
C'est Le Figaro qui l'annonce : «La communauté des blogueurs qui sont hostiles au gouvernement est extrêmement active, et toutes les rumeurs partent du Net, et sont ensuite très difficiles à contrôler», reconnaît-on au ministère de l'Éducation, où le cabinet du ministre admet volontiers avoir perdu la bataille de la communication sur le Net, à propos du projet de réforme du secondaire.
Face à cela, le gouvernement rêve de la «Net persuasion». Selon les statistiques de l'élection présidentielle aux États-Unis, 20 % des Américains qui ont consulté Internet ont été convaincus de voter Obama en regardant une vidéo ou un blog. Cela fait évidemment rêver les jeunes loups du gouvernement qui observent la Toile leur échapper sans trouver encore la parade.
Nicolas Princen, Yves Jégo, Vincent Ducray, Franck Louvrier, Luc Chatel... Quelques un des web-warriors qui préparent la remise en main du réseau. La pression est déjà bien réelle sur les blogueurs qui osent exprimer publiquement ce que la moitié de la France, au minimum, pense plus ou moins : non à Sarkozy !
Jégo, un des artisans de la sarkocampagne sur Internet a déjà intenté une action en justice contre un imprudent et la semaine dernière c'est Nadine Morano qui attaque Dailymotion à propos de commentaires accompagnant ses vidéos. Dans la réquisition judiciaire, il est écrit que les sites communautaires doivent «fournir en urgence la date, l’heure et les adresses IP utilisées et tout élément d’identification, pour la mise en ligne des commentaires ci-joints des internautes dont les pseudonymes suivent.
Plus fort encore : c'est, comme le révèle Rue 89, des policiers qui mènent une enquête sur des lycéens qui avaient ouvert un blog. Leur objectif : relayer les informations relatives aux manifestations lycéennes et à la réforme Darcos en général. Rien de bien révolutionnaire : le site reprend quelques articles parus sur le sujet dans la presse nationale, confronte différents points et annonce les dates des prochaines manifestations. Point d’injure ni de propos diffamatoires, pas d’appel à la haine ni au rassemblement... Rien, en somme, qui puisse porter atteinte à la sûreté de l’Etat. Le blog n’aura d’ailleurs en tout et pour tout qu’une quinzaine de visites, c'est dire son influence !
J'avais déjà parlé dans un billet précédent de la tentation du rapporteur de la loi Hadopi, Riester, d'influer sur les résultats des moteurs de recherche pour avantager les "offres légales" (payantes). On remarque cette phrase dans l'article du Figaro cité plus haut : "le ministère de la Recherche a acheté discrètement plusieurs «liens» sur Internet pour être classé en haut de page dans les sélections des moteurs de recherche" sur la requête "Chercheur enseignant".
Les Canadiens sont très préoccupés par ce qui se passe en France. Les sites Canadiens Pirate Bay et Torrent 411 se proposent de brouiller les numéros IP pour protéger les Français. Des logiciels de Fake Ip permettent en outre de brouiller soi-même sa propre adresse. Un point contradictoire avec le projet de loi Hadopi.
Ce témoignage de septembre 2008 d'un internaute canadien est assez éloquant :
"Les lois continuent d'évoluer quant à notre relation avec internet et pas toujours dans la bonne direction. En Europe il y a une bataille afin de protéger l'adresse IP d'un usager. L'on veut que les cours de justice considère cette information comme une information personnelle. Mais au contraire les cours européennes ne considèrent pas l'adresse IP comme une donnée personnelle. Ce qui permet aux FAI de fournir cette adresse IP aux ayant droits ou à toutes autres personnes, en autant qu'il y ait rémunération à leur endroit. Donc, de plus en plus les différents acteurs qui veulent contrôler internet, sont en train de transformer Internet en Big Brother. Si l'on ne fait rien ici, bien la même chose surviendra ici et peu à peu nos droits s'effriteront sous un dédale de lois qui n'auront qu'un seul but nous traquez dans tous nos gestes quotidiens sur internet. C'est dommage car l'on est en train de tuer la poule aux œufs d'or avec ces lois, particulièrement en France et en Angleterre."
Un honorable correspondant du Rimbusblog, expert en informatique, me confiait que la voie de la résistance s'organisait autour de réseaux FTP privés centrés sur de petits serveurs Linux, dotés de toutes les protections garantissant l'anonymat des échanges. Il connaissait de nombreux groupes de geeks déjà constitués. Il ajoute que les échanges de fichiers ne concernent pas que les films ou la variété musicale, mais aussi des logiciels, des documents, des rapports et une foule d'information rarement mise en avant.
Le pouvoir de la Force tu n'oublieras pas, et la confiance tu garderas.
Un article du Rimbusblog