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Billet de blog 11 juillet 2024

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Critiquer une personne juive ne fait pas de vous mécaniquement un antisémite

Les allégations d'antisémitisme de J. Pardo vis-à-vis de LFI ne peuvent être rationnellement acceptées et peuvent même être souvent taxées de racistes. Sincères sans aucun doute, elles témoignent d'une hypersensibilité à l'antisémitisme qui voit dans toute critique de l'acte d'un Juif la critique d'un Juif quel que soit son acte et non la critique d'un acte. Par Robert Joumard et Jean-Yves Sage.

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D'après nombre de commentateurs, le mouvement de la France Insoumise serait antisémite. Pour beaucoup d'opposants politiques à ce mouvement et plus généralement au Nouveau Front Populaire, on pourrait considérer que c'est de bonne guerre ; mais l'antisémitisme étant abominable, c'est plutôt abject quand cette accusation n'est pas prouvée.

Plus intéressants sont ceux qui, à gauche, soutiennent la même accusation, car on ne peut pas a priori les suspecter d'instrumentaliser l'antisémitisme à des fins politiciennes. Il en est ainsi d'Arié Alimi et Vincent Lemire dans une tribune du Monde du 20 juin 2024. Mais ils se contentent de tenir pour acquis un « antisémitisme contextuel, populiste et électoraliste instrumentalisé par certains membres de La France insoumise », sans plus de précision et donc sans preuve, et de contester le caractère résiduel de l'antisémitisme selon Jean-Luc Mélenchon en reprenant les chiffres du ministère de l'intérieur ou du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), sans questionner la validité du caractère effectivement antisémite des actes recensés. Ce questionnement nous paraît indispensable quand on connaît la propension de Gérald Darmanin et du Crif à voir de l'antisémitisme où il n'y en a pas (comme les étoiles de David bleues taguées sur des murs à Paris). Cela nous semble un peu court pour une accusation aussi grave.

Le texte de Jonas Pardo dans son blog Mediapart publié le 26 juin, quelques jours avant le premier tour des élections législatives, est plus intéressant car plus précis. Jonas Pardo se présente comme Juif de gauche, militant antiraciste, engagé dans des mouvements de jeunesse juifs, militant syndicaliste, membre du collectif Golem, et animateur d'un atelier de formation à la lutte contre l’antisémitisme. Il voit dans le Nouveau Front Populaire "un espoir face au risque probable de l’avènement d’une extrême droite nationale-populiste, peut être néo-fasciste mais certainement raciste et antisémite". Dans son blog, il estime que "la France Insoumise est pourrie par l’antisémitisme". Le long texte lui-même ne donne guère d'exemples de cet antisémitisme, se contentant de considérations générales et d'accusations sans preuve. En revanche, J. Pardo liste ensuite pas moins de trente allégations d'antisémitisme de LFI. Ces accusations visent essentiellement Jean-Luc Mélenchon (JLM), cité vingt et une fois, et secondairement des personnalités de LFI : Rima Hassan trois fois, Danièle Obono et David Guiraud deux fois chacun, Emmanuel Bompard, Louis Boyard, Aymeric Caron, Eric Coquerel, Alma Dufour, Mathilde Panot, Danielle Simonnet et Ersilia Soudais une fois chacun.

Analyse rationnelle des allégations d'antisémitisme

Comme J. Pardo se "place sur le terrain de la bataille intellectuelle", on est en droit d'exiger que ses accusations soient référencées et argumentées correctement. Nous avons donc analysé chacune des allégations d'antisémitisme listées par J. Pardo.

Tout d'abord le sous-titre chapeautant l'ensemble des trente allégations "Réactivation d’accusations historiques faites aux Juifs" est problématique car il parle d'accusations faites aux Juifs, c'est-à-dire à tous les Juifs, et non à des Juifs, alors que la plupart des allégations ne concernent que certaines personnes juives et non l'ensemble de la communauté.

Quatre allégations 3 ne sont pas sourcées ou renvoient vers un texte d'accès payant dont aucun extrait n'est proposé. Ce manque de transparence quant à des accusations gravissimes est des plus préoccupant.

Ensuite onze allégations 4 surinterprètent manifestement les propos tenus. Par exemple, "Aymeric Caron considère les homicides antisémites comme des faits divers, en particulier celui d’Ilan Halimi ou celui des enfants d’Ozar Hatorah. Il vaudrait mieux ne pas en parler." Or selon wikipédia, "Le fait divers […] est, en journalisme, un type d'événement qui n'est classable dans aucune des rubriques qui composent habituellement un média d'actualité (international, national, politique, économie, etc.). […] Il s'agit généralement d'événements tragiques, tels que les crimes, les accidents, les larcins." Appeler fait divers un crime, même monstrueux, correspond donc au sens courant du terme. Autre exemple : "Simonnet et Obono invitent Jeremy Corbyn pendant la campagne pour les législatives en France. Elles invectivent ceux qui remettent en question cette invitation : « Honte à vous. Jeremy Corbyn n’a jamais tenu un seul propos antisémite mais a été victime d’une grossière manip’ parce qu’il incarnait l’aile gauche ». Corbyn ne peut être antisémite, parce qu’il est de gauche. L’accusation d’antisémitisme serait donc un coup de la droite." Or les propos cités disent seulement que l'accusation d'antisémitisme à l'encontre de J. Corbyn est infondée, et par ailleurs que cette accusation n'est qu'une manipulation de la droite. L'oxymore antisémite de gauche est inventé par J. Pardo.

Autre exemple de surinterprétation : "Antiracisme procédurier, Jean-Luc Mélenchon prétend que l’antisémitisme ne pourrait traverser son parti si la justice ne l’a pas établie. Dans ce cas-là, Marine Le Pen ne serait pas raciste, puisque jamais condamnée pour racisme ? « Personne n’a porté plainte contre moi pour antisémitisme, pourtant c’est un délit en France. C’est donc que nos accusateurs n’y croient pas eux-mêmes »" En fait, dans l'interview de JLM en référence qui porte sur Gaza, JLM dit : "Personne n’a porté plainte contre moi pour antisémitisme, pourtant c’est un délit en France. C’est donc que nos accusateurs n’y croient pas eux-mêmes. De fait, où trouveraient-ils de quoi étayer leur propos ?" Il ne dit donc pas que l’antisémitisme ne pourrait traverser son parti si la justice ne l’a pas établie, mais seulement que ceux qui l'accusent d'antisémitisme ne doivent pas être très sûrs d'eux puisqu'aucun ne l'a traîné en justice pour ce délit.

Deux allégations reposent même sur des citations tronquées, les 8e et 21e. Cette dernière par exemple dit : "Mélenchon sur le tueur de Toulouse: « Ne politisons pas cet idiot ! »." La référence donnée cite les propos exacts de JLM à propos de Mohamed Merah, assez différents : "Ce type n’est rien, c’est un criminel sanglant, un crétin qui s’en va demander au concessionnaire comment on enlève une pastille électronique. Ce n’est rien, n’acceptons pas une seconde de politiser ce que raconte cet idiot". JLM ne parle pas des actes de M. Merah, mais uniquement de ce qu'il dit ou écrit, en estimant que c'est un criminel crétin. Considérer un antisémite comme un criminel crétin serait une minimisation de son antisémitisme ?

Deux allégations d'antisémitisme ne font que reprendre des positions de présidents de la République, qui n'ont jamais été sérieusement traités d'antisémites. L'une dit : "Après la commémoration de la rafle du Vel d’Hiv, Mélenchon écrit : « Non, non, Vichy ce n’est pas la France ! »." Cette opinion a été celle de la plupart sinon de tous les présidents de la République. L'autre allégation dit, en parlant sans doute du peuple d’Israël : « Nous ne croyons pas à un peuple supérieur aux autres ». La référence donnée écrit : "Monsieur Mélenchon, ce jour-là, poursuit : « Ces valeurs sont que nous sommes toujours du côté du faible et de l’humilié parce que nos valeurs, c’est liberté, égalité et fraternité. Pas la paix aux uns, la guerre aux autres. Nous ne croyons pas à un peuple supérieur aux autres. ». Vous avez bien lu : « un peuple supérieur aux autres ». Là, il veut parler du peuple d’Israël. Israël = Peuple supérieur, cela ne vous rappelle-t-il rien? Moi si. Et ces mots glacent le sang." Le général de Gaulle dit au cours d'une conférence de presse peu après la guerre des six jours : "Les juifs, jusqu’alors dispersés, et qui étaient restés ce qu’ils avaient été de tout temps, c’est-à-dire un peuple d’élite, sûr de lui-même et dominateur, une fois qu’ils seraient rassemblés dans les sites de son ancienne grandeur, n’en viennent à changer en ambition ardente et conquérante les souhaits très émouvants qu’ils formaient depuis dix-neuf siècles : “l’an prochain à Jérusalem”." Dans ses Mémoires, écrites deux ans plus tard, de Gaulle regrettera de s’être emporté, mais David Ben Gourion, le fondateur de l’État d’Israël, réfutera l'accusation fréquente d'antisémitisme dans une lettre au général du 6 décembre 1967.

Onze allégations 5 reposent sur des opinions de membres de LFI, considérées comme antisémites, sans que ces opinions elles-mêmes soient discutées. Ainsi l'une de ces allégations dit : "Complotisme : Mélenchon considère que la défaite électorale de Jeremy Corbyn est due à l’action d’un réseau d’influence qui réunirait le rabbin d’Angleterre, le Likoud et le CRIF. Il refuse de s’agenouiller devant les « ukases arrogants des communautaristes du CRIF »." C'est une opinion effectivement critique sur une ou des organisations juives, qui comme beaucoup d'organisations, tentent d'influer sur les décisions politiques. J. Pardo ne cherche pas à réfuter l'existence de ce lobbying.

Pas moins de treize allégations 6 tiennent pour antisémite celui qui profère à l'encontre d'un Juif ou d'une organisation juive une accusation proche de l'une des innombrables accusations que profèrent ou ont proférées les vrais antisémites à l'égard de l'ensemble des Juifs, ou plus simplement se permet de critiquer un Juif ou une organisation juive. Les antisémites ayant accusé les Juifs de tout et n'importe quoi pour traduire leur haine de cette communauté, une très large gamme d'accusations seraient par définition antisémites. Exemple le plus criant : "Jean-Luc Mélenchon considère que Pierre Moscovici, ministre des Finances, « ne pense plus en français » mais « pense dans la langue de la finance internationale »." Le même propos sur E. Macron ne serait pas antisémite, mais P. Moscovici, qui doit être Juif d'après cette citation, ne pourrait être critiqué comme représentant de la finance mondialisée car... il serait juif. Un Juif ne pourrait donc être critiqué pour sa promotion du libre échange au niveau international et son appui aux financiers. De même l'allégation "Pour JLM, Ruth Elkrief est « fanatique »". Comme considérer une journaliste comme une fanatique ne peut être qualifié d'antisémite, l'opinion de JLM serait antisémite car elle concerne une journaliste qui serait juive selon J. Pardo.

Ce type d'accusation d'antisémitisme est particulièrement problématique. Aucun membre d'une communauté particulière (les Juifs par exemple) ou aucune organisation de cette communauté ne pourrait être accusé d'une des multiples accusations des antisémites à l'encontre de l'ensemble des Juifs, voire ne pourrait être accusé tout court. C'est donner à cette communauté une immunité particulière, dont ne bénéficient pas les autres communautés : une innocence ontologique comme le dit Frédéric Lordon. C'est donner à cette communauté des qualités que n'ont pas d'autres communautés, exonérant ses membres de toute critique en raison de leur origine. Or selon wikipedia, "le racisme est une idéologie qui, partant du postulat de l'existence de races au sein de l'espèce humaine, considère que certaines catégories de personnes sont intrinsèquement supérieures à d'autres" : nous y sommes bien. Une bonne partie des allégations d'antisémitisme que profère J. Pardo à l'encontre de LFI dénotent donc un positionnement raciste.

Une allégation est même ouvertement raciste : « Nous ne croyons pas à un peuple supérieur aux autres » [propos de JLM en parlant du peuple d’Israël, propos considéré antisémite]. Si dire qu'il n'existe pas de peuple supérieur aux autres est inadmissible, c'est qu'on estime qu'il existe un ou des peuples supérieurs aux autres, ce qui est la définition du racisme.

Manque de transparence (et donc accusations gratuites), surinterprétation des propos, citations tronquées, arguments non discutés (et donc non réfutés) et antisémites sans doute par essence, et surtout affirmation raciste de qualités particulières qu'auraient les Juifs : malgré le grand nombre d'allégations d'antisémitisme de la France insoumise, aucune n'est démontrée. Accumuler des propos non probants ne fait pas une preuve, mais traduit plutôt un acharnement contre LFI. Au vu du positionnement politique de J. Pardo, ce n'est sûrement pas pour son programme de rupture avec le néolibéralisme que LFI est accusé d'antisémitisme. Restent deux options : soit J. Pardo ne supporte aucune critique visant des Juifs par attachement passionnel à sa communauté ou par hypersensibilité, soit il ne supporte pas les critiques d'Israël et le soutien à l'autodétermination des Palestiniens, à un moment où Israël est accusé par l'ONU de crimes de guerre massifs, de crimes contre l'humanité et est soupçonné de génocide.

Le raciste attaque une personne pour ce qu'elle est, le non raciste pour ce qu'elle fait

Cette analyse est celle de nombreux citoyens, non Juifs, qui se veulent rationnels. Ils sont très étonnés que de très nombreux Juifs, politiquement proches d'eux, voient de l'antisémitisme où eux n'en voient pas, où ils ne voient, par exemple, que des attaques justifiées contre la finance mondialisée ou que des soutiens justifiés au peuple palestinien. Comme s'il y avait pour ces Juifs une évidence de l'antisémitisme dés qu'un Juif est critiqué. Il y a donc un vrai problème de compréhension commune de la réalité, une divergence de compréhension entre ces Juifs sincères et ces non-Juifs, tout aussi sincères. C'est singulier et on peut avancer l'hypothèse d'une conséquence de la Shoa, du traumatisme de la Shoa. Comme si la Shoa avait installé dans tout le groupe victime, les Juifs, une caractéristique singulière et transmise de générations en générations. Quelque chose comme une hyper-sensibilisation à l'antisémitisme ou même la faculté d'en déceler là où les autres n'en voient pas.

La principale critique que nous avons faite aux allégations d'antisémitisme de J. Pardo est de considérer antisémite le fait de lancer à l'encontre d'un Juif ou d'une organisation juive une accusation qui fait partie des nombreux préjugés des antisémites à l'égard des Juifs. Ainsi toute personne qui critiquerait un Juif pour son rôle dans le domaine bancaire le ferait par antisémitisme. Or, face à cette même situation, un antisémite critiquerait cette personne non pas en raison de son rôle dans le domaine bancaire, mais parce qu'elle est juive et qu'un Juif ne peut qu'avoir un rôle négatif dans la banque. Autre différence : l'antisémite critiquerait tout Juif actif dans la banque et insinuerait que la plupart des Juifs sont actifs dans la banque, alors que nous ne critiquerions que ceux, Juifs ou pas, qui ont un rôle négatif dans la banque. Pour les non-Juifs non antisémites et plus généralement non racistes, la critique d'une personne ou d'une organisation est liée à leurs actes ou à leurs paroles et non à leur origine, leur religion, leur couleur de peau, etc. Peu importe leur origine, et notamment leur origine juive ou non.

La différence essentielle entre un non raciste et un raciste est que le premier peut attaquer quelqu'un pour ce qu'il fait, et que le second l'attaque pour ce qu'il est. C'est fondamental.

Il semble que beaucoup de Juifs sincères, quand ils voient un Juif critiqué, voient d'abord un Juif, et parfois crient alors à l'antisémitisme, ou alors regardent si ce type d'accusation fait partie des préjugés antisémites, et si c'est le cas crient à l'antisémitisme. Or, contrairement aux Juifs sans doute, les non-Juifs non antisémites n'ont généralement que des idées assez vagues sur les préjugés antisémites (qui leurs sont totalement étrangers), ne connaissent pas les euphémismes utilisés par les antisémites pour parler des Juifs sans utiliser ce mot, car ils ne les fréquentent pas, et pour la plupart sont incapables de dire si tel ou tel est Juif ou non, car le fait d'être Juif n'a pour eux aucune signification particulière 8. Au contraire des antisémites pour qui le fait d'être Juif ou non est essentiel pour diviser le monde entre les mauvais, coupables de tout un tas de choses, et les bons, les normaux.

Comment traquer l'antisémitisme d'un propos ?

Comment distinguer les actes ou propos antisémites de ceux qui ne le sont pas ? À partir de l'analyse des trente allégations d'antisémitisme de J. Pardo, quels critères nous permettent plus généralement d'affirmer qu'un propos est antisémite et donc d'accuser son auteur d'antisémitisme ?

Peut-être faudrait-il tout d'abord revenir à la définition de l'antisémitisme, une base commune tout de même : d'après wikipedia, "l’antisémitisme est la discrimination et l'hostilité manifestées à l'encontre des Juifs en tant que groupe ethnique, religieux ou supposément racial. Les motifs et mises en pratique de l'antisémitisme incluent divers préjugés, des allégations, des mesures discriminatoires ou d’exclusion socio-économique, des expulsions, des massacres d’individus ou de communautés entières." Il en ressort d'abord que l'antisémite critique le Juif parce qu'il est Juif.

Si un acte ou un propos discriminatoire ou hostile vise explicitement un Juif en tant que Juif, il est clairement antisémite. Ce n'est le cas d'aucune des trente allégations d'antisémitisme listées par J. Pardo. Hors les actes et propos explicitement antisémites, il nous semble que trois conditions doivent être réunies pour qu'un acte ou un propos discriminatoire ou hostile envers un Juif soit antisémite :

1) Son auteur doit savoir que la cible est juive. C'est très loin d'être évident pour un non Juif non antisémite.

2) Son auteur doit savoir que le type de propos ou d'acte dont il est l'auteur correspond à un préjugé antisémite. Or, par exemple, les auteurs n'imaginaient pas a priori que nombre de préjugés listés par J. Pardo étaient antisémites.

3) Le propos doit être clairement infondé, gratuit. Ne pas accepter un propos ou une accusation largement fondé ou qui prête pour le moins à débat quand il est adressé à un Juif revient à exonérer un Juif de toute responsabilité, et donne à cette communauté une qualité particulière, ce qui est un comportement raciste. Ainsi parmi les trente allégations d'antisémitisme de J. Pardo, plus du tiers concernent des opinions dont il ne discute même pas la véracité alors qu'elles sont loin d'être infondées, même si elles sont discutables.

Les deux premières conditions sont extrêmement difficiles à vérifier vis-à-vis d'une personne non juive et non explicitement antisémite ou raciste : en conséquence une critique faite à un Juif ou à une organisation juive ne permet généralement pas de savoir si son auteur est antisémite et si le propos est réellement antisémite, sauf bien sûr si la critique est explicitement faite en raison de la judéité de la cible.

Les allégations de Jonas Pardo, qui reprennent celles d'autres Juifs de gauche, ne peuvent être rationnellement acceptées et peuvent même être souvent taxées de racistes. Sincères sans aucun doute, elles témoignent d'une hypersensibilité à l'antisémitisme qui voit dans toute critique de l'acte d'un Juif la critique d'un Juif quel que soit son acte et non la critique d'un acte. Or rien ne permet a priori de comprendre la véritable cible de la critique, le Juif ou l'acte. Seule exception, mais de taille, quand la critique ne vise pas l'acte d'un Juif mais des Juifs ou s'accompagne de déclarations explicitement antisémites. Les actes et propos des leaders de la France insoumise ne peuvent donc être qualifiés d'antisémites, contrairement à nombre d'actes et propos de leaders d'extrême droite.

3Les 6e, 7e, 11e et 14e allégations.

4Les 4e, 7e, 9e, 18e, 19e, 20e, 22e, 23e, 27e, 28e et 29e allégations.

5Allégations n°1, 4, 5, 6, 8, 10, 12, 24, 25, 26 et 30.

6Allégations n°1, 3, 4, 5, 9, 10, 11, 12, 13, 15, 16, 17 et 20.

8Ainsi, les auteurs de ce texte n'ont vu a priori comme peut-être juives que 5 parmi les 45 personnalités juives signataires de l'un ou l'autre de deux appels sur Mediapart.

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