Dans un entretien filmé, le sénateur Masson explique que l'internaute doit assumer la reponsabilité de ses écrits, comme tout rédacteur, dont celui de tract, précise-t-il, cette position motivant sa proposition de loi interdisant l'anonymat des blogueurs. Il énonce dans une formule sybilline "On en arrive presque à ce que ça soit les gens diffamés qui sont responsables de pas se laisser diffamer"... Il conclut : "sur Internet, il y a des gens qui font n'importe quoi, dans un but malhonnête, il faut les sanctionner".
En lisant Stéphanie Hancq sur Le Nouvel Obs, on en apprend de belles sur le sens de l'éthique de monsieur Masson, qui juge certains des élus de sa région comme "pas très clairs, voire malhonnêtes, ou malfaisants".
Il faut reconnaître que monsieur Masson est un fin tactitien, clair, honnête et bienveillant, enfin presque :
En 1983, il fait imprimer des tracts anonymes diffamatoires à son encontre, pour faire porter le chapeau à son adversaire aux municipales de Metz et passer pour une pauvre victime. Démasqué, il devra retirer sa candidature.
En décembre 1997, aux législatives, il finance une fausse candidature s'opposant à sa liste, pour plomber son adversaire véritable. Il sera encore une fois démasqué, et condamné à un an d'inéligibilité alors qu'il venait d'être réélu comme député de la 3ème circonscription de la Moselle.
Le sénateur Masson doit s'imaginer que chaque blogueur est un génie de la machination, des coups tordus, des procédés les plus vils, à l'image de lui-même en quelque sorte. (J'exprime cette réflexion en tremblant, mon point de vue est-il honnête, tirer une conclusion d'ordre moral des conséquences d'une décision de justice, est-ce autorisé ?)
Mais monsieur le sénateur fait beaucoup d'honneur aux petits blogueurs anonymes, qui n'ont pas ce sens de la manipulation qui caractérise son parcours. Non, monsieur le sénateur, nous ne sommes que des médiocres, et non pas comme vous des élus de la République, que la valeur et le sens de l'éthique hissent au rôle de législateurs, gardiens de la morale et des mœurs.
Remercions la démocratie de nous offrir des élus si exemplaires.