Pour ses trente ans, le mensuel Alternatives économiques a mis le chômage à la Une. C'est si peu courant dans le paysage des médias établis qu'il n'est pas inutile de le souligner.
Et c'est d'autant plus remarquable qu'Alter Eco est un magazine d'économie. Comme chacun sait, l'économie officielle (libérale, néolibérale, dominante...) considère que le chômage n'est pas un sujet d'études pour l'économie.
A vrai dire, il ne s'agit pas d'un dossier, comme l'on pourrait s'y attendre, notamment en raison du titre ( Chômage : comment en sortir ) mais d'une synthèse mettant l'accent sur les propositions, les pistes, les solutions. Bonne pioche. Car le constat est devenu lassant, surtout pour les chômeurs, bien placés pour savoir que le chômage et la précarité ce n'est pas ce qu'on en dit dans le discours dominant répétitif que l'on nous ressert en chaque fin de mois au moment de la publication des chiffres du chômage.
Quelles propositions ? Le débat est ouvert. Alter Eco distingue cinq chapitres : la croissance ; la réduction du temps de travail ; la flexibilité ; l'abaissement du coût du travail ; la conversion de l'économie à l'écologie.
Le principal mérite de cette énumération est de montrer qu'il y a des pistes multiples. A condition aussi d'admettre que la liste ne doit pas être fermée.
Chacun des chapitres en question mérite discussion. Alter Eco ne manque pas de souligner les impasses dans lesquelles certaines soit-disant solutions nous entraînent depuis trente ans et les problèmes posés par les pistes qui peuvent apparaître comme les plus prometteuses.
Bref, contre le chômage on n'a pas encore tout essayé ni même essayé de penser. Peut-être pourrait-on, à partir de là, poursuivre le débat. Ceux qui sont d'accord pour dire que le chômage n'est pas une fatalité devrait travailler à co-élaborer les objectifs, les mesures à mettre en œuvre étant entendu qu'il n'y a pas de solution miracle ni de prophète pour nous les révéler.
Il serait peut-être temps que les propositions des acteurs soient entendues, au besoin soumises à la critique. Et que certains de ces acteurs, notamment les syndicats et à fortiori les partis politiques acceptent eux-mêmes de débattre plutôt que de nous asséner leurs convictions préfabriquées.
Sans doute faudrait-il aussi que l'on imagine le cadre de ce débat, car à l'heure actuelle le fonctionnement des grands médias ne permet pas d'en trouver le lieu. A moins que grâce à Internet on ne trouve les voies d'un dialogue participatif jusqu'à ce jour peu esquissé sauf pendant la campagne du référendum sur l'Europe...
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