La très grande majorité de la population subit son sort quel qu’il soit, et se contente des aventures suggérées par les fabricants de satisfaction, de suspens ou de sensibilité convenue, à base d’achat inaccessible, de sport, de séduction, ou de contemplation pata artistique.
Le Principe Bureaucratique, doit s’occuper de ces 10% qui croient être des « acteurs », et trompent leur ennui, en acceptant de s’inquiéter, ou de s’enthousiasmer, du dérisoire qu’on leur propose, pour meubler leur impuissance, et leur éviter l’inconfort qui naîtrait de la conscience de leur place réelle dans le Spectacle.
Cette tache était dévolue aux grands médias, papiers ou électroniques, tenus à bout de bras par les bureaucraties économiques, tous très largement déficitaires, et chargés de produire le « long monologue élogieux que ce monde tient sur lui-même ».
Monter ce qui est valorisant, habiller ce qui l’est moins de doutes sur sa réalité, proposer aux conformistes de quoi continuer leur sieste, et en cas de désastre impossible à nier, mettre en évidence avec véhémence, la détermination du pouvoir, pour que « rien ne soit plus comme avant ».
Des « agences de presses », fournisseurs grossistes en bobards didactiques, très contrôlés par le Polit Bureau du Totalitarisme Economique, étaient chargés d’alimenter et de fournir la matière première à cette industrie.
Cette ancienne structuration, correspondait à la structuration même du Capitalisme, dominé par quelques cartels.
Aujourd’hui, le sport, le piège de la consommation à crédit, la « culture », la musique pour demeurés, ne suffisent plus à meubler les espaces laissés vacants par le discours de domination.
Le danger de la Conscience, rode encore entre les couteuses mobilisations étatiques, élections, grands désastres, ou guerres.
L’irruption de nouveaux venus, aux dents très longues, né de l’achèvement de la privatisation des états, et la conscience redécouverte par les renégats de la gauche anti productiviste, que l’ennui est un poison mortel pour la tranquillité des puissants, a fait voler en éclats, les modes traditionnels d’organisation de la passivité.
Les « agences de presse », ont été remplacées par les « réseaux sociaux », et le coût du bobard didactique c’est effondré.
Le principe de saturation a été retenu pour endiguer cette marée, le bobard dont on ne peut plus interdire la diffusion, doit être submergé par du bobard contrôlé.
Et c’est de ce besoin Vital, qu’est née une nouvelle industrie de la « communication », beaucoup plus réactive que les vieux et ruineux médias, et qui a rapidement montré son efficacité en terme de maintient de l’ordre culturel.
Notre monde est désormais peuplé de « crises », de « dangers », et de « nouveaux défis culturels et sociaux », fabriqués à la chaine, et les auteurs les plus chanceux des membres des « réseaux sociaux », connaissent ponctuellement une gloire éphémère.
On a assisté à l’ ubérisation de la production de masse de la fausse conscience, des faux débats, et des faux enjeux "sociétaux".
La réussite de cette stratégie est telle, que les anciens acteurs du marché de la contestation, se sont jetés dedans pour sauver ce qui reste de leurs appareils bureaucratiques, et plus aucun d’entre eux, refuse de commenter l’insignifiance et d'essayer d'étirer quelque chose.
Le but évident, est la disparition de nos conditions de vie réelles, de ce qui nous tue aujourd’hui, et la fin de la visibilité des contradictions inhérentes aux processus de production.
Quel que soit ce qu'il vous montre, quand un "sage" désigne la lune, regardez dans l'autre sens ce qu'il voulait vous cacher.
N'allez dans son sens que lorsque vous serez totalement persuadé qu'il ne se fout pas de vous, et attendez le jour.