Connaissez-vous bien Goldman Sachs ?
La plus puissante entreprise financière du monde a des revenus pour 2009 qui sont équivalent au produit intérieur brut de la Corée du Nord et du Salvador mis ensemble, avec 32 500 employés. Goldman Sachs a accordé 16,2 milliards de dollars de salaires et bonus à ses employés en 2009.
Mais cette vénérable entreprise a connu des débuts prometteurs, pendant la crise de 1929. En décembre 1928, la compagnie créa le Goldman Sachs Trading Corp., une société d'investissement à capital fixe avec des propriétés similaires à celle d'une chaîne de Ponzi. La martingale s'est écroulée pendant le grand Krach (elle est consultable en détail dans cette traduction de l'article de Matt Taibbi - Rolling Stone, juillet 2009). Cette aventure n'a pas tué l'entreprise, ni son goût pour la spéculation.
"La banque d’investissement la plus puissante du monde est une formidable pieuvre vampire enroulée autour de l’humanité, enfonçant implacablement son suçoir partout où il y a de l’argent" précise l'auteur dans son introduction à son extraordinaire enquête sur "La Firme", comme on la surnomme.
Ses anciens cadres sont partout : l’ancien PDG de Goldman, Henri Paulson, a été le dernier ministre des finances de Bush ; Robert Rubin, ex-ministre des finances de Bill Clinton, passa 26 ans chez Goldman avant de devenir président de Citigroup – banque qui, en retour, reçut de Paulson 300 milliards de dollars d’argent public ; Les directeurs des banques centrales du Canada et d’Italie sont des anciens de Goldman, comme le sont le directeur de la Banque Mondiale, le directeur du New York Stock Exchange, les deux derniers directeurs de la Réserve Fédérale de New York – laquelle est, à propos, maintenant chargée du contrôle de Goldman... La liste est loin d'être exhaustive.
Dernier en date, Petros Christodoulou, ancien responsable des marchés de la National Bank of Greece (NBG), a été nommé le 19 février à la tête de l'organisme de la gestion de la dette publique grecque... c'est aussi un ancien de Goldman Sachs (1987-1988) ! (Le Monde).
La banque d'affaires est maintenant accusée d'avoir profité de la crise des subprimes pour s'enrichir au détriment de certains de ses clients, et dans une plainte déposée le 16 avril, le gendarme de la bourse américain, la SEC (Securities and Exchange Commission), met en cause les méthodes de la banque (en résumé, spéculer contre ses clients).
De plus la Firme est accusée de montages financiers douteux sur la dette grecque, et le Parlement grec enquête depuis plusieurs mois sur des opérations effectuées en 2000 par les autorités grecques (dont Petros Christodoulou) avec l'aide de la banque américaine qui ont permis de maquiller la réalité de la dette du pays. Papandréou n'exclut pas un recours judiciaire.
Warren Buffet, l'un des hommes les plus riches du monde (une soixantaine de milliards de dollards), est entré au capital de la Firme en 2009, à hauteur de 5 milliards. Pourtant, cet amateur d'aphorisme a eu la lucidité de dire : « Les produits dérivés sont des armes financières de destruction massive ». Mais l'appât du gain, ou du pouvoir, s'accomode fort bien d'armes de destruction massive…
Encore une fois, je me souviens du grand Thomas Jefferson, qui avait eu aussi une pensée d'une très grande lucidité :
« Je pense que les institutions bancaires sont plus dangereuses pour nos libertés que des armées entières prêtes au combat. Si le peuple américain permet un jour que des banques privées contrôlent leur monnaie, les banques et toutes les institutions qui fleuriront autour des banques priveront les gens de toute possession, d’abord par l’inflation, ensuite par la récession, jusqu’au jour où leurs enfants se réveilleront, sans maison et sans toit, sur la terre que leurs parents ont conquis. »