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Billet de blog 1 avril 2016

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A point ou saignant ?

Le ministre de l'agriculture doit trouver des solutions au problème de la maltraitance des animaux dans les abattoirs car ça n'est vraiment pas le moment de se retrouver en plus avec des manifestations de bovins dans les rues.

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Bien traiter les veaux, brebis et cochons dans un abattoir est de l'ordre de l'oxymore. Abattre un animal c'est déjà un chouia le maltraiter me semble-t-il ou quelque choses m'échappe. Bien sûr, je comprends bien qu'il y a une façon moins barbare de le faire et ne pas ajouter du sadisme à l'abattage mérite réflexion et décisions mais on pourrait aussi considérer qu'abattre des centaines, des milliers d'animaux chaque jour dans le monde pour satisfaire des besoins alimentaires que l'on satisferait quand même sans zigouiller joyeusement poulets, bœufs et canards serait une saine évolution dans la marche de l'humanité. Et que deviendrait la gastronomie française qui participe à notre réputation d'excellence sur la planète sans un morceau de bidoche dans l'assiette ? Certains grands chefs proposent une cuisine végétarienne de haute gastronomie, une cuisine créative réalisée uniquement à base de végétaux et de fruits sans que cela ne nuise à leur réputation bien au contraire. La gastronomie y survivrait et sans doute même y trouverait son compte en matière de créativité en explorant de nouvelles variétés et façon de les travailler. Les artistes n'ont plus nécessairement besoin d'une toile de lin, de pinceaux et de tubes de couleurs pour s'exprimer, d'autres techniques ayant fait leur apparition, il en va de même pour la cuisine y compris pour la cuisine familiale ?

Je n'imagine pas un seul instant Stéphane Le Foll prendre la décision de fermer tous les abattoirs la semaine prochaine, d'une part parce que le courage n'est pas ce qui caractérise le plus l'action du gouvernement (son seul courage consiste à faire la politique inverse de celle qui avait été présentée pendant la campagne électorale) et d'autre part si on arrêtait de saigner les bêtes ça provoquerait forcément une saignée sur le front de l'emploi assez mal venue ces temps-ci il faut bien l'admettre et puis Stéphane Le Foll est plutôt favorable à l'élevage intensif, à la production intensive et ne fait pas grand-chose, c'est le moins que l'on puisse dire, pour le développement d'une agriculture bio à dimension humaine donc oublions l'idée de passer dare-dare au

Illustration 1
la-culture © richard villoria

végétarisme et à la fermeture des abattoirs. Le ministre a une vision très conservatrice de l'agriculture et là aussi le changement c'est pas maintenant.

C'est dommage car l'audace serait pourtant d'aller vers autre chose, vers une civilisation du XXI ème siècle radicalement différente de ce que nous avons connu jusqu'à maintenant. ça serait exaltant de tenter de nouvelles expériences et je pense que la jeunesse y serait totalement prête, la jeunesse mais aussi les seniors qui en ont assez eux aussi qui hier étaient dans la rue pour le faire savoir.

Bon alors, qu'est-ce qu'on fait ? On continue tout comme avant ou alors on tente le changement ? Le changement concerne tous les aspects de nos vies. On commence par faire le marché au lieu de errer comme des zombies dans les allées d'un hyper ce qui est totalement déprimant ; c'est gai un marché on est dehors, à l'air libre. Le regretté Jean-Pierre Coffe ne comprenait pas pourquoi les marchés s'installaient à six heures du mat' alors que nous étions soit dans notre lit soit en partance pour le boulot plutôt que d'ouvrir à un meilleur moment de la journée, en fin de journée par exemple, les habitudes ont la vie dure, hélas. Au marché on trouve tout un tas de légumes et d'épices dont parfois on ignore même le nom. On peut essayer de cuisiner sans viande, tiens, pendant les vacances c'est marrant, quand il fait chaud c'est le meilleur moment pour se passer de la daube. Je ne crache pas sur une bonne carbonnade à la kriek que je me vante de savoir bien préparer mais comme je suis largement végétarien je suis obligé d'admettre que je digère beaucoup moins facilement les plats carnés et puis il faut être cohérent, les abattoirs ce n'est pas ma tasse de thé, ça me fait un peu gerber surtout ces temps-ci alors je ne vois pas tellement d'alternative. Un abattoirs restera toujours un abattoir à savoir un lieu proche de la salle de torture où l'on saigne les animaux. Je ne sais pas pour vous mais quand je passe devant une boucherie ou lorsque je vois le serveur qui amène un pied de cochon sur la table je ne peux empêcher certaines images d'envahir mon cerveau, des images qui ne mettent pas en appétit.

"Bon, on mange quoi alors"  que vous allez me demander. Tout le reste et ça fait pas mal de choses.

Il faut changer, tout changer. Nos modes de production, nos énergies, nos politiques économiques, les politiques culturelles et d'éducation car tout part de la culture ; changer de culture c'est changer de vie, c'est changer la vie. Il est urgent de larguer la culture des XIX et XX ème siècle pour aller de l'avant. Si changer tout cela n'est pas en mesure d'offrir des perspectives, des emplois, de l'espoir alors je ne vois pas ce qui pourra le faire. Le progrès technologique est une chose et il est considérable actuellement mais le progrès technologique associé à des vieilles structures économiques et de vieilles mécaniques de pensées ne changera rien sur le fond et on le constate. Quelles différences de comportement voit-on entre quelqu'un qui conduit aujourd'hui une auto bénéficiant de tous les progrès techniques et la même personne qui conduit une 2CV ? Aucune différence en ce qui concerne l'attitude devant la place de stationnement qu'il convoite et que l'autre veut lui piquer, aucune différence de comportement dans un embouteillage etc. Le progrès technique est là mais l'homme ne change pas dans son comportement.

Le progrès technique n'est pas le progrès de l'humanité. ça se passe ailleurs, le progrès sera culturel ou ne sera pas. Nous sommes encore des barbares, plus ou moins certes mais des barbares quand même. Est-ce que ça nous plaît ou avons-nous une ambition d'évolution ? ça ne sera pas facile mais c'est un bel objectif.

Il se passe un certains nombre d'événements qui voudraient nous tirer en arrière, nous plonger encore davantage dans la barbarie et il y a de beaux actes de résistances qui donnent de l'espoir comme l'attitude digne des citoyens (belges, français et d'autres nationalités aussi) face à la provocation sanglante. Nous n'avons pas envie de vivre dans des flaques de sang. Je ne ferai pas le parallèle entre l'atroce spectacle des attentats et les abattoirs, ça n'a strictement, rien à voir néanmoins il est possible de choisir dans quel monde nous voulons continuer de vivre et ce monde doit avoir une cohérence. Je vois une certaine cohérence à rejeter de la même manière et avec autant de force toutes les barbaries.

Ils ne s'agit pas d'imaginer que nous serons un jour des créatures parfaites, des êtres sublimes rivalisant d'amour mais quand même, on peut mieux faire.

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