile ». Parfois en me bouchant le nez : Chirac et Hollande (Je m’excuse auprès de M Chirac pour cette comparaison).
Nous revoilà face au vote utile, mais dans un rapport de forces inédit cette fois.
Pendant les primaires du PS M Hamon disait :
- Combien l’unification de la VRAIE Gauche est importante pour lui
- Qu’il commencerait IMEDIATEMENT des négociations avec les Insoumis
- Qu’il ne ferait pas de l` »union DERRIERE le PS » une précondition de ces négociations.
Non seulement j’ai voté pour M Hamon et j’ai convaincu certains amis d’en faire autant, mais j’ai participé au dépouillement dans un des fiefs de M Valls.
Mais M Hamon n’a respecté aucun de ces engagement. Aussitôt élu, au lieu d’entamer des négociations afin de construire l’union, il s’est enfermé pendant deux semaines dans un bras de fer avec les éléphants de son parti.
A l’issue de ce bras de fer, M Hamon a rangé l’idée des négociations promises et s’est déclaré « le mieux placé pour réunir la Gauche et les forces du progrès » invitant les Insoumis à se ranger derrière lui. Un appel de plus au « vote utile. »
Dans cet appel il y a deux arguments sous-entendus :
- Il faut créer l’unité pour barrer la route à … Et dès le premier tour cette fois
- Je suis le mieux placé
Le discours est bien rodé. Tellement bien rodé qu’il fait partie de la culture politique et électorale du pays. Sauf que :
- M Hamon n’est pas le « mieux placé. » Répéter ce refrain, même s’il est bien rôdé, n’épate plus la galerie cette fois.
- Le nom du PS est devenu le symbole de la trahison à la Gauche et à la parole donnée.
Un minimum d’honnêteté intellectuelle et morale voudrait que M Hamon agisse aujourd’hui comme il parlait pendant les primaires.
Après avoir dit qu’il appellerait à voter pour les Insoumis au deuxième tour, et sous la pression de ce qui reste de son parti, M Hamon cible maintenant ses attaques virulentes contre le candidat de ce camp. La morale, dans la politique comme ailleurs, implique qu’on agisse conformément à nos principes.
Il n’est pas encore trop tard pour une correction par le haut de la position de M Hamon : déclarer ouvertement le soutien aux Insoumis et garantir la présence de la Gauche EN TETE du deuxième tour des élections.
En outre l’eau que M Hamon a rajouté à son vin dans le bras de fer avec les éléphants est déjà un début de reniement du programme pour lequel il a été élu aux primaires. Il a couché pour obtenir l’assentiment de ceux qui l’ont lâché (pour se ranger derrière le Banquier). Ainsi M Hamon a offert sur un plateau à la bande de Valls tout ce qu’ils essayaient d’obtenir :
- Empêcher un rapprochement entre M Hamon et les Insoumis (deux ‘gauches irréconciliables’ selon M Valls)
- Diluer le programme de M Hamon (retrait de la Loi El-Khomry...)
- Avoir le soutien de M Hamon sur la liste des investitures pour les élections parlementaires (Mme El-Khomry…)
En tant que candidat, on peut ne pas avoir une vision historique du moment. Mais se faire mordre plusieurs fois de suite par le même serpent est le signe d’un manque de sagesse inquiétant.
Le moment est gravissime, il faut s’unir derrière le représentant le mieux placé de la Gauche, avec un minimum de lucidité. De la part de M Hamon continuer à se réclamer « le candidat central de la Gauche » frise le dénie, voire le ridicule.
Heureusement les électeurs potentiels du PS et des Verts sont plus lucides et ont compris le sens du « vote utile » dans le contexte d’aujourd’hui. Ce qui explique la montée des Insoumis durant les dernières semaines (voir).
A quelques points près non seulement la présence en tête du deuxième tour, mais la victoire au mois de mai est possible !
Qu’ils viennent les jours meilleurs !
2017-04-17#14.31