C'est ce que suggère "The Guardian" dans un article titré "Worse than the taliban".
Le président afghan Hamid Karzai aurait signé une loi (non encore publiée) considérée par la sénatrice afghane Humaira Namati comme «pire que sous les talibans» pour les femmes.
Selon le journal anglais, cette loi interdirait aux femmes de sortir de chez elle, de chercher du travail, de s'éduquer ou d'aller chez le médecin sans la permission de leur époux. Un article de la loi interdirait aux femmes de refuser de faire l'amour avec leur mari (they cannot refuse their husband sex) !
Destinée à amadouer les religieux afghans, cette loi aurait une portée électoraliste a quelques mois de l'élection présidentielle.
D'un autre côté, la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton s'est prononcée la semaine dernière à La Haye en faveur d'une réconciliation avec les talibans ayant renoncé à la violence, dans son discours devant la conférence sur l'avenir de l'Afghanistan. Elle a rendu hommage au président afghan Hamid Karzaï, "qui joue un rôle dirigeant tellement crucial pour son pays".
La violence faite aux femmes est-elle comptabilisée par madame Clinton pour définir ces "extrémistes modérés" que seraient ces gentils talibans avec lesquels on peut discuter ?
Cependant, dans son rapport annuel sur les droits de l’homme en Afghanistan, les Nations Unies alertent sur la détérioration des droits des femmes et de l’enfant. Plus précisément, sur les fillettes violées. Malgré les mentions de la Constitution, l’Afghanistan d’Hamid Karzaï a « échoué à protéger les droits des femmes », indique le rapport annuel.
Le Directeur des Droits Humains en Afghanistan, Washama Frogh indique que « les viols sur mineurs ont dangereusement augmenté. Les fillettes de 9, 8, 7 ans et parfois même moins sont violées. Cette violence est tolérée et cantonnée au sein des familles et des communautés, au sein des cercles religieux et traditionnels aussi bien par le système judiciaire informel qui s’en inspire. […] Les violences domestiques concernant les mariages forcés sont largement répandus. Des filles de 10 ans sont mariées de force à des hommes de 40 ans leur aîné. De 50 ans donc. Au final, il arrive que les filles et les mères prennent la fuite ». (Continental News)
C'est donc pour arriver à ce résultat que l'Otan est intervenu en Afghanistan.
Certains humanistes s'en réjouissent. Sans doute ont-ils été abusés par les beaux discours de Nicolas Sarkozy, adepte de la technique du storytelling : Le président avait raconté à trois reprises aux Français, forcément indignés, comment les talibans amputaient d’une main les femmes qui portaient du vernis à ongles… À l’origine de ce récit, quatre lignes au conditionnel dans un rapport d’Amnesty International : en 1996 à Kaboul, des islamistes « auraient sectionné l’extrémité du pouce d’une femme »…
Le directeur du Comité international de la Croix-rouge déclare dans un communiqué :
"Je ne soulignerai jamais assez les souffrances individuelles et collectives effroyables que les Afghans – hommes, femmes et enfants confondus – ont enduré durant trois décennies et continuent d’endurer, aujourd’hui encore, dans une mesure qui dépasse l’entendement.
Ces trois dernières années, le CICR a signalé à maintes reprises que le conflit avait des répercussions toujours plus dramatiques sur la population civile. Aujourd’hui, nous sommes plus inquiets que jamais. Le conflit s’intensifie et s’étend à d’autres régions du territoire, tandis que le nombre de victimes civiles est nettement plus élevé qu’il y a un an. […] Ces dernières semaines, diverses sources – notamment les médias – ont évoqué le déploiement imminent de nouvelles troupes internationales, essentiellement américaines, et le risque réel de voir le conflit s’intensifier davantage encore."
Les soldats français de l'Otan, alliés de Hamid Karzaï, rendent-ils vraiment service aux femmes afghanes ? Un article de Riposte laïque affirme le contraire.
La question mérite d'être posée...