
"Au début de mon deuxième mandat qui doit consacrer la mise en œuvre de grandes réformes rédactionnelles, j'ai décidé de renouveler une partie de la Direction et de la hiérarchie rédactionnelle" a déclaré Pierre Louette, le boss très sarkozyste (passé par le cabinet de Balladur et LVMH) de l'AFP.
Les grandes manœuvres sont en cours depuis un moment déjà. L'agence France Presse, structure singulière sans capital, doit changer de statut et devenir une « société de droit à capitaux publics », dont le capital serait réparti entre l’État et des investisseurs publics de long terme, les salariés et une fondation. Cette fondation indéfinie pourrait être une porte d'entrée pour des investisseurs ou des groupes d'intérêts économiques, alors que l’article 2 de la loi de 1957 définissant le statut de l'Agence stipule que « l’AFP ne doit, en aucune circonstance, passer sous le contrôle de droit ou de fait d’un groupement idéologique, politique ou économique ».
Bayrou, n'a pas manqué de s'en inquiéter : "Une privatisation de l'Agence France-Presse, telle qu'elle semble se préparer, serait catastrophique pour la liberté de la presse en France" a-t-il déclaré. Frédéric Lefebvre a aussitôt rétorqué que la structure et la fondation imaginées pourront ramener des fonds privés pour donner toute l'indépendance à l'AFP.
C'est évident, l'argent privé est la meilleure garantie d'indépendance pour une société destinée à diversifier ses activités avec une approche plus "commerciale" comme la fourniture de « nouveaux produits technico-rédactionnels » aux médias (dossiers multimédias, pages éditées prêtes à imprimer pour la presse écrite, diaporamas sonores, SMS…) ou de services aux entreprises (commandes de reportages photos ou vidéos, collecte et diffusion de communiqués de presse…).
C'est en substance ce qu'a annoncé lundi le nouveau directeur de l'information fraîchement nommé, Philippe Massonnet, le plus chinois des journalistes de l'Agence.
Le ménage a commencé, et la directrice de la rédaction (dont la mission était d'assurer le suivi de carrière des journalistes, la formation, etc.) a été remerciée pour ses bons services et nommée à Rome, ce qui augure une nouvelle ère.
Dans la vieille maison de la Place de la Bourse on craint une future direction des ressources humaines regroupant tous les services, journalistes comme commerciaux dans un même panier, un point de vue dicté au plus haut niveau de l'Etat parait-il, où la réforme de la principale source d'information des journaux français est suivie de très près, comme tout ce qui concerne l'information.
Devant cette évolution de l'AFP les syndicats sont tentés de rentrer en résistance et de déposer une motion de défiance, pour marquer leur attachement à l'indépendance de leur Agence de Presse.