Premier temps, critiquer le socialisme :
«Parti socialiste, c'est daté. Ça ne signifie plus rien. Le socialisme, ça a été une merveilleuse idée, une splendide utopie. Mais c'était une utopie inventée contre le capitalisme du XIXe siècle !»
(Le Figaro, avril 2008)
Deuxième temps, tendre la main à Nicolas Sarkozy :
“Nous pouvons faire un bout de chemin avec la majorité [de Sarkozy]à condition qu’elle nous entende, sur des sujets qui peuvent faire consensus. Je pense aux moyens qu’il faut donner à la justice, à la lutte contre la criminalité ou encore au dossier de l’immigration”.
(Le Figaro, août 2008)
le PS doit s'interroger sur sa stratégie de parti d'opposition. Sa disqualification résulte de son incapacité à s'abstraire d'une forme d'anti-sarkozysme pavlovien qui le conduit à s'opposer systématiquement à tout projet émanant du président de la République.
(blog de Manuel Valls, juillet 2008)
Troisième temps, diviser le Parti socialiste :
"L'annonce des résultats donnait 110 voix pour Martine Aubry, devant les caméras. Dans le PV qui est arrivé à la fédération, on lit désormais 130 voix. Donc il y a eu 20 voix qui se sont portées en faveur de Martine Aubry par faux en écriture", a accusé Manuel Valls. Et de conclure : "Donc, il y aura une plainte qui sera déposée".
(Le Nouvel Obs, novembre 2008)
"La France en libertés surveillées illustre ainsi, de manière exemplaire, les difficultés de l'opposition à trouver le ton juste. Déboussolés par nos défaites consécutives aux élections nationales, certains responsables de notre parti cherchent encore leur cap entre le gauchisme infantile et l'anti-sarkozysme obsessionnel. […] Redonner du sens à l'action publique et une pertinence au clivage politique est le défi de la postmodernité. Nous n'y parviendrons pas en nous réfugiant dans les postures du passé. Nous ne le pourrons qu'en préférant la rigueur éthique au style épique. Clin d'oeil au « Printemps des peuples » de 1848, le « Printemps des libertés » organisé au Zénith est, à cet égard, une occasion ratée."
(blog de Manuel Valls, fevrier 2009)
Pour bien pouvoir noter ses capacités d'opposant à Sarkozy, on notera que Valls s'est abstenu de voter contre l'engagement français en Afghanistan, et qu'il a approuvé la réforme constitutionnelle de Sarkozy.
Le jeune Manuel a une bienveillance pour Nicolas Sarkozy et une haine de Martine Aubry qui n'est pas sans rappeler les déclarations du milliardaire Pierre Bergé, le sponsor de Ségolène Royal :
"J'étais au QG de Ségolène la nuit où cela s'est passé pour le poste de Premier secrétaire. Quand les aubrystes ont compris que Ségolène allait l'emporter, ils ont trafiqué les résultats. Si Ségolène a besoin de moi aujourd'hui, je ferai les choses dans la légalité, mais je ferai sûrement quelque chose pour l'aider financièrement." […] " Martine Aubry est associée à une gauche qui n'est pas la mienne. Celle des Hamon ou des Jospin... Dans l'isoloir, je voterai sans doute pour elle mais je ne me vois pas la soutenir financièrement pour une campagne." […] Nicolas Sarkozy est un vrai ami. Je le connais depuis de nombreuses années. Nous avons participé ensemble à des actions contre le racisme et, depuis, j'ai avec lui des liens assez proches."
(Le Journal du Dimanche, janvier 2009)
Forte de ces soutiens prestigieux, Ségolène Royal a exhorté, samedi 28 mars, les adhérents de son association Désirs d'avenir, à se "faire respecter" au sein du PS. Elle en a profité par se faire acclamer au cris de "Ségolène Présidente".
Un culte de la personnalité non dissimulé anime ses supporters, et on en est à se demander ce que serait Désir d'Avenir sans Ségolène Royal. Rien bien sûr, et ce vedettariat laisse forcément les idées au second plan. La présidentialisation de la vie politique souhaitée par Nicolas Sarkozy semble trouver un écho dans ce nouveau peronisme à la française.
Mais puisque le respect est la revendication à la mode chez les partisans de madame Royal, il faudrait de la même manière que les militants de Désirs d'Avenir respectent un peu plus la direction du PS et Martine Aubry, et qu'ils soient plus socialistes que ségolistes.
Ce clip de propagande de Désirs d'Avenir est tout à fait révélateur : alors qu'on lui demande pourquoi elle ne crée pas son propre parti, Ségolène Royal répond qu'il faut aller à Désirs d'Avenir, "y ramener 10 personnes, c'est pas cher"... Monsieur Bergé évite les cotisations, c'est chouette le mécénat !