Ce matin 24 mai 2018 sur France Inter était interviewée notre Ministre de la santé Madame Buzyn. On annonçait qu’elle parlerait entre autres du remboursement des médicaments à la nicotine pour le sevrage tabagique.
En fait, le sujet ne fut pas effleuré. On parla du remboursement de l’homéopathie. Dénoncé par une tribune de médecins dans le Figaro, il continue malgré l’avis de l’Académie de Médecine qui ne leur voit qu’un effet placebo. C’est aussi l’avis du Pr Buzyn, mais le sujet est brûlant, sensible à l’opinion publique et aux pressions des lobbies, si bien qu’elle voudrait que ces médicaments soient évalués scientifiquement exactement comme les autres. On ne peut guère faire confiance aux résultats favorables d’études financées par ceux qui les fabriquent et les vendent. Mais peut elle demander à l’INSERM de s’en occuper ?
C’est exactement le même problème qu’avec la nicotine, ses patches, gommes et sprays. J’avais cru au début qu’ils seraient salvateurs pour les fumeurs, mais je n’ai pu dans mon laboratoire convaincre mes rats d’en devenir dépendants, ni observé de miracle chez les fumeurs de ma consultation. Karl Fagerström lui-même, initiateur de ce que j’appelle « Le mythe de l'addiction à la nicotine » a fini par reconnaître que son fameux « Test de dépendance à la nicotine », pratiqué dans toutes les consultations de tabacologie et dans les manifestations de la Journée Mondiale sans Tabac du 31 Mai, devrait simplement être renommé « Test de dépendance à la cigarette », tant il ne croit plus au rôle de la nicotine dans l’asservissement au tabac.
Pourtant de nombreuses études scientifiques montrent que la nicotine aide à arrêter de fumer. Mais cet effet est peu durable et n’est que légèrement supérieur à celui du placebo. Or elles sont toutes financées par les laboratoires pharmaceutiques ! On attendrait mieux de la « drogue du tabac ». Or même les grands fumeurs qui ont arrêté de fumer grâce à la cigarette électronique diminuent peu à peu la teneur en nicotine de leurs liquides, et 10% finissent par vapoter des liquides qui n’en contiennent plus !
L’industrie du tabac cherche à défendre son terrain de chasse. Elle ne s’en sort pas trop mal, car elle a un puissant allié : la demande des fumeurs dépendants, qui lui fait résister aux interdictions diverses et aux lanceurs d’opprobre. Parmi eux, les lobbies de l’industrie pharmaceutique et tous ses leaders d’opinion stipendiés. Ils la présentent comme l’ange blanc, contre l’ange noir du tabac.
Mais l’ange est-il si blanc ? Certes la nicotine est un stimulant, comme la caféine. Mais pour lutter contre la dépendance au tabac, c’est un pur placebo. Faut-il que l’enjeu financier et les firmes soient puissants pour arriver à le faire rembourser à 65%, sur la base de mensonges scientifiques. C’est plus fort que l’homéopathie, mais c’est le même pillage de la Sécurité Sociale. Madame Buzyn devrait vérifier les liens d'intérêt de ses conseillers.