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Billet de blog 13 novembre 2010

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Plaidoyer pour un écosocialisme

Si le projet de développement durable et de gestion internationale de la crise écologique, après les échecs de Copenhague et de Nagoya, semble avoir trouvé ses limites, cela ressort peut-être moins de la nature du développement, de la croissance, ou des passions humaines, mais bien plutôt d’un type particulier d’organisation sociale: le capitalisme.

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Si le projet de développement durable et de gestion internationale de la crise écologique, après les échecs de Copenhague et de Nagoya, semble avoir trouvé ses limites, cela ressort peut-être moins de la nature du développement, de la croissance, ou des passions humaines, mais bien plutôt d’un type particulier d’organisation sociale: le capitalisme.

Telle est la thèse articulée dans l’ouvrage de Daniel Tanuro, L’Impossible Capitalisme vert. L’agronome et environnementaliste belge analyse les ressorts de la crise climatique et les moyens de la résoudre. Sa conclusion principale est qu’une telle résolution est impossible dans le cadre du capitalisme.

Les huit premiers chapitres, plus pédagogiques, seront surtout utiles à un public désireux d’accroître sa connaissance de la crise climatique. Tanuro passe en revue les bases scientifiques du problème, les conséquences écologiques et humaines du réchauffement, et surtout l’impossible gestion de cette crise au moyen des outils de marché («une politique de gribouille», écrit-il). La croissance perpétuelle de la production (le «productivisme»), inhérente au capitalisme, y est analysée comme le moteur de la crise écologique.

Les lecteurs avertis seront surtout intéressés par les deux derniers chapitres de l’ouvrage. Le chapitre 9 propose une théorisation de la crise écologique fondée sur la loi de la valeur comme «valeur travail». Son analyse du capitalisme fondée sur le pouvoir des monopoles aurait requis une discussion plus approfondie.

Le chapitre 10 contient par contre les analyses les plus originales. Tanuro y traite des solutions dans la perspective «écosocialiste». Il discute des rapports avec d’autres courants écologiques contemporains, notamment des tenants de la «décroissance». Il esquisse une espèce de programme de transition, fondé sur la satisfaction des besoins humains, la réduction globale de la production par la réduction du temps de travail, l’augmentation de l’efficacité énergétique, le passage aux énergies renouvelables et une organisation démocratique de cette transition. Il insiste sur l’extension de la propriété collective qui devrait être menée sous la forme, par exemple, de nationalisations dans les secteurs énergétiques, d’accroissement de l’offre en transports publics, de programmes publics d’assainissement des bâtiments, etc.

Il s’agit d’organiser une «production de natures» qui soit plus conforme aux besoins humains que la situation actuelle marquée par une dynamique aveugle et destructrice. Sur quelles forces sociales pourra s’appuyer une telle transition politique? En proposant de «créer des emplois grâce aux énergies renouvelables», le PS suisse n’est-il que le dernier avatar en date d’un «impossible capitalisme vert» ou participe-t-il d’un programme de «rupture avec le capitalisme»?

Romain Felli

Daniel Tanuro, L’Impossible Capitalisme vert, Paris, Les empêcheurs de penser en rond/ La Découverte, 2010.

Compte-rendu publié dans le quotidien suisse Le Temps, jeudi 11 novembre 2010

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