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Billet de blog 30 septembre 2017

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CATALOGNE : MANOEUVRES NATIONALISTES, Texte des FIJL de Catalogne.

Choisir ses flics, ses militaires, ses politiciens et tous ceux qui vous exploiteront ...

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Pour nous il est clair que nous ne participerons pas à de telles manifestations. Nous espérons que la contribution au débat que nous faisons d’un point de vue anarchiste pourra contribuer à développer une force sociale qui, par la pensée et l’action et s’opposera au courant nationaliste dominant. Les partis politiques de toutes couleurs, bourgeois comme pseudo-ouvriers, de droite comme de gauche, alimentent un courant d’opinion dominant au caractère patriotique et nationaliste dans lequel la société catalane est en train de se noyer et auquel nous sommes peu nombreux à être capables d’échapper.
Les mouvements nationalistes tendent à appliquer un critère manichéen : « Si tu n’es pas avec moi, alors tu es contre moi », si tu n’es pas des miens, tu es du peuple$ ennemi (Catalan ou Espagnol, Serbe ou Croate, Ukrainien ou Russe). Quiconque décide de se démarquer des plans et du programme d’un mouvement nationaliste est accusé de soutenir le peuple haï, d’appartenir à l’ennemi. Cela quel que soit le motif car il n’y a pas de raisons (rationnelles) qui puissent s’opposer au sentiment (irrationnel) d’appartenir à un peuple décidé à réaliser sa glorieuse saga.
Nous, anarchistes, nous ne suivons pas le courant dominant catalaniste pas plus que nous ne ramons avec toutes les forces politiques en faveur de l’indépendance de la Catalogne ou que nous nous identifions avec la patrie catalane. C’est pour cela qu’on nous taxe d’espagnolisme.

Par ce texte, nous voulons casser la dualité catalan-espagnol, indépendantiste- espagnoliste. Nous voulons en toute simplicité apporter un troisième éclairage, une nouvelle voie pour dépasse le conflit national. Nous voulons dépasser ce conflit en mettant l’accent sur l’individu dans la perspective de construire une société juste et sans oppression.
Aujourd’hui, l’autoritarisme sous ses diverses formes (capitalisme, patriarcat, religion, État...) s’étend sur tout le globe et maintien dans la soumission, d’une façon ou d’une autre, la totalité de la population. A cette force aliénante et abrutissante qui repose sur l’autorité s’opposent l’action et les idées de celles et ceux qui veulent créer un monde basé sur le lien fraternel, libre et solidaire entre individus et communautés ; nous voulons parler des anarchistes.
En Catalogne une grande partie de la population s’identifie à une série de traits linguistiques et culturels qui ne correspondent pas dans leur totalité aux valeurs linguistiques, morales et éthiques que le royaume d’Espagne promeut et impose uniformément à tous ses sujets. Nous pourrions dire qu’une grande partie de la population catalane a le sentiment de faire partie d’un collectif d’individus avec lequel elle partage des manières relativement semblables de parler, de participer aux festivités, de manger, de regarder le foot, de marier les filles...
Il est probable que ceux qui s’identifient à ce collectif ne sachent pas très clairement quelles sont les caractéristiques qu’il faut posséder pour appartenir à ce club si hétérogène, si vaste, si abstrait. Les membres de ce club disent « Moi, je suis Catalan ! », mais à peine peuvent-ils dire ce que signifie être Catalan ou définir avec clarté ce qu’est le « peuple catalan ». Ceci posé, ce que les membres du club, et surtout son président, savent très clairement c’est comment tu ne peux pas parler si tu veux être membre du club, comment tu ne peux pas fêter noël ou quelle équipe de foot tu ne peux pas soutenir. Pour être Catalan, tu as le droit de parler comme les « pijos » (jeunesse dorée) de Barcelone ou comme les gitans de Lleida, mais tu ne peux pas parler comme Don Quichotte, tu ne peux pas manger une zarzuela pour le réveillon, tu ne peux pas soutenir l’équipe de foot de Madrid, tu ne peux pas, tu ne peux pas, tu ne peux pas...
Depuis l’apparition de l’Etat espagnol (1714), ses élites dominantes ont appliqué un plan d’homogénéisation de la population au niveau culturel et linguistique consistant à imposer des traits culturels et linguistiques qui appartenaient seulement à une partie de ses sujets, les Castillans. L’objectif était de créer une communauté homogène de sujets qui s’identifient avec une langue unique, un roi unique, un État unique, un drapeau unique.
Ce processus d’uniformisation culturelle a pour victimes la diversité et l’hétérogénéité. Ce rapport de domination a provoqué, dans l’histoire, la répression et la persécution des traits culturels et linguistiques vernaculaires.
En réponse à cette répression culturelle, tout au long de l’histoire, ont surgi des initiatives sociétales et politiques revendiquant l’autodétermination du « peuple catalan ». Aujourd’hui cette tension persiste, bien que moins brutalement, et les forces indépendantistes et nationalistes catalanes continuent de revendiquer l’autodétermination, toujours sur un même principe : la création d’un état catalan. Mais, sous quelle forme le « peuple catalan » peut-il réellement être libre ?
Les anarchistes conçoivent la liber- té comme le plein développement des individus sous toutes ses facettes (intellectuelle, émotionnelle, culturelle, physique...) au sein d’une société libre et solidaire expurgée de toute forme d’autorité. C’est pourquoi nous rejetons l’idée selon laquelle un État-nation quel qu’il soit – et même s’il s’autodénomme catalan – serait la solution à notre esclavage. Nous sommes pour la destruction de tous les Etats, pas pour la création de nouveaux.
L’anarchisme propose de construire la société en centrant l’attention sur l’intérêt de chacun des individus qui la composent puisqu’il postule que ces derniers ne sont pas nés pour satisfaire des aspirations de tiers mais pour s’autoréaliser. De son côté, le nationalisme prétend construire la société et la justice en mettant l’accent sur les intérêts des nations. Il s’agit là d’entités abstraites, construites, au-dessus des individus. Dans les nations, les individus sont des moyens pour satisfaire l’intérêt national, c’est pourquoi dès que l’intérêt de l’individu s’oppose à l’intérêt national, la société basée sur la nation oblige l’individu à agir contre son intérêt et contre sa volonté pour satisfaire ce qui est le plus sacré : la volonté nationale. C’est ainsi que les soldats vont faire la guerre à la nation ennemie en étant disposés à donner leur vie pour sauver
la patrie.
Le nationalisme catalan, comme tous les autres, tend à créer une perception homogénéisatrice et simpliste de ce qu’implique être né dans un lieu déterminé. Le nationalisme, le patriotisme culpabilise, exclut et punit la diversité culturelle (par exemple, la coexistence de différentes langues ou de différentes identités dans un territoire donné) qu’il considère comme un danger pour sa propre identité. L’exaltation patriotique de ce qui est propre à un peuple nous amène en plus, très souvent, à vouloir maintenir des traditions et coutumes qui, par leur anachronisme et leur caractère injuste, devraient être dépassées. Notre conclusion la plus claire est que tous les types de nationalisme (y compris les indépendantismes, par exemple basque ou catalan) sont à leur tour centralistes et répriment les différences qui existent en leur sein, puisqu’ils se basent sur la « nation », en oubliant que chaque personne est une entité autonome, avec un certain nombre de caractéristiques propres qui la rendent différente de quelque autre personne que ce soit.
Bien souvent deux « peuples », deux « nations » peuvent être différenciés sur la base de leur religion (Serbes orthodoxes, Bosniaques musulmans, Croates catholiques) alors qu’ils partagent la même langue (Serbes, Bosniaques et Croates dans leur majorité parlent une langue slave, dite štokavica, štokavština ou štokavsko narječe).
Dans le cas qui nous occupe ici, la langue est la caractéristique déterminante, ou, pour être plus précis, elle le devient au moment de créer une différence puisque tant les Catalans que les Espagnols, traditionnellement, se soumettent au pape.
L’histoire ne manque pas d’exemples de nations ou de peuples qui se sont créés et dissous en fonction des intérêts politiques des élites dominantes du moment. Pour créer une nouvelle identité nationale qui corresponde à un nouvel État, il suffit de fixer l’attention sur un trait différentiel répandu sur l’ensemble du territoire du futur État en l’élevant au rang de valeur nationale. Par exemple, dans le cas de la Yougoslavie de Tito, les différences de religion entre Serbes, Bosniaques et Croates furent oubliées et l’identité fut construite sur la base de la lutte contre le fascisme et d’une langue commune, le serbo-croate.
Pour diviser une nation en deux ou plus, il suffit de nier ce qui est commun et de souligner au maximum ce qui fait différence. Pour séparer les Catalans des Valenciens, on fait l’impasse sur les similitudes du parler valencien avec le parler occidental catalan et on met le focus sur les particularités de la langue de la capitale valencienne ; une ligne de partage est ainsi tracée. Pour diviser la nation yougoslave en nation serbe, nation croate et nation bosniaque, il a suffi de rappeler à la population que la génération précédente – celle d’avant l’époque de Tito – allait à la mosquée ou à telle ou telle église.
La création des nations et son évolution est clairement déterminée par les intérêts politiques des élites dominantes qui appliquent des plans d’homogénéisation ou de division de la population en mettant en avant ou en masquant des différences et des traits culturels. Les nations telles que nous les connaissons et telles que nous en connaissons les frontières ont surgi des guerres et du choc des intérêts des élites au pouvoir dans différents lieux du territoire.
Les «  Pays catalans  », du sud des Pyrénées Orientales aux Baléares, sont le résultat des conquêtes de Jacques Ier d’Aragon dit le Conquérant (encatalan, Jaume I), du nettoyage ethnique qu’il pratiqua dans les territoires conquis sur les Maures et de l’établissement de populations « catalanes » dans les domaines annexés à sa couronne. Les nationalistes catalans pré-tendent conserver pour les siècles des siècles cette situation héritée de Jacques Ier d’Aragon, tandis que les nationalistes espagnols prétendent conserver la situation héritée de Philippe V.
Les uns comme les autres entendent appliquer leur plan sur une population déterminée. De manière tout à fait consciente, ils prétendent modeler la culture du pays et la faire évoluer suivant leurs intérêts en s’opposant et en tentant d’éviter le développement naturel des traits culturels et linguistiques des différentes communautés.
Pour assurer le succès de cette planification culturelle, ils utilisent les moyens de communication nationaux, ils créent des standards linguistiques, ils enseignent les traits culturels souhaitables dans les écoles de tout leur territoire, et, s’il le faut, ils procèdent au nettoyage ethnique en potentialisant le racisme.
En tant qu’anarchistes, nous nous opposons à toute tentative de manipulation planifiée de la population en vue de la réalisation d’intérêts politiques. Nous défendons la diversité culturelle et linguistique, le métissage, les échanges, le dépassement des traditions injustes. Nous défendons le développement libre et naturel des cultures en pratiquant le respect des particularités de chacun et de chaque collectivité.
C’est pour cela que nous nous opposons à l’État espagnol et à ses plans d’homogénéisation artificielle et préméditée de la même façon que nous nous opposons au nationalisme catalan qui vise à créer des frontières, à catalaniser et à construire la « justice sociale » sur la base des intérêts nationaux.
C’est seulement en combattant de la même manière le nationalisme, qu’il soit basque, espagnol, gallicien, catalan ou andalou que l’on peut être un minimum cohérent car ils sont tous aussi pernicieux les uns que les autres.
C’est seulement en s’appuyant sur le fédéralisme et l’internationalisme libertaire qu’on peut respecter l’autonomie individuelle, les différentes cultures autochtones, les particularités de chaque zone sans les sacrifier à des intérêts politiques. (...)

Groupe anarchiste

EL L’Albada social, FIJL

(Fédération ibérique des

jeunesses libertaires)

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