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Billet de blog 4 septembre 2011

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François Hollande ? Il n'y a pas d'énigme !

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À propos de l'article de Laurent Mauduit paru le 2/9/2011 (http://www.mediapart.fr/journal/france/020911/lenigme-francois-hollande), je reprends un commentaire que je souhaiterais compléter par la suite.

Je ne conteste pas le message principal de l'article, à savoir que François Hollande soit en train d'envoyer des messages à un électorat de centre-droit, à se mettre en relation avec des économistes orthodoxes, et à adopter lui-même des positions tendant à l'orthodoxie ou à une politique de l'offre, anti-keynésienne. Je me pose surtout des questions sur les présupposés de l'article, à commencer par l'adhésion qu'il suppose à des marqueurs identitaires de la gauche dont Laurent Mauduit semble supposer qu'ils seraient évidents et intouchables : défense et révalorisation du SMIC, opposition à une politique de désendettement de l'État fondée sur des règles comme celle du 3%, remise en cause de l'allongement de la durée de cotisation pour les retraites. Pourtant, sur presque chaque point, cela mériterait réflexion et discussion : à quoi bon, en effet, remplacer une orthodoxie ultralibérale par une autre orthodoxie ?

Si le libéralisme est bon à quelque chose, c'est peut-être justement à formuler une critique de l'action de l'État qui ne soit pas obligatoirement destructrice : à l'époque où la France avait ce qu'on appelait un Plan, c'est à dire des objectifs économiques, une politique industrielle, etc... des "libéraux" (selon les termes de l'époque) y ont participé. Sur le plan proprement politique, sur celui de la circulation des personnes, sur celui de l'accès de chacun à des moyens de changer sa vie par lui-même, ce que Sen appelle "les capacités", sur l'idéal d'émanciper les individus, l'étiquette "libérale" me semble avoir été fortement dévoyée par rapport à ce qu'elle signifiait au XIXe sièce et à ce qu'elle signifie encore aux États-Unis, devenant presque synonyme de "conservateur" en France. Hollande s'affiche avec des libéraux ou marque sa distance avec une partie du programme du PS, ou, en tout cas, il ne manifeste pas suffisamment le souci de remettre en cause la hausse des inégalités, la réduction de la marge de manoeuvre de l'état, l'amoindrissement de l'État Social, soit : on peut aussi reconnaître qu'il s'aventure là sur des terrains dont il faudra bien parler avant le 2nd tour et même avant le premier.

Sur ce dernier point, selon lequel il serait par là-même en train de se tirer une balle dans le pied, j'ai là aussi l'impression de lire de fausses évidences : certes, le PS doit répondre aux attentes de toute la gauche, et il le fait sans doute mal ; d'aucuns n'en attendent plus rien : se déplaceront-ils alors à cette primaire ? Mais une partie importante de l'électorat n'a pas d'appartenance partisane fixe. Je pense qu'une partie importante de la droite et du centre-droit s'est détournée de Nicolas Sarkozy et n'attend pour voter PS qu'une chose : que celui-ci se démarque d'un certain nombre d'épouvantails à classes moyennes et apparaissent comme capable de retourner aux affaires, et de lutter contre la crise avec des armes qu'elle soit capable de comprendre. Il se peut qu'une fraction de cet électorat se déplace à la primaire socialiste, en particulier au second tour. Une autre fraction de l'électorat de gauche attend le candidat qui donnera à la gauche une chance de l'emporter, c'est à dire de rassembler au delà de la gauche classique, qui ne me semble pas clairement majoritaire. Cette "tactique" me paraît relativement plus facile à mettre en oeuvre que celle consistant à ramener une partie des abstentionnistes sur le chemin des urnes par des propositions radicales (on peut rêver d'une campagne qui réconcilierait ces deux objectifs au lieu de les opposer). Depuis le démarrage de sa campagne, François Hollande essaye d'apparaître comme LE candidat sérieux, le candidat "raisonnable" : il y a des chances que cette stratégie soit payante, et il faudra plus que des rappels à l'orthodoxie de la gauche historique pour détourner les électeurs de gauche de cette stratégie, car elle est loin d'être absurde.

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