Bonjour,
je poste ma réaction à la lecture par Laurent Mucchielli du rapport Bockel qui porte sur deux points particuliers...J'espère une réaction prochaine du collectif "pas de zéro de conduite"...
http://www.pasde0deconduite.org/
Avez-vous remarqué comment le pouvoir sarkozyste utilise les transfuges du PS pour les mettre en première ligne sur tous les sujets où le gouvernement adopte les postures les plus droitières, les plus extrémistes, au sens où les politiques adoptées méprisent royalement l'action des acteurs de terrain, des associations mobilisées.
Pour l'immigration ("et l'identité nationale", "identité" qui semble assez soluble dans les idées du FN et du rejet de l'autre, puisque le travail concret effectué par ce ministère consiste essentiellement à continuer à fabriquer des boucs émissaires, non-citoyens sans droits et sans voix que sont les sans-papiers, à punir ceux qui osent leur venir concrètement en aide, et à en expulser une certaine quantité pour satisfaire à des "objectifs chiffrés" ou spectaculaires), ce fut donc Éric Besson, auteur, du temps où il soutenait Ségolène Royal, d'une critique en règle des propositions sarkozystes en matière d'immigration.
Pour la sécurité, et la reprise des idées les plus dévoyées sur la prévention de la délinquance, fondées sur la stigmatisation des enfants des classes et des quartiers populaires, ce sera donc Bockel.
J'ignore ce que deviendront ces gesticulations, qui sont très inquiétantes, quoi qu'on en dise, car ce pouvoir montre une surdité toujours plus forte à tout ce qui peut ressembler à des objections, quand bien même elles émanent de son propre camp.
On peut penser que Bockel a mis dans son rapport ce que Sarkozy voulait qu'il y mettre, notamment certaines idées-phares, marottes, ou dérapages stratégiques : souvenons-nous qu'en ce moment, on "clive". Mais au delà, ces reniements obtenus avec une si grande facilité, peut-être sans même que le président ait à demander quoi que ce soit explicitement à son ministre, laissent croire à la confusion des frontières idéologiques : des transfuges de la gauche, dont on pourrait penser qu'ils partageaient au moins certaines valeurs, se mettent à développer des discours mettant en valeur les idées les plus problématiques du programme présidentiel, les plus contraires à l'idée d'une égalité des chances (du moins pour quiconque se fait une idée un peu précise de l'effet des anticipations que l'on fait sur de très jeunes enfants, lorsque ces enfants et leur milieu familial sont par ailleurs assez dépourvus de moyens de résister aux "expertises" que certains appellent de leurs voeux ; or, la stigmatisation des enfants des classes populaires existe déjà, et produit déjà des effets : sur le rapport à l'avenir des enfants de ces classes, ce que Bourdieu appelait la "causalité du probable", cette conscience généralisée d'une criminalité plus forte des "classes dangereuses", définies par leur habitat ou leurs origines géographiques et racines religieuses).
C'est la "prévention" mais dans ce vieux sens d'avoir des "préventions" contre quelqu'un, et non de chercher à l'aider à jouer contre le destin probable ou assigné ; c'est le sens commun désespéré, désenchanté, à qui "on ne la fait pas", qui se dégage des luttes internes aux classes dominées et de ce qu'elles subissent au quotidien, élevé au rang d'une vérité d'État, qui ne cherche même plus à proposer une autre issue (où est passée la politique de la ville ?). C'est la "raccaille" dont on voudrait faire une catégorie d'action publique, après avoir entendu ce mot, qui chasse tout espoir de progrès social, de perspective d'avenirs pour les jeunes qui y sont renvoyés, dans la bouche du président actuel de la République Française.
L'article original :
http://www.mediapart.frhttp://blogs.mediapart.fr/blog/laurent-mucchielli/041110/prevention-de-la-delinquance-la-vieille-lecon-de-morale-de-j-m-b
En prolongement, un billet auquel je tiens (le temps efface les billets de blog) sur la nécessité d'un front populaire :
http://www.mediapart.frhttp://blogs.mediapart.fr/blog/ro/251010/le-cas-de-la-gauche-en-general-et-du-ps-en-particulier-lurgence-dun-front-popula