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Billet de blog 23 avril 2012

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"je ne suis pas raciste mais..."

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Petit commentaire en attente de publication sur un billet de blog du Monde, à lire de préférence pour comprendre de quoi je parle (ou à ne pas lire si vous ne lisez pas le présent billet).

"je ne suis pas raciste mais..." mais quoi ? "il y a des choses" quelles choses ?
C'est fou comme ceux qui votent pour la même personne que nos racistes un peu enragés, anti-musulmans, et colporteurs de bonnes histoires sur ceux qu'ils appellent "les étrangers" commencent souvent leurs phrases par "je ne suis pas raciste mais"...
Mais c'est vrai que la droite aux abois a trouvé la bonne formule pour excuser tout, absolument tout : tout est de la faute de la crise. C'est sûr qu'avec la crise, on ne peut même plus s'afficher avec ses bienfaiteurs, ceux pour qui on travaille vraiment. C'est sûr qu'avec la crise, au lieu d'être solidaires, les français risquent de préférer s'en prendre à leurs voisins de pallier, plus faciles à identifier que les actionnaires de l'entreprise du coin, entreprises que ces mêmes actionnaires ont fait fermer, ou même que l'inspecteur d'académie qui supprime toutes les RASED et quelques classes dans le collège d'à-côté, où la rentrée promet d'être chaude.
C'est sûr que les innombrables histoires de ceux qui ont trimé au côté des français (eux mêmes nés des vagues précédentes, souvent), ou dans des métiers que ces derniers ne voulaient plus faire, ont élevé leurs enfants dans un pays parfois hostile, du mieux qu'ils ont pu, et ont vécu éventuellement avec les français qui restaient le délabrement de certains quartiers, le déclin de certaines industries, ont des histoires moins frappantes à raconter, qui prennent plus de temps que les raccourcis du genre "le bruit et l'odeur".
On a bien des excuses pour dire des conneries quand le mauvais exemple vient du sommet de l'état, de toute façon. Bien sûr qu'il ne faut pas être méprisant (merci beaucoup aux dignitaires de l'UMP pour cette leçon bienvenue de respect de la dignité humaine...), mais il y a des idées et des raccourcis qui mènent au pire. Il faut le dire. Sans relâche.
Il serait peut-être temps de dire aussi que ceux des jeunes de banlieue qui font du business, ne croient qu'au fric, et ont des comportements parfois inciviques, voire odieux ou violents, et qui donnent (je suppose) une mauvaise image des immigrés parce que certains le sont (pas tous) sont un problème à 100% français, un authentique problème national de la France. L'Algérie, le Maroc, la Tunisie, les autres pays de notre ancien empire colonial n'ont pas décidé de construire et d'abandonner nos banlieues à leur sort, de faire des politiques plus ou moins bien inspirées mais manquant totalement de suivi, d'encourager la grande centrifugeuse sociale (qui renvoie la "crème" des banlieues dans des quartiers plus préservés), puis d'envoyer (après avoir liquidé la police de proximité) des flics apeurés, surarmés, et parfois (mais trop souvent) un peu racistes (dans leurs propos ou dans leurs actes), ce qui a tendance à aggraver le problème plutôt qu'à le résoudre (au demeurant, comment demeurer antiraciste en acte quand on a à faire quotidiennement des contrôles au faciès, pour chasser les sans-papiers et plus largement tous ceux qui n'ont d'accès que très difficilement à l'économie officielle, et ont donc assez logiquement tendance à se tourner vers des activités illégales). Guéant a osé dire que "l'accroissement du nombre de musulmans" posait problème : ce qui pose vraiment un problème, c'est qu'un pouvoir (par la voix d'un ministre de l'intérieur et des cultes, ce qui est un comble : où est la laïcité dans cette absence totale de neutralité ?) qui n'a plus du tout la volonté d'intégrer économiquement, civiquement, socialement, toute une partie de la population du pays qu'il est censé diriger, préfère la montrer du doigt. Si il avait dit "juifs" au lieu de "musulmans", tout le monde aurait pensé à l'époque à laquelle M.Guéant nous ramène, mais comme il a dit "musulman", on va encore me dire que c'est moi qui exagère.

Il reste que ce n'est pas en maltraitant les sans-papiers et leurs enfants, ni en retirant leur titre de séjour à ceux qui en ont un qu'on va résoudre, le moins du monde, les problèmes de ceux qui votent Le Pen pour ces raisons-là. Ecrasons l'infâme, et quant à ceux qui l'écoutent, cessons de leur cacher que malgré la crise, malgré leurs problèmes, malgré leur droit à être écoutés, ils sont à côté de la plaque. A moins que la guerre civile, la guerre ethnique ou la guerre des religions soient la quintessence de la politique qu'il nous faut, auquel cas c'est moi qui suis à côté de la plaque.

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