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Billet de blog 7 novembre 2010

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La gauche prête à s'étriper

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Encore une reprise, le temps effaçant les traces des discussions, qui reprennent inlassablement sur les mêmes points, les mêmes humeurs. C'est donc une humeur aussi et oui, le titre est très excessif (les débats visés étant plutôt constructifs par ailleurs, dans l'ensemble...). je changerai si je trouve mieux, hein.

http://www.mediapart.fr/journal/france/061110/retraites-la-gauche-prete-prendre-le-relais

Toutes les personnes qui débattent ici ne me semblent réellement en désaccord que sur des points, qui, pour importants qu'ils soient, ne sont peut-être pas aussi essentiels aujourd'hui qu'ils ont pu l'être au moment du rejet du traité constitutionnel, par exemple : d'abord, les moyens de s'en sortir, et accessoirement la place du PS, par rapport à la crise que traverse ce pays actuellement (ou son absence de place), celle, éventuellement, de l'Europe (ou son absence de place). Tous en revanche s'accordent sur la légitimité du mouvement militant qui s'est construit en marge du PS et des centrales syndicales, sur le rôle pervers du capitalisme actuel, qualifié de néo-libéralisme (s'il vous plaît, libérez-nous de l'amalgame entre libéralisme et culte dévot de la libre-entreprise et de la liberté de faire voyager les marchandises à travers les frontières ; nous pourrons alors penser, non seulement à la Résistance, mais aussi à la Libération, pour renvoyer à d'autres époques auxquelles nous sommes beaucoup à songer en ce moment, même si nous n'y étions pas !). Je ne m'insurgerai pas contre la critique du PS, de ses reniements, de ses ambiguïtés, de sa frilosité : elle est ô combien justifiée ! Je ne m'élèverai pas davantage contre l'envie de le déborder, de le contourner, voire de l'envoyer aux poubelles de l'histoire ! Pourquoi pas, du moment que fleurit ce grand mouvement populaire que tous semblent souhaiter ardemment ! Le scepticisme doit sans doute l'emporter envers un nouveau programme commun, surtout si il s'agit d'une stratégie pour refaire à tout ce qui est à gauche du PS, le coup que Mitterrand a fait aux communistes français. Quant aux primaires de la gauche, si c'était, là, la seule proposition, elle nous conduirait à coup sûr à la catastrophe, toute la gauche se trouvant pour le coup accusée de la même vacuité que le PS !

Qu'on débatte donc des suites à donner à ce mouvement, de nos moyens de reprendre nos vies en main, de nous insurger, de résister, de retrouver du temps pour manifester des voeux contraire à ceux d'un pouvoir qui semble avoir entrepris de casser toutes les solidarités dans ce pays. Mais qu'on songe aussi qu'au delà de ce consensus, et du fait que tel ou tel parti ait gouverné, en pactisant avec certaines fausses évidences de notre époque, cela ne dessinera nullement un autre chemin, sans qu'il y ait de nouvelles oppositions. Qu'il y ait ou non un grand soir, une destitution, une nouvelle assemblée constituante, ou rien de tout cela : une simple alternance ; tout, plutôt que la reconduction de Sarkozy, de l'État au service d'une toute petite f(r)action de la population, assise sur ses privilèges, faisant de toutes les protections sociales autant de privilèges face à ses prérogatives, à sa liberté de licencier, délocaliser, acheter à vil prix, exploiter, sous-payer, le tout en payant le moins possible d'impôts dans ce pays ; bref, quoi qu'il arrive pour que nous en sortions enfin, ceux qui seront un jour amené à incarner ce changement devront faire ou ratifier un choix entre une multitude de positions contradictoires, qui sont celles de ce mouvement. Il faudrait, il serait bien, que ce choix soit un tant soit peu démocratique dans sa conduite, dans la participation de tous ces savoirs de terrain (ceux des syndicalistes, ceux des travailleurs sociaux, ceux des élus de terrain, ceux des citoyens en général) qui sont aujourd'hui méprisés.

Pour moi, le fait qu'en ce lieu (comme en d'autres), nous soyons innombrables à privilégier nos humeurs contre tel ou tel leader ou parti, sans voir qu'il est inévitable que ces partis n'aient rien à proposer tant que nous ne sommes pas capable collectivement de construire des consensus, fussent-ils locaux, circonstanciels, cet affrontement de petites différences, certes importantes, mais peut-être pas tant que ça, augure bien mal de l'avenir. Bien sûr, sous la houlette d'un Jospin ou d'un Mitterrand, le PS a pu paraître capable par le passé de mettre bout à bout des propositions, dont l'énumération pouvait fédérer et rassembler assez de personnes qui y voyaient une concrétisation possible des principes d'une gauche, d'un socialisme, d'une vision plus généreuse, plus solidaire, plus progressiste de l'avenir de notre société. Mais nous n'en avons pas aujourd'hui, nous ne sommes plus dans la situation d'une société qui aspire à un partage du progrès économique (même si il est bon de rappeler que ce pays continue à produire de plus en plus de "richesses", même au sens du PIB) : nous sommes face à la destruction ou à l'effritement de ce qui nous est présenté comme une spécificité nationale, dans ce qu'on nous présente comme une concurrence entre pays dont les "marchés" seraient l'arbitre ultime. Cette spécificité, l'existence de systèmes de solidarités collectives et d'investissements collectifs sur l'éducation notamment, qui n'ont pas encore fait leur apparition à une échelle supra-nationale (peut-être que cela ne sera jamais, d'ailleurs), est mise sur le même plan par certains idéologues de droite, que le socialisme version stalinienne que l'anticommunisme a tant exploité au cours des 65 dernières années, pour enfin mettre à mal tout ce qui mettait en doute ou en cause le sacro-saint droit de propriété, la sacro-saintes lois de la concurrence pure et parfaite.

Qu'il soit permis de rappeler ici la faiblesse de ce mouvement, faiblesse qui vient des divisions et du manque général de clarté de cette gauche, et de l'incapacité à imaginer des alliances entre ses composantes antagonistes. Oui, des alliances, des compromis, pas des magouilles ou des compromissions : le simple fait de reconnaître que si nous ne nous allions pas, entre ces socialistes si peu authentiques, ces verts un peu caméléons, ces mélenchonistes si opportunistes, ces anticapitalistes si irréalistes, ces révolutionnaires si archaïques, bref, tous ces gens qui se balancent la vaisselle à la figure dès qu'ils en ont l'occasion, mais devraient pourtant être capables de s'accorder, un peu, sur l'essentiel, alors nous allons, tout simplement, dans le mur. Je suis peut-être naïf, et je sais qu'une alliance ne viendra pas des appareils. Mais qu'au moins, chez ceux qui ne sont pas aux manettes, qui ne viennent pas de cette fameuse énarchie formatée, qu'on réalise enfin, pour une fois, que tout ce monde pourrait se battre pour la même chose. Et pas seulement (mais aussi) contre la réforme des retraites.

http://www.mediapart.frhttp://blogs.mediapart.fr/blog/ro/251010/le-cas-de-la-gauche-en-general-et-du-ps-en-particulier-lurgence-dun-front-popula

Amitiés à touTEs

Titre modifié dans la foulée, pour un clin d'oeil à l'article ; ce fut brièvement : "Oui, continuons à nous étriper !"

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