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Billet de blog 16 avril 2012

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Au secours, Hirsch revient !

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

 « J’ai l’intention de voter pour François Hollande » déclare Martin Hirsch dans un entretien au journal Le Monde (16/04/12). Son offre de service est claire. Après avoir été un des symboles du quinquennat de Nicolas Sarkozy, le promoteur du RSA s’invite sur la liste des ministrables d’un éventuel gouvernement de gauche.

 Pour les personnes sans emploi en général et les allocataires du RSA, ce n’est pas une bonne nouvelle. Pas plus que pour l’ensemble des salariés. La réforme du RMI, qui a fait place au RSA, a été l’une des pièces maîtresse de la politique sarkozyste de précarisation de l’emploi.

 Rappelons les faits. Monsieur Hirsch a été tout au long de ces cinq années un symbole pour la politique de la droite et du Medef.

 Sur le plan politique, il a fait partie de ces « prises de guerre » que Sarkozy a exhibées comme des trophées : les ralliés à sa politique, transfuges d’une certaine gauche. Ils ont servi d’alibi politique, sous couvert de pragmatisme, pour faire passer le pire des orientations réactionnaires dans leur domaine de responsabilité ministérielle.

 Sur le plan économique, l’institution du RSA a permis d’institutionnaliser un peu plus la précarité salariale. Sous couvert de permettre à des allocataires de l’ancien RMI de retrouver du travail, il permet de faire payer par la collectivité l’ultra-flexibilité voulue par les actionnaires du système financier. Il rend acceptable aux yeux de l’opinion publique le statut de précaire à vie. Il ouvre un nouveau front contre le CDI. Il sanctuarise enfin un statut de salarié-chômeur non indemnisé par l’assurance chômage.

 Sur le plan social, loin d’être un progrès comme l’avait été la création du RMI à son époque, il place les personnes sans emploi en demeure d’accepter le système de précarité contre quelques euros. Ce qui ne leur permet pas de sortir du chômage et du sous-emploi précaire, avec des revenus en dessous du seuil de pauvreté.

 Qu’il parte avec Sarkozy

 Les évaluations du RSA, qu’elles émanent de rapports officiels ou des remontées de terrain des associations et des travailleurs sociaux, sont sans appel. Les objectifs affichés lors de la création du RSA, essentiellement le retour à l’emploi, n’étaient qu’un leurre. On ne peut même pas dire que le RSA soit un échec, tant il a rempli sa fonction essentielle : servir d’alibi à une politique de l’emploi qui fait accepter le chômage comme une donnée permanente. Quant au recul de la pauvreté, qui peut aujourd’hui affirmer sans rire que le RSA à contribué à autre chose que sa pérennisation ?

 En définitive, il a été le support concret de la campagne idéologique de stigmatisation des sans-emplois. Le discours sur l’assistanat tenu par Sarkozy a trouvé des aliments dans un dispositif qui infantilise les personnes sans emploi en prétendant leur montrer le bon chemin. Sa logique interne de contrôle social a permis au président de la République de greffer son discours indigne sur les heures de travail obligatoire dues par les chômeurs.

 Et c’est bien ce M. Hirsch qui aujourd’hui fait des offres de service ? Les candidats de gauche s’honoreraient en disant clairement que le dispositif du RSA ne peut être laissé en l’état. Et que, de tous les prétendants à cette réforme, Martin Hirsch est certainement le moins légitime pour donner son avis. Qu’il parte, en même temps que Sarkozy et les politiques menées par la droite depuis cinq ans.

 Robert Crémieux / lundi 16 avril 2012

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