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Billet de blog 9 novembre 2023

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Extrême droite - Le grand retour de la stratégie du bouc-émissaire

Enquête - Du mouvement QAnon à La Rose Blanche, voici comment les covidosceptiques ont recyclé les mythes antisémites, et comment l’extrême droite française en a profité. Par Ricardo Parreira et Luduvico M. de La Brique.

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Le monde est sous le choc. Trois mois seulement “après Wuhan”, le Covid-19 se propage déjà dans 90 % des pays du monde. Les États-Unis, plongés dans le trumpisme, accusent les Chinois de la catastrophe, et au lieu de prendre des mesures, s’enferment dans une approche libérale : le monde ne doit pas s’arrêter. Au fur et à mesure que la courbe de cas positifs et de morts monte, les États se divisent et commencent à instaurer des mesures de protection obligatoires. Trump garde son cap, le but est de polariser la société américaine pour mieux régner, car les élections approchent, il faut mobiliser les troupes et toucher un maximum d’électeurs. Au-delà des théories conspirationnistes menées par le mouvement QAnon (pro-Trump), le but est de profiter de la crise du Covid-19 pour toucher en profondeur la classe populaire. Une stratégie apparaît, celle de la banalisation du discours covido-sceptique et anti-masque, au sein des Républicains d’abord, puis de l’extrême droite. Trump se définit ainsi, au contraire d’un Biden qui porte le masque, comme celui qui défendra la logique libérale. Rapidement, ce mouvement se répand en Allemagne puis en France, promu sur les réseaux sociaux par les mouvements complotistes, intégristes, voire d’extrême droite. Les manifestations covido-sceptiques, anti-masque et anti-vaccin, se multiplient alors en Angleterre, en Suisse, en Allemagne ou en France. Reinfocovid, BaslesMasques, Laissonslesprescrire et d’autres, sont la continuité de ce flux complotiste et réactionnaire, incarné par le film HoldUp conforme aux idées conspirationnistes qui se propagent depuis des mois dans les réseaux d’extrême droite américains.

Le Grand Réveil

L’idée ou le concept de Grand Réveil, « The Great Awakening » en anglais, ne vient pas de nulle part. Ce terme apparaît pour la première fois en 1842, mais fait partie d’une série de mouvements sociaux, à caractère spirituel et promus par l’Église à partir de 1700. Ce mouvement, qui s’inspire des idées des Lumières, visait à « réveiller et à pérenniser », dans l’empire colonial anglais (en Amérique), la foi dans le divin, mais également, à soumettre les gens au pouvoir politique de l’Église.

« Ces réveils religieux dans la tradition protestante et surtout dans le contexte américain sont compris comme une période de redynamisation de la vie religieuse. Le « Great Awakening » toucha des églises protestantes et des églises chrétiennes évangéliques et contribua à la formation de nouvelles Églises. » - A Religious history of the American people. Yale university press, 1972.

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Mais pourquoi le Grand Réveil est-il intrinsèquement antisémite ? À cette époque, on ne peut pas encore parler d’antisémitisme, mais d’antijudaïsme. Le concept « antisemitismus » sera banalisé par l’idéologue antijuif Wilhelm Marr vers 1880, d’abord pour atténuer l’effondrement de l’absolutisme religieux antijuif, et puis pour « démocratiser » et inclure dans les nouvelles sciences anthropométriques raciales et suprémacistes, la haine antijuif. La définition de race sémite est une absurdité, un non-sens scientifique (orig. langues sémites). De plus, comme l’Histoire le démontre, l’adjectif « antisémite » est créé par un Juif autrichien, Moritz Steinschneider, exactement pour dénoncer les « préjugés antijuifs » de l’époque.

L’antijudaïsme existe depuis plus de 2000 ans. Cependant, c’est à partir du IVe siècle, après le concile de Nicée, que le christianisme cimentera une série de récits historiques antijuifs, fondés avant tout sur le déicide du Christ et l’image du Juif traître (Judas Iscariotes). Les croisades, l’inquisition ou les « grands réveils anglo-américains », auront toujours des conséquences sociales et politiques pour les Juifs : la persécution, restrictions dans divers États/pays qui les privaient de leur liberté de circulation, d’exercer certaines fonctions publiques, de voter, etc. À ceci s’ajoute toujours un crescendo de violences contre les Juifs. 

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Plusieurs historiens soutiennent que le Grand Réveil religieux s’est étendu jusqu’au XXe siècle, imprégné dans les mœurs sociétales et religieuses nord-américaines. Dans un article pour la Revue LISA : Le monde de Trump, Racisme et suprématie blanche – Make America Great Again as White Political Theology, S. Romi Mukherjee, présente les racines du discours pseudo-religieux de Trump, son objectif et ses alliances :

« Dans Fire and Fury, Michael Wolff a comparé le “Trump Rally” au “réveil religieux d’un parti attrape-tout” qui s’appuyait sur “une sorte de charisme américain” qui “appartenait à la veine évangélique chrétienne”. Le candidat à la présidentielle en tant que prédicateur exalté, avec une sorte de propagande haineuse inédite a guéri les blessures narcissiques subies par les membres de la base, et transformé alchimiquement leur humiliation en triomphe. Cependant, implicite dans la caractérisation de Wolff est le problème de savoir comment et quand les formes d’effervescence politique se transforment en “revivalisme”. 

Alors que le parti de Trump peut partager les fondements du “Grand Réveil” du XVIIIe siècle, ce qui le distingue est la nature de la “délivrance”, le “salut” et les contours de “la foi”. Sa campagne a également mis en avant le spectacle du religieux. Un “pécheur” impénitent, Trump était le cheval de Troie de la droite chrétienne. »

En 2017, les militant·es de Trump vont se lier au mouvement QAnon et bâtir une coopération politique, face à la menace pédo-sataniste et “l’État Profond” (Deep State), qui mènera, souvenons-nous, à l’invasion du Capitole. Selon le mouvement QAnon, ces « dégénérés » ont infiltré toutes les couches de la politique américaine, mais également les médias. Rapidement, Trump accuse les médias d’être « l’ennemi du peuple américain » (enemy of the American people). Plus tard, pendant la pandémie de Covid-19, on voit apparaître la maxime The Media Is The Virus (les médias sont le virus).

Dans un article du Global Network on extremism and technology : “QAnon and the Great Awakening : How the Deep Web Rewrites Ideologies and Beliefs” (“QAnon et le Grand Réveil : comment le Web profond réécrit les idéologies et les croyances”), une épopée christique entre le Trumpisme et le monde cryptique QAnon est évident :

« Le Great Awakening s’inscrit dans le système démocratique libéral, comme le légendaire “État profond”. Cela déclenche une parodie sans fin, s’associant aux théories du complot existantes (antisémites, judéo-maçonniques, NDLR) sur les Rockefeller et les Rothschild, mélangées aux croyances millénaristes du Royaume de l’Antéchrist. Cela va même jusqu’à lier la vaccination Covid-19 avec les écritures bibliques sur la marque de la bête. »

Du mouvement QAnon à La Rose Blanche, 

la théorie du complot judéo-maçonnique

Résister à la Grande Réinitialisation (Great Reset), à la Nouvelle Normalité (New Normals) et au Nouvel Ordre Mondial (New World Order), voici les éléments de langage qui font partie du récit chrétien et toutes ses nuances libérales et libertariennes. Le « Nouvel Ordre Mondial » est le fondement d’une théorie conspirationniste qui stigmatise le peuple juif depuis des siècles. Ces théories, les vieilles et les nouvelles, font partie de ce nouveau « Grand Réveil » qui, dans le monde occidental, existe pour perpétuer la tradition catholique et consolider le néolibéralisme.

« La relation de Trump avec le judaïsme est bien plus équivoque que sa relation avec l’islam. D’une part, et conformément à la politique étrangère américaine, il est un défenseur d’Israël. Pourtant, d’un autre côté, ses déclarations publiques sur les Juifs et ses silences publics sur l’antisémitisme en Amérique constituent d’abord un problème, puis un vrai paradoxe. En d’autres termes, la même personne qui a déplacé l’ambassade américaine à Jérusalem, était incapable de dénoncer les néo-nazis de Charlottesville qui scandaient des slogans comme : “Les Juifs ne nous remplaceront pas”. » - Global Network on extremism and technology.

Dans une étude qui brasse sociologie et religion pour L’Oxford Academic, Make America Christian Again : Christian Nationalism and Voting for Donald Trump in the 2016 Presidential Election (Rendre l’Amérique chrétienne de nouveau : nationalisme chrétien et vote pour Donald Trump à l’élection présidentielle de 2016), les auteurs insistent sur le fait que la rhétorique de Trump avait un seul objectif : déclencher un grand réveil qui ramènerait les Américain·es à leurs sources.

Ceci est le point névralgique qui a permis à Trump (et quelques candidat·es au Congrès) d’embrasser publiquement le mouvement QAnon. L’affaire du PizzaGate, « coup » qui visait à affaiblir Hillary Clinton, recycle ce même héritage de l’antijudaïsme chrétien :

« Une élite secrète, composée entre autres de milliardaires et de vedettes hollywoodiennes, gouverne le monde et se livre à du trafic d’enfants, à de la pédophilie, et même à du cannibalisme ainsi qu’à des pratiques satanistes. Or, ces théories s’inspirent de croyances anciennes, souvent antisémites, remontant parfois jusqu’au Moyen-âge. » - Détecteur de rumeurs, QAnon: une filiation avec l’antisémitisme ?, Catherine Crépeau.

Dans le discours conspirationniste QAnon, Donald Trump apparaît comme une figure messianique qui apporterait « la Tempête » (The Storm) ou « Le Grand Réveil » (The Great Awakening). Trump a échoué à se faire réélire, mais son héritage est resté. Aujourd’hui, l’héritage QAnon en France est puissant et multiforme : QAnonfrance, DeQodeurs, Qactus, LeGrandReveil, Le Média 4-4-2, etc. Allié aux anti-vax et aux sectaires de la pseudo-médecine, ce triangle prosélyte forme un incroyable aimant, qui touche des millions de Français·es.

En 2020, la Grande Réinitialisation (The Great Reset), terminologie apparue lors du Forum Économique Mondial de Davos, en Suisse, redonne de l’eau au moulin conspi-antivax. Imbriqué « à force », le terme dynamise l’ancienne théorie d’un nouvel ordre mondial mené par les Illuminati, lequel vise à instaurer un État mondial totalitariste, technocratique et policier.

Les théories d’un monde contrôlé par les Juifs, les Illuminati, les Francs-maçons ou les Annunakis, paraît plus réaliste et réconfortant que l’idée de s’organiser pour en finir avec les inégalités sociales. Le combat pour l’émancipation des peuples paraît encore plus lointain, quand toutes ces anciennes théories réactionnaires se mélangent avec le climato-scepticisme réactionnaire, le fantasme du « lobby LGBTQIA+ », la théorie du « grand remplacement », du génocide de l’humanité, etc.

"QUI ?"

À L’image du « Guignol Néfaste » (l’obscur pouvoir Juif), quelques mois après le début de la pandémie, circulent déjà des posts qui lancent le soupçon que les Juifs seraient derrière la création de la Covid-19. Le document appelé The Whole Truth, facilement trouvable sur le web, révèle également le processus par lequel l’axe du mal Gates-Rockefeller (les maçons), ont créé le vaccin contre le virus. « Qui ? », se demande Dominique Delawarde, puis la fasciste Cassandre Fristot, ancienne partisane du Rassemblement National qui a été condamnée (à six mois avec sursis) pour avoir brandi une pancarte avec des noms de personnalités, principalement d’origines juives.

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Le « Nouvel ordre mondial », ce macrocomplot forgé au XVIIe siècle, s’est métamorphosé au XIXe siècle en mythe du complot judéo-maçonnique et pendant la Seconde Guerre mondiale en complot judéo-bolchévique. Il sera assimilé aussi bien par la droite que par la gauche de l’échiquier politique. Pourtant, ce sont les partis d’extrême droite qui, à partir du XXe siècle et de l’apparition des Protocoles des Sages de Sion, vont avoir la capacité de pousser ce mythe à l’extrême.

Le paradoxe fasciste QAnon se définit par une série de personnages et mouvances qui veulent lutter contre l’État profond, le totalitarisme économique, la dictature sanitaire, etc. Mais qui, parallèlement, diffusent des idées extrémistes et intégristes : opposition à l’immigration, au mariage homosexuel, climatoscepticisme, racisme, antisémitisme, islamophobie, négationnisme, etc.

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La Rose blanche, ou The White Rose, fait partie du continuum d’un mouvement réactionnaire issu des États-Unis, qui, en raison de son aisance linguistique, s’est étendu facilement au Canada et au Royaume-Uni. Le contexte Covid-19 relance les contestations sur des thématiques sociétales, dont l’extrême droite vise à s’emparer pour épaissir ses rangs : les anti-vax, anti-pass, anti-confinement, etc. Le même schéma se produira en Angleterre avec le mouvement Anti-lockdown (anti-confinement), en Allemagne avec les Querdenker (Libres penseurs) ou en Suisse les Freiheitliche Bewegung Schweiz (Mouvement de liberté suisse).

 Tout sauf macron

Aussitôt après les annonces de Macron sur l’extension du pass sanitaire, la population française sombre dans l’agonie et la rage. Dès le lendemain, des flash mobs et manifs anti-pass sanitaire ont lieu dans plusieurs villes. Et le week-end suivant, le 24 juillet 2021, selon le Nombre Jaune, plus de 300 000  personnes ont battu le pavé dans l’Hexagone. C’est à partir de ce moment que nous voyons apparaître massivement les autocollants de La Rose Blanche.

La Rose Blanche (LRB) est un canal Telegram créé le 23 avril 2021. Il a été mis en place pour permettre aux francophones de se joindre à « l’action internationale » de The White Rose, canal Telegram créé en Angleterre en novembre 2020. Ce canal est lié au site complotiste thewhiterose.uk Le canal français a été lancé par le compte @animalgaierit, qui gère un autre canal : les Qréateurs. Ce canal poste surtout aujourd’hui des messages holistiques, portés sur le bien-être humain, l’amour, etc. Cependant, si on remonte dans le fil, en mars 2021, on voit pas mal de posts anti-masques et anti-vax. Et en remontant à la période décembre 2020 - février 2021, nous constatons qu’il s’agit initialement d’un groupe français complotiste QAnon pro-Trump. Le mouvement de LRB, depuis leur transfert en France vers janvier 2021, s’est diffusé en manifs dans plus de 40 villes dans l’Hexagone. L’image de Sophie Magdalena Scholl, et la Weiße Rose, nom d’un groupe d’étudiant·es qui a résisté aux Nazis entre juillet 1942 et février 1943 en Allemagne en distribuant des tracts dissidents du régime, est devenue leur logo. Une récupération honteuse pour la mémoire collective, comme pour les familiers de celles et ceux qui ont enduré le Nazisme. Selon le Mémorial de la Shoah, « les étudiants écrivirent sur les murs des slogans pacifistes et antifascistes, collectèrent du pain pour des détenus de camps de concentration et s’occupèrent de leurs familles. Les actions de la Rose Blanche furent prises en exemple à partir de janvier 1943 par des intellectuels du sud de l’Allemagne et de Berlin ». En Allemagne, la réappropriation de l’image de Sophie Scholl par le mouvement anti-restrictions, a été vue comme une « abomination » par le Comité international d’Auschwitz.

À l’usurpation du nom de La Rose Blanche (en allemand : Die Weiße Rose) s’ajoute l’appropriation d’une technique de l’art urbain : le sticker subversif. Celui-ci est utilisé depuis longtemps comme moyen de dénoncer les injustices sociales ou apporter de la visibilité aux thèmes comme le féminisme, le changement climatique ou l’anti-racisme. À l’image des groupuscules d’extrême droite et néonazis, La Rose Blanche se réapproprie des modes d’action de la « gauche » pour mener une sorte de bataille de l’opinion dans les rues.

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À cette tendance à manipuler les événements historiques, s’ajoute la récupération d’œuvres artistiques ou de paroles de personnages publics, « en toute bonne foi », « pour la résistance ». Ces militant·es de La Rose Blanche extraient ces formes d’art de leur contexte initial et du sens voulu par leurs créateur·ices, et y adjoignent des paroles transmettant leur vision du monde. 

Ce genre de piraterie endommage et fausse l’image publique de ces artistes et personnages politiques, qui, bien au contraire, se battent, ou se sont battu·es, pour une justice sociale, ne sont pas anti-masques ou anti-vax, et surtout ne pensent pas que la pandémie n’existe pas. 
Selon celleux qui sont aux manettes de La Rose Blanche ou The White Rose, le groupe est un « réseau mondial décentralisé, d’activistes indépendants travaillant pour diffuser un contre-récit bien nécessaire à l’assaut incessant de la peur, des mensonges et de la propagande auxquelles les populations étaient soumises depuis le début du Covid-19 ». Leur mission serait d’inspirer un « scepticisme sain », une « pensée critique » face à la propagande omniprésente du gouvernement et des médias. Le modus operandi du groupe se construit autour du collage d’autocollants partout. Pour l’heure, nous avons identifié une vingtaine de pays où ce réseau prospère : États-Unis, Irlande, Angleterre, Allemagne, France, Belgique, Danemark, Portugal, Italie, Pologne, Nouvelle-Zélande, Australie, etc.

Le groupe se définit ainsi : « Nous ne souscrivons pas à la partisanerie, à la politique identitaire ou aux faux paradigmes politiques gauche/droite créés, à dessein, pour nous diviser et nous conquérir, et pour tenter de nous soumettre au contrôle de ceux qui croient à tort qu’ils possèdent notre corps, notre esprit, et les âmes. Nous sommes intrinsèquement anti-autoritaires, condamnant toutes les formes de collectivisme involontaire, y compris le mondialisme, le fascisme, le communisme, le national-socialisme, le marxisme et toutes les autres doctrines. »

Un discours impeccable à la veine libertarienne, dont le but est d’infiltrer les psychés des plus fragiles. De celles et ceux qui n’ont pas le réflexe ni les outils pour questionner ou creuser le pourquoi du comment. Des phrases courtes, des super slogans, des références populaires ou aux grands films de science-fiction, des références universelles qui engagent les gens dans une atmosphère séduisante, et qui apportent de suite une forme d’action directe. Un fonctionnement, ou « mécanisme de désinformation », qui paraît inoffensif, mais qui réintroduit progressivement dans le vocabulaire populaire des concepts/mythes recyclés comme le Nouvel Ordre Mondial, le Grand Reset, l’idée d’un faux virus, que les médias sont le vrai virus, etc. Sur leurs boucles Telegram, les admins incitent leurs followers à rejoindre des sites antisémites et homophobes comme Le Grand Réveil ou Le Libre Penseur. Et à suivre les personnages covido-sceptiques QAnon comme Silvano Trotta, Radio Québec, ou Valérie Bugault (proche d’extrême droite) qui recycle également des mythes antisémites.

Voilà la finesse d’un lavage idéologique qui a d’abord pour but la rupture avec les repères qui nous attachent à la réalité. Dépolitiser, puis conduire vers la nébuleuse d’extrême droite. Quelques mois après les élections, nous savons que la plupart de ces groupes anti-vax comme Réinfocovid, les Mères Louves, Enfants&Liberté ont donné leurs voix à Marine Le Pen, considérée comme la plus à même de défendre leurs idées politiques. Silvano Trotta, étienne Chouard, Fabrice Di Vizio, Richard Boutry, Sylvain Baron et bien d’autres l’ont soutenue.

Réseautages entre confusionnistes 

et extrême droite

En 2020, les défiances à l’égard du gouvernement, des médias mainstream ou de l’industrie pharmaceutique se sont conjuguées et ont pris une très forte ampleur dans la société occidentale, dans le cadre de la pandémie de Covid-19. La sortie du film conspirationniste Hold-Up, au mois de novembre, sonne comme une révélation pour un paquet de gens qui se disent que le monde ne tourne pas rond depuis le 11 septembre 2001, l’outrage démocratique du référendum de 2005, la crise de 2008 ou le mouvement des Gilets jaunes. Comme une confirmation de ce qu’on pensait tout bas depuis tant d’années. La Vérité éclate enfin au grand jour, et elle est partagée massivement sur les réseaux sociaux, et récusée par les médias dominants. Mais à qui profitent ces réflexions ?

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La Brique, journal indépendant basé à Lille, a créé une cartographie qui met en lumière ces mondes qui se mélangent, dans une idéologie politique commune.

« Faites vos recherches »

Chacun·e d’entre nous a au fond d’elle ou lui, un bout de théorie du complot. Avant d’être du complotisme, ce sont des croyances qu’on confronte plus ou moins au réel et qu’on remet plus ou moins en question. Parmi elles, le fait qu’on soit dirigé·es par une poignée d’individus qui s’organisent pour nous dominer, le scepticisme à l’égard du Covid, de l’efficacité du vaccin ou des politiques sanitaires pour répondre à la pandémie, ou encore le questionnement des raisons des crises, des guerres, des attentats.

Depuis l’avènement des écrans connectés sur Internet, les espaces d’échanges sur ces sujets se sont multipliés. D’abord principalement sur les forums et les blogs, puis sur les réseaux sociaux et les vidéos. Parmi leurs utilisateur·rices, une vieille catégorie s’est démarquée dès le début du Covid en remettant en cause la doxa gouvernementale : anti-vaccins, théoriciens des chemtrails, réfractaires du Nouvel Ordre Mondial, sceptiques du groupe Bilderberg ou du dîner du Siècle, mais aussi les anthroposophes, les promoteurs de modes de vie alternatifs et autres coachs en développement personnel. Alors que la moitié de la population mondiale est appelée à se confiner, ceux-ci profitent de la quête de sens dans laquelle la société est plongée pour mettre en avant leur vision du monde. Parce qu’eux réfléchissent déjà depuis longtemps à tout ça, et ont déjà des clés pour y répondre. Et c’est peut-être pour cela qu’ils seront écoutés.

De la confusion à l’extrême droite

Hold-Up n’est pas seulement un documentaire dissident, c’est aussi l’occasion de rencontres entre des gens qui ne se parlaient pas nécessairement jusqu’alors, de tisser des liens. Après la fin 2020, on voit apparaître des tas d’associations de défense de la “liberté” et des réseaux de solidarité qui s’adressent aux personnes “discriminées” par le vaccin qu’on veut leur imposer (syndicats, médias, listes de lieux accessibles sans pass sanitaire...). Leur déploiement repose notamment sur l’émergence de figures fortes, se présentant comme insolent·es, libres penseur·ses ou politiquement incorrect·es. On fera confiance à elles plutôt qu’à ceux qui doutent.

Ces figures ne sont pas nouvelles : Dieudonné, Alain Soral, Michel Onfray et Éric Zemmour, hier, ont inondé en ce sens les plateaux télés et réseaux sociaux. Aujourd’hui, elles s’incarnent en Papacito, Pascal Praud, et André Bercoff. Leur rhétorique consiste à mobiliser les affects, et… ça plaît. Ils parlent “sans filtre”, ne se laissent pas marcher sur les pieds (de vrais mecs !). Et surtout, ils portent des valeurs de droite : défense de la liberté individuelle, de la famille, de la patrie et parfois des traditions contre des “ennemis” intérieurs (immigré·es, musulman·es, LGBTQIA+). Pas étonnant que des Didier Raoult, Fabrice Di Vizio, Emanuela Krusi ou Louis Fouché soient apprécié·es de même. Quand les précédents sont dans un discours politique parfois assumé ouvertement, eux sollicitent le “bon sens”.

L’antisémitisme est politique

Nous comprenons dans ces pages qu’il y a un lien historique entre conspirationnisme et antisémitisme. D’abord, du côté des mouvements d’extrême droite traditionnelle. Il paraît évident qu’il est dans leur intérêt de contribuer aux mouvements qui ne sont pas clairement identifiés politiquement, et d’attirer les personnes confuses en pleine remise en question du système. Leur but est de faire avancer leurs idées dans la société tout en obtenant des postes politiques (dans les collectivités, au Parlement ou à l’Élysée). On a pu l’observer pendant les manifestations des Gilets jaunes, même si cela a été un échec, et pendant les manifestations anti-pass. Cette extrême droite organisée a toujours su profiter de plus radicale qu’elle. Éric Zemmour, Laurent Obertone, Alain Soral, avec leurs discours “décomplexés”, participent à orienter le curseur dans leur direction. Le RN paraît gentillet, ensuite. Tolérable, presque républicain. De quoi oublier le négationnisme de papa ou le racisme de la nièce, entre autres tares. Dans le même genre, mais d’une toute autre famille, Gabriel Rabhi (fils de Pierre) en tient une belle : non seulement il relaie des théories du complot sur ses réseaux, mais il aime aussi minimiser l’impact de la Shoah sur la communauté juive européenne. Ah, les grandes familles...

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Par ailleurs, on peut estimer que Soral, Rabhi, mais aussi Salim Laïbi (“Le Libre Penseur”) ou les adeptes de QAnon, se rejoignent sur un antisémitisme “à l’ancienne” estimant que les Juif·ves s’organisent pour dominer le monde, en essayant de prendre le contrôle sur les médias, la politique, les esprits. Une théorie qui se conjugue avec celle du Grand Reset.
 
Soral parle d’un complot « judéo-maçonnique », et son discours s’accompagne d’une critique de la gauche, en des termes comparables : l’« islamo-gauchisme », la « bien-pensance » ou le « wokisme », rappelle le « judéo-bolchévisme » des années 1920-1930. Un des biais de l’antisémitisme est cette idée que les juif·ves seraient communistes, et donc que les idées politiques contre lesquelles il faut se battre sont celles de gauche. On est bien sur un combat politique. L’intérêt de mélanger des termes qui ne parlent pas de soi, c’est que ça crée un camp général contre qui il faudrait se dresser : dans leur esprit, Macron est aussi woke que les collectifs décoloniaux qui, pourtant, vomissent le gouvernement. À l’inverse, les ministres français utilisent la rhétorique de l’extrême droite pour discréditer la gauche.

Dans la grande confusion politique que nous inspirent les manifs anti-pass, l’objectif de l’extrême droite paraît clair : attirer vers ses réseaux le primo-militant, la soignante licenciée, la manifestante contre le pass sanitaire, ou celui qui veut qu’on ne touche pas aux enfants. Un peu tout le monde, mais surtout ceux qui tendent vers les marges.

Génération post-Covid

Depuis la sortie de la première version de la cartographie en décembre 2021, la guerre en Ukraine a éclaté, et tout ce monde qui était sceptique du Covid est désormais sceptique du discours occidental (et pro-ukrainien) sur l’invasion russe. Une sphère d’influence, avec des personnalités, des médias, des réseaux, est ainsi née, et elle ne s’arrêtera certainement pas là.

Nous recommandons la lecture de l’ouvrage Les Dissidents, une année dans la bulle conspirationniste (Anthony Mansuy, éd. R. Laffont, 2022) qui donne beaucoup plus d’éléments de compréhension du phénomène.

« Nous, comme les Juifs... »,

un antisémitisme qui ne dit pas son nom

Avec la crise de la Covid-19, les anciens complots et euphémismes antisémites affleurent. La crise permet à l’extrême droite d’injecter dans l’espace public la pensée antisémite. Néanmoins, cette haine anti-Juifs ne sort pas de nulle part. Comme l’explique la Fondation pour la mémoire de la Shoah, « la montée de l’antisémitisme constatée au début des années 2000 s’est avérée être un phénomène qui perdure. La haine des Juifs en France a motivé l’assassinat de 12 personnes. En 2020, on peut dire qu’une génération entière a grandi et s’est construite dans une France où la haine des Juifs par une partie de la population s’exprime depuis plus de 20 ans quotidiennement dans l’espace public, virtuel comme réel. »    

En 2022, sous les cris de « Liberté ! Liberté ! », les antivax veulent se battre contre le Nouvel Ordre Mondial, le Deep State, et dans un élan aux airs envangéliques, exhortent les « moutons » à s’ouvrir au Grand Réveil : « Voulez-vous que l’histoire se répète ? Comme les Juifs dans la période nazie, nous aussi sommes des victimes ». 

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La rhétorique antivax est extrêmement agressive, dans les rues comme sur les réseaux sociaux. Colonisée par les éléments de langage d’extrême droite, elle importe aussi sa haine antisémite. La reprise de « Mon restaurant est interdit aux chiens (Juifs) et aux juifs (non vax) » reflète cette necessité de l’extrême droite à faire vivre l’antijudaisme. Ces mêmes antivax réactionaires et extrémistes ont réussi à s’imposer dans le mouvement social contre les restrictions et le pass sanitaires, pratiquement dans toute l’Europe. Hormis les réactionnaires, la grande partie des mouvements dits “covidosceptiques”, malgré leurs “bonnes intentions”, font preuve d’un obscurantisme aussi spectaculaire que leur ignorance et leur manque d’expérience politique. De plus, ils témoignent d’une déconnexion et d’un manque total d’empathie avec la souffrance des Juifs, et de la discrimination dont ils font encore l’objet. Semblables aux suprémacistes blancs, qui se disent victimes de racisme anti-blanc, les militant·es de La Rose Blanche, se disent victimes « comme les Juifs » de la discrimination institutionnelle.

Un rapport de l’Institute for Strategic Dialogue (ISD) sur 239 boucles Telegram liées à la Covid-19, revient sur le rôle des groupuscules d’extrême droite et leur effet dans l’amplification et la diffusion de contenus conspirationnistes pendant la pandémie. 

Sur les 239 boucles Telegram, 133 étaient des comptes suprémacistes blancs « qui étaient en liaison permanente avec des comptes conspirationnistes à travers des sujets concernant la Covid-19, en particulier autour de discussions qui ont minimisé la gravité de la pandémie, ou ont répandu de fausses conspirations sur le confinement ou les restrictions sanitaires ». Dans plus de 600 messages, « cela a été combiné avec des récits antisémites ». Plusieurs mentions portaient des allégations selon lesquelles le virus était fabriqué ou « orchestré » par le peuple juif. L’exploration incessante de la figure de George Soros, en plus de confirmer l’influence de la rhétorique QAnon, décline un discours anti-LGBT, anti-BLM (Black Lives Matter), anti-ClimateChange, etc. Elle s’appuie sur un antisémitisme déguisé comme l’explique le journal Forbes dans l’article The Troubling Truth About The Obsession With George Soros :

« L’émergence de QAnon a également alimenté le feu anti-Soros, avec des affirmations infondées selon lesquelles Soros, en tant que “mondialiste”, est derrière un réseau international de pédophiles et d’autres qui cherchent à vaincre le président Trump. 
Également, les attaques font fréquemment référence, directement et indirectement, à des théories antisémites de longue date tirées de textes tels que Les Sages de Sion, qui prétendent que les Juifs dirigent une cabale internationale. »

Les autocollants du mouvement La Rose Blanche sont antisémites. Mais dans une forme plus subtile et obscurantiste. Ils se construisent autour de la relativisation/banalisation de l’Histoire, minimisant d’abord la puissance de l’État Nazi et l’idée d’une soumission totale du peuple allemand au nazisme (comme les vaccinés). Puis, dans une spectaculaire inversion du rôle de dominant/dominé, qui, à l’image de la théorie du « Grand Remplacement », redonne au mouvement suprémaciste de La Rose Blanche le pouvoir sur l’histoire du peuple Juif.

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« D’emblée, l’inversion discursive caractérise le négationnisme : inversion des responsabilités dans le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale et inversion victimaire. » - Une tradition extrémiste : le négationnisme, 1999.

L’« Ahnenpass », le « procès Nuremberg 2.0 »,

et le transfert qui dédiabolise l’extrême droite

Derrière chaque Macron nazi, chaque mot antisémite attribué à la « gauche », ou chaque accusation de racisme anti-blanc (“White lives matter”), se développe le pouvoir de l’extrême droite, donc du suprémacisme blanc. Derrière chaque “PaSSeport vaccinal”, chaque “Aujourd’hui comme hier”, se met en place un transfert qui dédiabolise l’extrême droite, affaiblissant les partis politiques de gauche qui demeurent au pouvoir, légitimant les politiques de partis politiques comme le Rassemblement National, l’AFD en Allemagne, Vox en Espagne, SVP en Suisse, etc. 

Pourquoi parlons-nous d’un « transfert » dans La Rose Blanche ? Il est important de comprendre que la dédiabolisation est le résultat de ce transfert. Corroboré d’un côté lorsqu’on attribue des idéologies d’extrême droite, voire nazies, aux partis politiques appartenant au spectre politique droite/gauche, voire extrême gauche ; la charge négative qui compose notre mémoire collective, factuelle, sur ce que sont les conséquences des politiques des partis nazis et fascistes, s’affaiblit. Comme quand on banalise dans l’espace public des symboles comme le « SS », l’étoile jaune, les nazies, etc.

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Les mouvements QAnon, Anti-lockdown (anti-confinement), Querdenker (Libres penseurs), Freiheitliche Bewegung Schweiz (Mouvement de liberté suisse) et d’autres, sont essentiellement d’extrême droite, car ils développent un modus operandi construit autour d’une sémantique normalement circonscrite aux groupuscules d’extrême droite et néo-nazis, mais qui, malheureusement, arrivent depuis quelques années à facilement pénétrer des mouvements comme les Gilets Jaunes, les anti-pass, etc. Cette stratégie fonctionne tellement bien que les partis politiques dits démocrates ou social-libéraux finissent par être à la merci de ces mouvements populistes, et sont eux-mêmes obligés de dédiaboliser l’extrême droite et de se radicaliser pour maintenir leur masse électorale.


Pour mettre en contexte le mouvement LRB, revenons au mouvement QAnon. Ce mouvement suprémaciste blanc a recyclé sociologiquement les idées du mouvement Satanic Panic, lequel a théorisé dans les années 80 (Victoria, BC, USA) qu’une cabale secrète de satanistes s’était infiltrée dans les plus hautes sphères de la société afin d’agresser sexuellement des enfants. Comme Ronald Reagan en son temps, Donald Trump lui-même a su exploiter ce mouvement. 

« Dans les années 1980, les héros dotés d’une identité blanche, masculine et patriotique ont été présentés comme la seule force capable d’arrêter des adversaires étrangers, sectaires et surnaturels. Ils ont adopté des idées conservatrices, qui reposaient sur l’existence d’une menace mondiale majeure contre le patriarcat et la communauté blanche ». - American Monsters : Tabloid Media And The Satanic Panic, Sarah A. Hughes, 2015.

Avec des slogans comme “Bientôt, les camps ?” ou “La solution finale v2.0 ?”, les fascistes ont bien compris que ce qui fait du buzz passe mieux et entre facilement dans le vocabulaire ordinaire. Les politiques nazies étaient éminemment racistes et suprémacistes blanches. Souvenez-vous de la race aryenne. Contrairement à ce que veulent démontrer les anti-vax en comparant le pass sanitaire avec l’Ahnenpass  nazi, ce dernier était un pass qui visait à distinguer les Aryens de toutes les autres races.

Le confusionnisme antivax continue jusqu’à la modification de l’inscription Arbeit macht frei (« le travail rend libre ») par le « le pass sanitaire rend libre ». Dans une interview pour 20 minutes, l’historien Marc Knobel, dont la photo de l’étoile jaune portée par son père a été détournée par les antivax, insiste sur le fait que « si, aujourd’hui, on veut faire croire que nous vivons dans un régime comparable à l’Allemagne nazie, et c’est ce qu’on voit fleurir dans certaines affiches où l’on voit Macron déguisé en Hitler, c’est une comparaison historique qui n’a pas lieu d’être. Sous le IIIe Reich, il n’y avait pas de syndicats, pas de partis politiques, vous n’aviez pas le droit de manifester, vous n’auriez même pas pu exprimer le fait que vous étiez contre. Les premiers camps de concentration ont été peuplés par des opposants au nazisme ».

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Soyons clairs et objectifs. Lorsque le mouvement anti-vax en février 2022, dans un grossier transfert, crée un événement appelé Nuremberg 2.0, avec un tribunal populaire soutenu par la fachosphère, et juge les dirigeants politiques comme s’ils étaient des nazis, quelque chose nous échappe. Mais quand ce même réseau appelle directement ou indirectement à voter RN, tout devient clair. Le résultat est là : 89 député·es RN, et parmi eux quelques néo-nazis, au parlement français. 

Outre le travail de démystification et de compréhension qui fait l’objet de cet enquête, nous mettons en exergue que le réseau La Rose Blanche – que ses “suiveurs” en aient conscience ou non – comme beaucoup d’autres, participe à propager les vieux complots antisémites, mais également à replacer les valeurs dites chrétiennes nationalistes dans l’espace public. L’impact que ces militants ont sur le web et dans la rue ne doit pas être négligé. Hélas, à travers ces milliers d’autocollants qui propagent mensonges et théories du complot, encore aujourd'hui, le réseau La Rose Blanche continue de se développer et d’être promu dans les manifestations.


Par Ricardo Parreira
et Ludovico M. du journal indépendant La Brique à Lille

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