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Enseignant-chercheur en Géographie

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Tribune 19 juin 2024

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Enseignant-chercheur en Géographie

L’inacceptable répression d’élu·es syndicaux à l'IEP de Grenoble

Dans cette tribune, une centaine d'universitaires en science sociales dénoncent la répression syndicale en cours à l'Institut d'Études Politiques de Grenoble, alors même que cet établissement s'apprête à accueillir une importante manifestation scientifique.

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Le 2 juillet 2024, s’ouvrira le 17ème congrès de l’Association française de science politique dans les murs de l'Institut d'Études Politiques de Grenoble (Sciences Po Grenoble - UGA). Ce congrès, qui constitue un moment important de la recherche francophone en sciences sociales, sera aussi une vitrine pour Sciences Po Grenoble. Nous souhaitons de ce fait exprimer notre vive inquiétude quant à la situation actuelle de cet établissement, dans lequel une plainte a été déposée contre trois élu·e·s au Comité social d'administration (CSA). Au moment même où se tiendra le congrès, ils·elles sont convoqué·es au commissariat pour répondre de leur action en tant que représentant·es du personnel, sans bénéficier de la protection fonctionnelle, qui leur a été refusée par leur établissement.

Ces collègues avaient déjà été visé·e·s par une procédure d'enquête interne particulièrement opaque, puisqu'ils·elles n'ont jamais été informé·e·s ni auditionné·e·s. Le manque de transparence et l'absence de respect du contradictoire avaient suscité une forte réprobation au sein du personnel de l'établissement, choqué par ce qui constitue une atteinte manifeste à l'exercice de la fonction de représentant·es du personnel. Ces procédures, qui font suite à d'autres ayant visé des enseignant·e·s et des étudiant·e·s de manière arbitraire depuis 2021, mais aussi à une gestion répressive des mouvements sociaux étudiants récents, et à un projet d'externalisation des personnels de ménage mené de manière expéditive et contre l'avis exprimé par la communauté académique de l'établissement, posent question.

L’externalisation du service d’entretien apparaît comme une première étape dans l’exclusion des agents au plus bas de l’échelle (catégorie C). Cette logique laisse craindre que d'autres services puissent être concernés par la suite. Alors que Sciences Po Grenoble claironne son slogan « d’ouverture aux mondes », la pratique de sa direction témoigne surtout d'une exclusion des classes populaires. La souffrance au travail atteint en outre des proportions tout à fait préoccupantes. En l'espace de six mois, en 2022, 19 agent·e·s (tous services et toutes catégories) ont quitté l’établissement, souvent à la suite d’arrêts de travail et en témoignant de fortes pressions hiérarchiques. Selon un sondage mené par les élu·e·s au CSA fin 2023, 25% des membres du personnel ont été placés en arrêt maladie pour raisons professionnelles ces deux dernières années, 73% indiquent avoir été témoins de situations de tension liées au travail, et plus de la moitié estiment que la parole n’est pas libre dans l’établissement.

Loin d’être une situation isolée, Sciences Po Grenoble offre une représentation paroxystique des dérives d’une logique gestionnaire et autoritaire appliquée à l’enseignement supérieur. L’université est aujourd’hui malade de laisser prospérer une brutalité managériale qui brise et conduit au burn out les personnels administratifs comme les enseignant·e·s-chercheurs·ses, tout en excluant certaines professions considérées comme "périphériques" (nettoyage, manutention…). Les poursuites engagées contre nos trois collègues constituent finalement des procédures-bâillons, contre des élu·e·s qui ont assuré leur travail de représentant·e·s du personnel, en alertant sur des situations de souffrance au sein de l'établissement et en s'opposant à la précarisation du personnel. Nous exprimons donc notre crainte que le congrès de l'AFSP puisse apparaître comme un soutien à la politique menée par la direction de l'IEP de Grenoble et demandons à celle-ci de prendre position sur les poursuites engagées contre nos collègues.

Signataires

Gwenola Le Naour, Sciences Po Lyon

Jean Rivière, Nantes Université

Chloé Gaboriaux, Sciences Po Lyon

Fanny Gallot, UPEC

Isabelle Garcin-Marrou, Sciences Po Lyon

Vincent Gay, Université Paris Cité

Sophie Béroud, Université Lyon 2

Julien Louis, Université Lyon 2

Sylvie Tissot, Université Paris 8

Pierre Gilbert, Université Paris 8

Élie Guéraut, Université Clermont Auvergne

Camille Al Dabaghy, Université Paris 8

Médéric Martin-Mazé,  Université Paris 8

Stéphane Cadiou, Université Lyon 2

Max Rousseau, CIRAD

Pierre Rouxel, Université Rennes 2

Julien O’Miel, Université de Lille

Clémentine Gozlan, Université de Versailles Saint Quentin en Yvelines

Doris Buu-Sao, Université de Lille

Virginie Dutoya, CNRS, EHESS

Anne Verjus, CNRS

Grégory Salle, CNRS

Jean-Baptiste Comby, Nantes Université

Christophe Bonneuil, CNRS

Jérôme Lamy, CNRS

Alizée Delpierre, CNRS

Emmanuel Martinais, ENTPE

Paula Cossart, Université de Lille

Eric Soriano, Université Paul Valéry-Montpellier

Clément Barbier, Université Polytechnique des Hauts-de-France à Valenciennes

Thomas Alam, Université de Lille

Christophe Le Digol, Université Paris Nanterre

Julien Talpin, CNRS, Université de Lille

Arnaud Saint-Martin, CNRS

Guillaume Mouralis, CNRS

Isabelle Bruno, Université de Lille

Adèle Momméja, CNRS

Frédérique Matonti, Université Paris 1

François Buton, CNRS

Gaëlle Ronsin, Université Franche-Comté

Fabien Desage, Université de Lille

Claire Lemercier, CNRS

Cédric Passard, Sciences Po Lille

Julie Gervais, Université Paris 1

Olivier Grojean, Université Paris 1

Eric Fassin, Université Paris 8

Loïc Le Pape, Université Paris 1

Jérôme Tournadre, CNRS

Flora Bajard, CNRS

Delphine Pouchain, IEP de Lille

Cecile Leconte, IEP de Lille

Karel Yon, CNRS, Université Paris Nanterre

Boris Gobille, ENS de Lyon

Emilien Julliard, CNRS, Université Paris Nanterre

Anne Marchand, Université Sorbonne Paris Nord

Maud Simonet, CNRS, Université Paris Nanterre

Guillaume Gourgues, Université Lyon 2

Samuel Hayat, CNRS, Sciences Po Paris

Valentin Behr, CNRS

Christèle Lagier, Avignon université

Magali Dreyfus, CNRS

Pascal Bonnard, Université Jean Monnet de St-Étienne

Jessica Sainty, Avignon université

Fanny Vincent, Université Jean Monnet Saint-Etienne

Elise Julien, Sciences Po Lille

Jeanne Toutous, Université Paris Nanterre

Pierre-Yves Baudot, Université Paris-Dauphine

Catherine Achin, Université Paris Dauphine

Ouassim Hamzaoui, Avignon Université

Fanny Bugnon, Université Rennes 2

Leny Patinaux, Université de Limoges

Céline Pessis, AgroParisTech

Sara Aguiton, CNRS

Valérie Rolle, Nantes Université

Cécile Jouhanneau, Université Paul Valéry Montpellier

Pierre-André Juven, CNRS

Renaud Epstein, Sciences Po Saint-Germain-en-Laye

Laurent Jeanpierre, Université Paris 1

Béatrice Maurines, Université Lyon 2

Sidonie Verhaeghe, Université de Lille

Christelle Gramaglia, INRAE Montpellier

Christelle Morel Journel, Université de Saint-Etienne

 Emilie Lanciano, Université Lumière Lyon 2

Thomas Boccon-Gibod, Université Grenoble Alpes

Florian Charvolin, CNRS Centre Max Weber

Pauline Delage, CNRS

Julien Barroche, Sciences Po Lyon

Emmanuel Taïeb, Sciences Po Lyon

Vincent-Arnaud Chappe, CNRS

Frédéric Nicolas, Université Paul Valéry Montpellier

Vianney Schlegel, Université de Lille

Anaik Purenne, Université de Lyon

Christian Le Bart, Sciences Po Rennes

Sarah Mazouz, CNRS

Laurence Proteau. Université d'Amiens

Renaud Hourcade, CNRS

Della Sudda Magali, CNRS CED

Tonya Tartour, Sciences Po Bordeaux

Emmanuelle Reungoat, Université de Montpellier

Eve Meuret-Campfort, CNRS