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Billet de blog 23 novembre 2010

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Un dîner au Siècle

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

En exclusivité, (et je prends un risque en vous racontant cela, mais tant pis), je vais vous dévoiler ce que j'ai entendu au dernier dîner du "".

 

Je ne pourrai pas vous expliquer sous quel nom je suis connu dans ce club ultra-select qui se retrouve à "l'Auto", ni comment j'y fus parrainé par un animateur vedette de la télévision. Il vous suffira de savoir qu'un vice empoisonnait sa vie et que je pus y répondre, scellant ainsi notre alliance.

Mais ceci est une autre histoire, pour un autre jour.

Le pauvre est maintenant bien à plaindre.

 

J'étais donc à la Concorde, dans les salons de l'Automobile Club, et l'apéritif se terminait… nous allions dîner.

 

… Comme je revenais des lavabos, pour un dernier trait de coco, je tombe sur Alexandre A., gras et jovial, qui me fait un geste rapide de la main. Alexandre avait déjà fait appel à mes services pour une transaction que je préfère tenir secrète…

 

Il me faisait signe d'approcher, et je remarquais sur la table basse un joli bol en argent flottant sur une banquise de glace pilée, dans un saladier de cristal. Ne pouvant résister au caviar, je m'assis de bon cœur sur la banquette grenat, après avoir salué Catherine N. que je venais de reconnaître, et qui se tenait à ses côtés, presque cachée par la masse de graisse qu'entretenait Alexandre en engouffrant les petits grains noirs à grands coups de cuillère. Certains petits œufs avaient échappé à l'ogre et s'agrippaient aux commissures de ses lèvres, dans une petite goutte huileuse.

 

 

La lumière tamisée soulignait les rides du visage affaissé de Catherine, que les liftings ne pouvaient plus tenir. Mais elle gardait encore des traces d'un charme passé et avait la beauté des roses fanées, sombre et flétrie. Il était loin le temps où elle questionnait les chefs d'états devant les caméras. Mais grâce à ses talents de plume (nombreux les avaient appréciés), on lui gardait encore une chronique dans le magazine un peu people où elle avait échoué, et l'article était charitablement illustré de son portrait d'il y a dix ans, quand elle était à son zénith.

 

Après quelques mots d'usage, et comme j'attaquais moi aussi un toast recouvert de caviar, ils reprirent leur conversation.

Je tendais l'oreille.

 

"Ces deux petits cons sont vraiment des raclures, Fabrice de mes deux !" Alexandre était déjà ivre de vodka, il était à peine 21 heures. Il éructait et projetait des petites boules noires, comme de minuscules plombs de chevrotine, sur le chemisier de Catherine.

 

"- Ils cherchent quoi, répliqua-t-elle, ce sont encore des enfants et ils ne savent pas comment ça marche… Ils se font manipuler par ce con de P. Salaud de marxiste ! Il crache dans la soupe, c'est honteux… Mais que veut-il, Alexandre, à quoi cela rime-t-il ?

 

" - C'est des illuminés, ils croient qu'ils vont changer les choses, mais on va leur casser les reins. Les instructions sont très claires : c'est la piste terroriste, c'est les islamistes, c'est tout ; bref on ne change rien. Voilà ce qu'il faut dire : c'est les musulmans, Edouard n'a rien à voir là-dedans, c'est Ben Laden.

 

"- Oui, les crouilles ça marche toujours, ça fait 60 ans que ça marche, et c'est pas près de s'arrêter…" Elle partit d'un grand rire bruyant et vulgaire, et on le sentait tellement convenu, expulsé difficilement de la bouche, qu'une infinie laideur l'envahit.

 

- C'est dans les vieux pots qu'on fait les meilleures soupes", répondit Alexandre, "et je vais même caser les voyous des cités, cette racaille dont on va s'occuper… Enfin… (Il rota), mais que de temps perdu… Il ne reste que quelques mois…"

 

Ivan R. arriva à ce moment, "ah vous êtes là, venez mes amis, venez vite, notre table nous attend et nous sommes les derniers"…

Nous nous levâmes, et je m'empressai de gagner ma place, les affaires n'attendent pas.

 

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