F.D. Roosevelt, en avril 1933, abrogea le Volstead Act qui définissait la prohibition de l'alcool aux Etats-Unis. Quand la prohibition cessa, le crime organisé perdit une part importante de ses revenus liés au marché noir d'alcool, conséquence directe de la concurrence des boissons alcoolisées en vente libre à des prix modérés.

C'est sur ce constat, et face à l'augmentation inexorable du trafic et de la consommation de drogue malgré les mesures coercitives, que de nombreux hommes politiques demandent une autre vision sur cette question… dépénalisation, légalisation, diverses mesures sont à l'étude pour mettre au point un new deal sur la question des drogues, en particulier du cannabis.
Rappelons que la France, non contente d'être l'un des pays les plus répressifs de l'Union européenne en matière de stupéfiants, est également l'un de ceux où l'on fume le plus de cannabis. Ces chiffres font de la France le canard boiteux de la politique européenne, loin derrière les si libéraux Pays-Bas, où les jeunes en particulier fument beaucoup moins de cannabis que les jeunes Français. Aux Pays-Bas, régulièrement montrés du doigt parce qu'ils mènent depuis plus de trente ans une politique très libérale en matière de stupéfiants, les niveaux d'expérimentation du cannabis et de la cocaïne sont inférieurs aux autres pays.
(Rue 89)
Des chercheurs ont comparé des groupes de consommateurs réguliers de cannabis dans des villes comparables, aux politiques sur le cannabis opposées –Amsterdam, Pays-Bas (dépénalisé), et San Francisco, USA (pénalisé). Outre une plus forte consommation à San Francisco, les chercheurs ont trouvé de fortes similitudes entre les utilisateurs des deux villes. Il n’y eu « aucune preuve qui soutienne que la pénalisation puisse diminuer la consommation ou que la dépénalisation puisse l’augmenter».
Contrairement à l'idée reçue, la dépénalisation n’augmente pas la consommation de cannabis. (référence)
Daniel Vaillant hier, Vincent Peillon aujourd'hui, proposent donc une "révolution copernicienne" pour inverser la tendance. L'actualité nous démontre que c'est des milliards d'euros qui échappent ainsi à l'économie fiscalisée dans le monde… et ce serait une erreur de croire que ce sont les petits trafiquants de la rue qui en empochent la plus grande partie. Selon Christian Ben Lakhdar, économiste des drogues à l'Université catholique de Lille, ils gagneraient entre 4.500 et 10.000 euros par an. Le journal 20 minutes n'hésitait pas, le 19 juillet 2011, à affirmer que c'était une activité "peu rentable" pour les petits dealers.
Par contre, les cols blancs de la finance sont aussi impliqués dans le blanchiment de cette manne financière. Récemment, la police a démantelé une importante filière. Ce sont 40 millions d'euros issus du trafic de drogue qui auraient été blanchis en sept mois, impliquant des agences bancaires Suisses, mais aussi des "notables" (marchand d'art, avocat, entrepreneur, publicitaire, ingénieur du son… précise Le Figaro) dont une élue écologiste de Paris, Florence Lamblin, qui clame néanmoins son innocence. Sa culpabilité n'a effectivement pas été démontrée à ce jour.
Le débat concernant le cannabis dure depuis des années, et on comprend que beaucoup ont un intérêt financier important à ce que rien n'évolue sur ce point.