Comité français du Réseau européen de solidarité avec l’Ukraine (RESU)
Questionnaire aux candidats têtes de liste aux élections européennes du 9 juin 2024
Le 15 avril, le Comité français du RESU a adressé un questionnaire aux listes se présentant aux élections européennes en France, à l’exception des listes d’extrême-droite. Nous publions – après le rappel du questionnaire – les réponses qui nous sont parvenues dans l’ordre chronologique de leur arrivée (PP-PS, les Écologistes, NPA-R, Union populaire LFI, LR), nous rajouterons les éventuelles réponses qui nous parviendraient dans les jours qui viennent [1].
Nous remercions d’ores et déjà celles et ceux qui ont déjà pris le temps de nous répondre.
- Comment caractérisez-vous la guerre menée sur le sol ukrainien par la Russie ?
- Comment envisagez-vous son issue ? Le retrait préalable de la Russie de tous les territoires ukrainiens occupés illégalement depuis 2014 est-il pour vous une condition à l’ouverture de négociations pour une paix juste et durable ?
- Le soutien à l’Ukraine – humanitaire, économique, militaire – est-il pour vous justifié ? Doit-il être augmenté ? Y aurait-il des « lignes rouges » à ne pas franchir en la matière, et dans ce cas lesquelles et pourquoi ?
- L'adhésion à l'UE est-elle un droit démocratique de l'Ukraine ?
- Soutenez-vous les revendications sociales qu’expriment actuellement le mouvement des travailleurs ukrainien et ses organisations ? Et si oui, comment allez-vous manifester ce soutien ?
- Appuyez-vous la revendication d’annulation de la dette extérieure ukrainienne ? Appuyez-vous la demande de confiscation et la taxation au bénéfice de l’Ukraine, au titre des réparations de guerre, des avoirs privés et publics russes gelés hors de Russie ?
- Comment garantir l’accueil sans discriminations de tous les réfugié.e.s d’Ukraine, comme l’accueil de tous les réfugié.e.s ?
- Concernant le pouvoir en Russie : - comment évaluer et appliquer réellement les sanctions financières et économiques imposées à la Russie tout en protégeant les populations de leurs effets ? - êtes-vous pour la saisie immédiate des biens des membres du gouvernement, des hauts fonctionnaires et des oligarques russes en Europe et dans le monde ? – êtes-vous favorable à un embargo réel des matières premières stratégiques, notamment gaz, pétrole et uranium, ainsi que des composants électroniques ? - comment s’opposer à la menace nucléaire que constitue la mise en état d’alerte des armes nucléaires en Russie et au Bélarus ainsi que la mise en danger des centrales ukrainiennes ?
- Concernant les peuples en Russie et au Bélarus : - comment soutenir les mouvements anti-guerre et démocratiques ? – vous engagez-vous à exiger la libération de toutes les personnes emprisonnées pour opposition à la guerre et/ou en faveur des droits démocratiques (d’expression, de manifestation, d’information, d’organisation syndicale… ) ? – à agir pour la garantie du statut de réfugié.e.s politiques aux opposant.es à Poutine, à Loukatchenko et aux déserteurs ?
- Avez-vous d’autres commentaires ou propositions à formuler ?
Liste Place publique et Parti socialiste conduite par Raphaël Gluksman
1 Comment caractérisez-vous la guerre menée sur le sol ukrainien par la Russie ?
Il s’agit d’une guerre illégale d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine, qui répond à des visées impérialistes. Cette guerre avait débuté en 2014 avec l’invasion de la Crimée et l’occupation du territoire Ukrainien souverain. L’État Russe doit être tenu responsable pour le crime d’agression commis par le lancement de cette guerre illégale.
2 Comment envisagez-vous son issue ? Le retrait préalable de la Russie de tous les territoires ukrainiens occupés illégalement depuis 2014 est-il pour vous une condition à l’ouverture de négociations pour une paix juste et durable ?
L’issue de cette guerre doit être la victoire de l’Ukraine et le recouvrement de sa souveraineté sur l’intégralité de son territoire, le retrait complet des troupes russes et le respect des frontières internationales du pays telles que reconnues en 1991. L’intégrité territoriale de l’Ukraine mais aussi des garanties de sécurité pour la préservation de cette souveraineté doit être un des éléments contraignants de tout accord de paix obtenu à l’issue de négociations.
3 Le soutien à l’Ukraine – humanitaire, économique, militaire – est-il pour vous justifié ? Doit-il être augmenté ? Y aurait-il des « lignes rouges » à ne pas franchir en la matière, et dans ce cas lesquelles et pourquoi ?
La victoire de l’Ukraine est la condition de la paix et de la sécurité en Europe. Cette guerre ne concerne pas que les Ukrainiens, ils en paient le prix le plus lourd mais ils défendent la sécurité de tout le continent. Le front ukrainien est la ligne de défense de toute l’Europe face à l’impérialisme de Vladimir Poutine. Voilà pourquoi le soutien indéfectible à Kiyv est justifié, voilà pourquoi il est même vital. L’Union européenne et les États membres doivent poursuivre et intensifier leur soutien à l’Ukraine et ce jusqu’à la victoire du pays, c’est à dire au recouvrement de sa souveraineté sur l’intégralité de son territoire. Le soutien militaire et la livraison d’armes, d’équipement, de systèmes de défense (notamment de missiles de défense aérienne), et de toutes les technologies nécessaires doivent être largement accélérés et intensifiés.
Nous ne pouvons anticiper et déterminer des lignes rouges à l’avance. En revanche, notre responsabilité et de tout faire dès maintenant et en urgence pour que ces lignes rouges ne soient jamais atteintes. Et cela implique de décupler notre aide militaire immédiatement, de multiplier nos capacités industrielles de production de munitions et d’armes et de les livrer les plus vite possible à Kiyv.
4 L'adhésion à l'UE est-elle un droit démocratique de l'Ukraine ?
Tout État et toute nation a le droit de choisir ses alliances et son destin. L’Ukraine a le droit d’aspirer à adhérer à l’UE, elle a été reconnue pays candidat à l’Union, le processus d’accession est en cours et nous soutenu vivement l’intégration prochaine du pays à l’UE.
L’Union européenne est avant tout un projet politique, de défense de principes fondamentaux et de transfert de souveraineté pour le mise en œuvre d’un projet et de politiques communes. Tout État européen qui respecte, partage et promeut les valeurs fondamentales de l’Union a vocation à participer à ce projet. Ces valeurs sont le respect de la dignité humaine, la liberté, la démocratie, l'égalité, l'État de droit, ainsi que le respect des droits de l'homme, y compris des droits des personnes appartenant à des minorités. Ces valeurs sont communes aux États membres dans une société caractérisée par le pluralisme, la non-discrimination, la tolérance, la justice, la solidarité et l'égalité entre les femmes et les hommes.
L’Ukraine se bat chaque jour contre l’agresseur Russe pour défendre ces valeurs et la sécurité européenne. Il est de notre responsabilité d’accompagner le pays dans son processus d’adhésion à l’UE et de réformer et approfondir notre Union pour nous préparer à intégrer l’Ukraine le plus rapidement possible.
5 Soutenez-vous les revendications sociales qu’expriment actuellement le mouvement des travailleurs ukrainien et ses organisations ? Et si oui, comment allez-vous manifester ce soutien?
Les droits sociaux et les droits du travail doivent être préservés et les travailleurs doivent être protégés malgré les immenses défis posés dans le contexte de la guerre, notamment l’intégration au marché du travail des personnes déplacées et des soldats démobilisés. La destruction des nombreuses entreprises, d’emplois et les lourds dommages infligés aux infrastructures industrielles du pays sont autant d’obstacles pour la transformation de l’Ukraine en une économie moderne. Les travailleurs jouent un rôle fondamental dans la reconstruction du pays et leurs droits doivent être garantis ainsi que des conditions de vie et de travail dignes.
Je soutiens pleinement leurs revendications sociales et travaillerai sans relâche à la convergence sociale et économique du pays dans le cadre de son intégration à l’UE. Nous devons promouvoir et faciliter les investissements de nos entreprises en Ukraine, flécher ces investissements vers les secteurs stratégiques pour la reconstruction et la compétitivité du pays, ceux qui créeront des emplois de qualité et à forte valeur ajoutée.
6 Appuyez-vous la revendication d’annulation de la dette extérieure ukrainienne ? Appuyez-vous la demande de confiscation et la taxation au bénéfice de l’Ukraine, au titre des réparations de guerre, des avoirs privés et publics russes gelés hors de Russie ?
Oui complètement, j’ai voté en ce sens au Parlement européen. Les créanciers de l’État Ukrainien ne peuvent exiger d’être remboursés alors que le coût de la reconstruction du pays est chiffré à plus de 400 milliards d’euros et ne cesse d’augmenter. L’annulation des dettes d’un pays agressé est un principe fondamental de solidarité internationale et je le défends.
Oui, les plus de 200 milliards d’avoirs publics russes gelés dans les banques européennes doivent être confisqués et alloués immédiatement à l’effort de guerre Ukrainien et à la reconstruction du pays. L’État Russe comme les oligarques alliés de Poutine doivent comprendre qu’il n’y aura aucun retour à la normale. Nous ne pouvons pas laisser cet argent dormir et fructifier alors que la guerre fait rage. De telles mesures de confiscation sont pleinement légales en tant que contremesures en réponse aux violations, par la Russie, de ses obligations au regard du droit international. Elles doivent être prises immédiatement.
7 Comment garantir l’accueil sans discriminations de tous les réfugié.e.s d’Ukraine, comme l’accueil de tous les réfugié.e.s ?
Tous les réfugiés Ukrainiens en Europe doivent pouvoir bénéficier de la « protection temporaire » qui leur permet de s’installer et de travailler dans les pays de l’Union. Les droits prévus comportent également l’accès au logement, à l’assistance médicale et l’accès des enfants à l’éducation.
Tous les ressortissants Ukrainiens ainsi que toutes les personnes résidantes en Ukraine au moment du 24 février 2022 doivent pouvoir bénéficier de cette protection en Europe. Pour leur assurer un accueil digne et sans discrimination, il est impératif de doter les autorités locales, les collectivités et les structures qui organisent leur intégration sur le terrain, de ressources supplémentaires et de moyens dans la durée.
8 Concernant le pouvoir en Russie : - comment évaluer et appliquer réellement les sanctions financières et économiques imposées à la Russie tout en protégeant les populations de leurs effets ? - êtes-vous pour la saisie immédiate des biens des membres du gouvernement, des hauts fonctionnaires et des oligarques russes en Europe et dans le monde ? – êtes-vous favorable à un embargo réel des matières premières stratégiques, notamment gaz, pétrole et uranium, ainsi que des composants électroniques ? - comment s’opposer à la menace nucléaire que constitue la mise en état d’alerte des armes nucléaires en Russie et au Bélarus ainsi que la mise en danger des centrales ukrainiennes ?
L’application effective des sanctions économiques contre la Russie est primordiale. C’est un enjeu majeur pour assécher la machine de guerre de Poutine et la priver des moyens financiers, matériels et technologiques de conduire cette guerre d’agression.
Deux défis principaux sont à relever :
- donner aux États et aux autorités nationales compétentes les moyens d’appliquer ces sanctions, de contrôler les flux de marchandises, de matières premières et d’énergie dans les ports et aux frontières. C’est fondamental pour éviter le contournement de ces sanctions et garantir leur succès. Nous devons également être très strict avec les pays qui facilitent ce contournement et qui ainsi alimentent la machine de guerre russe.
- Ensuite, nous devons compléter les sanctions européennes, de nombreux secteurs sont encore épargnés : le gaz, notamment le gaz naturel liquéfié dont les importations européennes rapportent encore des milliards d’euros à Moscou ; le pétrole, dont nous devons encore restreindre les importations, notamment en réduisant le price cap et interdisant les flux terrestres ; l’uranium et autres biens et services liés à l’énergie nucléaire. À ce titre, Rosatom doit également être sanctionnée.
En ce qui concerne la menace nucléaire, les alliés de l’Ukraine doivent manier l’arme de la dissuasion. Et la sécurité des centrales ukrainiennes doit être garantie à tout prix, l’Agence Internationale de l’energie joue à ce titre un rôle clé et la coopération des troupes russes doit être exigée par tous les moyens.
9 Concernant les peuples en Russie et au Bélarus : - comment soutenir les mouvements antiguerre et démocratiques ? – vous engagez-vous à exiger la libération de toutes les personnes emprisonnées pour opposition à la guerre et/ou en faveur des droits démocratiques (d’expression, de manifestation, d’information, d’organisation syndicale… ) ? – à agir pour la garantie du statut de réfugié.e.s politiques aux opposant.es à Poutine, à Loukachenko et aux déserteurs ?
L’opposition démocratique et les mouvements anti-guerre en Russie et au Belarus doivent être soutenus le plus possible. Ces citoyens et activistes courageux qui refusent et combattent la tyrannie de leurs dirigeants sont les précieux alliés de l’Union européenne, ils construisent chaque jour les fondations de la future Russie démocratique et du Belarus post-Loukachenko.
Comme tout au long du mandat écoulé, je serai mobilisé pour la défense de leurs droits, je partagerai leurs combats et exigerai la libération des prisonniers. Nous savons que chacun d’eux risque sa vie pour cette bataille politique, comme l’a cruellement démontré l’assassinat d’Alexei Navalny en prison.
Chaque jour de cette guerre immonde éloigne encore Moscou et Minsk d’une transition démocratique prochaine. L’Union européenne doit aider financièrement et matériellement les sociétés civiles démocrates de ces deux pays, en accueillant leurs représentants en Europe et en offrant des garanties de protection et de sécurité aux défenseurs au moyen de visas spéciaux.
10 Avez-vous d’autres commentaires ou propositions à formuler ?
Un des fondements pour la construction d’une paix durable à l’issue de cette guerre sera la lutte contre l’impunité et l’application de la justice internationale. Les responsables individuels des crimes de guerres, crimes contre l’humanité et du crime d’agression commis par Russie contre l’Ukraine devront tous être jugés. Vladimir Poutine, pour qui un mandat d’arrêt a été émis par la Cour Pénale Internationale devra lui aussi répondre de ses crimes.
Pour garantir l’application du droit international et de la justice, l’Union européenne a un rôle précieux à jouer dans la documentation et le rassemblement des preuves de tous les crimes commis. Je me battrai pour que justice soit faite et que toutes les victimes obtiennent réparation.
Liste Europe écologie conduite par Marie Toussaint
1 Comment caractérisez-vous la guerre menée sur le sol ukrainien par la Russie ?
La guerre de Vladimir Poutine contre l’Ukraine est une guerre d’agression.
2 Comment envisagez-vous son issue ? Le retrait préalable de la Russie de tous les territoires ukrainiens occupés illégalement depuis 2014 est-il pour vous une condition à l’ouverture de négociations pour une paix juste et durable ?
L’Ukraine doit gagner cette guerre, et pour cela elle a besoin de tout notre soutien, financier, diplomatique, militaire.
Les conditions de l’ouverture des négociations doivent être celles des Ukrainiens et nous devons les soutenir. L’intégrité territoriale de l’Ukraine est centrale donc le retrait des territoires occupés illégalement par la Russie nécessaire.
3 Le soutien à l’Ukraine – humanitaire, économique, militaire – est-il pour vous justifié ? Doit-il être augmenté ? Y aurait-il des « lignes rouges » à ne pas franchir en la matière, et dans ce cas lesquelles et pourquoi ?
Le soutien à l’Ukraine, qui est un pays agressé, est justifié. Nous pouvons l’augmenter en saisissant les actifs publics russes gelés. Il faut mettre à disposition de l'Ukraine les 200 milliards d'avoirs russes et les 30 milliards des oligarques et cesser d'acheter du gaz à Poutine.
Extrait vidéo .à regarder ici.
4 L'adhésion à l'UE est-elle un droit démocratique de l'Ukraine ?
Nous, Écologistes en sommes convaincus : Tous les pays européens qui s'efforcent de faire partie de l'UE et qui partagent nos valeurs doivent être accueillis sur la voie de l’adhésion et doivent recevoir tout le soutien nécessaire pour remplir les critères. Notre processus d’adhésion doit s’assurer de préparer chacun à devenir partenaire : basé sur la considération, le respect des pays candidats appuyé sur une approche cohérente et fondée sur les valeurs fondamentales de l’Union.
5 Soutenez-vous les revendications sociales qu’expriment actuellement le mouvement des travailleurs ukrainien et ses organisations ? Et si oui, comment allez-vous manifester ce soutien?
Nous soutenons les revendications pour l’amélioration des conditions de travail, le paiement des salaires et contre les réformes qui mettent à mal la solidarité (ex: retraite). Les Ecologistes défendent la création d’un État-providence écologique européen à même de protéger les droits des habitants, dont les droits sociaux. Dans une perspective d’accueil de l’Ukraine au sein de l’Union, la convergence vers le haut des conditions salariales est essentielle et nous la porterons au Parlement.
6 Appuyez-vous la revendication d’annulation de la dette extérieure ukrainienne ? Appuyez-vous la demande de confiscation et la taxation au bénéfice de l’Ukraine, au titre des réparations de guerre, des avoirs privés et publics russes gelés hors de Russie ?
Oui, les avoirs russes publics doivent être utilisés au bénéfice de l’Ukraine. Extrait vidéo à regarder ici.
La justice internationale doit pouvoir juger Vladimir Poutine et les responsables des actes commis pendant cette guerre et de déterminer les réparations de guerre à prévoir.
Nous continuerons à soutenir la facilité pour l’Ukraine et le financement des projets dans le cadre des négociations d’adhésion pour accompagner l’Ukraine dans une reconstruction écologique.
7 Comment garantir l’accueil sans discriminations de tous les réfugié.e.s d’Ukraine, comme l’accueil de tous les réfugié.e.s ?
L’Europe a utilisé la protection temporaire pour accueillir rapidement et dignement les réfugiés et les réfugiées ukrainiens. Ce faisant, nous avons montré que les capacités d’accueil et d’intégration de l’Europe existent et pourraient être utilisées au-delà des Ukrainiens, pour accueillir d’autres réfugiés.
Il est évident pour les Écologistes que les réfugié·e·s doivent être accueillis, quelle que soit leur couleur de peau et notamment dans le cas de la guerre en Ukraine : quel que soit leur statut de résidence en Ukraine.
8 Concernant le pouvoir en Russie : - comment évaluer et appliquer réellement les sanctions financières et économiques imposées à la Russie tout en protégeant les populations de leurs effets ? - êtes-vous pour la saisie immédiate des biens des membres du gouvernement, des hauts fonctionnaires et des oligarques russes en Europe et dans le monde ? – êtes-vous favorable à un embargo réel des matières premières stratégiques, notamment gaz, pétrole et uranium, ainsi que des composants électroniques ? - comment s’opposer à la menace nucléaire que constitue la mise en état d’alerte des armes nucléaires en Russie et au Bélarus ainsi que la mise en danger des centrales ukrainiennes ?
Nous devons également mettre fin au financement de la sale guerre poutinienne en arrêtant d’importer du gaz, du pétrole mais aussi de l’uranium enrichi de Russie. La transition écologique est aussi une transition géopolitique pour arrêter de dépendre du régime de Vladimir Poutine.
Extrait vidéo à regarder ici.
L’application des sanctions et surtout leur contournement doit être évalué et l’Union européenne doit arriver à y mettre finn pour que les différents paquets de sanction soient réellement appliqués
9 Concernant les peuples en Russie et au Bélarus : - comment soutenir les mouvements antiguerre et démocratiques ? – vous engagez-vous à exiger la libération de toutes les personnes emprisonnées pour opposition à la guerre et/ou en faveur des droits démocratiques (d’expression, de manifestation, d’information, d’organisation syndicale… ) ? – à agir pour la garantie du statut de réfugié.e.s politiques aux opposant.es à Poutine, à Loukatchenko et aux déserteurs ?
L’accueil des personnes menacées dans leur pays doit redevenir le coeur de la politique d’asile européenne et elle concerne également les ressortissants russes. Les opposants politiques doivent pouvoir en bénéficier et être accueillis en lieu sûr en Europe.
Nous souhaitons également que l’Union se dote d’une politique extérieure, de sécurité et de défense commune qui puisse également soutenir les sociétés civiles démocrates dans les régimes autoritaires .
Oui, nous exigerons la libération des personnes emprisonnées pour des raisons politiques en Russie, comme nous le faisons déjà au Parlement pour défendre la liberté d’expression et la liberté d’opinion.
10 Avez-vous d’autres commentaires ou propositions à formuler ?
Certains États ou organisations politico-militaires, mettent en péril toute transition écologique, à la fois dans les récits et de façon très matérielle, faisant de la rétention sur les ressources de leur territoire. Ce sont les mêmes qui, soulignant les incohérences du système international multilatéral, confinent à un repli nationaliste ou à la guerre (conventionnelle et
non-conventionnelle). La Russie fait partie de ces Etats. Nous ne devons pas perdre de vue l’ampleur du conflit qui se joue, en termes de valeur et de poids dans le monde à travers cette guerre. Les élections européennes sont un des lieux pour ne pas laisser des forces politiques
pro-russes ou timides sur leur soutien à l’Ukraine créer des minorités de blocages et affaiblir notre position et notre solidarité vis-à-vis de l’Ukraine, des Ukrainiens et des Ukrainiennes.
Liste NPA-Révolutionnaires et ses candidats conduit par Selma Labib et Gaël Quirante,
1 Comment caractérisez-vous la guerre menée sur le sol ukrainien par la Russie ?
Depuis l’invasion militaire de l’Ukraine par l’armée russe, en février 2022, nous disons : « Hors d’Ukraine, les troupes russes ! », « Droit du peuple ukrainien à décider de son sort ! ». Le choix de l’intervention militaire de Poutine sert les appétits impérialistes du grand capital russe, sa volonté de domination sur une vaste zone du monde. Appétits bien réels même si contrariés par les grands groupes américains et européens !
2 Comment envisagez-vous son issue ? Le retrait préalable de la Russie de tous les territoires ukrainiens occupés illégalement depuis 2014 est-il pour vous une condition à l’ouverture de négociations pour une paix juste et durable ?
Nous sommes des révolutionnaires et n’attendons pas qu’il sorte une paix juste et durable de négociations entre ces Etats dont les rivalités économiques et géopolitiques menacent la planète d’embrasements guerriers dramatiques et incontrôlés. Nous savons seulement qu’il n’y aura pas d’ « issue » favorable aux travailleurs et aux pauvres d’Ukraine, s’ils ne prennent pas directement leur sort en mains ; s’ils ne se donnent pas les moyens, par leur mobilisation de classe, non seulement d’échapper au joug du régime de Poutine, mais les moyens de renverser aussi le pouvoir de Zelensky, représentant de gros intérêts capitalistes ukrainiens. Sous couvert de loi martiale, Zelensky étouffe les droits démocratiques élémentaires, politiques et syndicaux, et prétend défendre les classes populaires en les assujettissant aux intérêts de puissances occidentales, dont les Etats-Unis mais aussi la France de Macron. Nous ne perdons pas de vue que l’impérialisme dominant, celui de Biden, qui pilote l’OTAN, reste le plus grand facteur de risque de guerre dans le monde. Quand Biden – que des étudiants et syndicalistes américains surnomment désormais « Genocide Joe » pour son soutien aux massacres à Gaza - aide l’Ukraine, ou quand Macron aide l’Ukraine, ce n’est pas une aide au peuple Ukrainien. Les premiers bénéficiaires de la récente tranche de 100 milliards alloués par les USA iront aux marchands d’armes américains. Stocks regonflés. Ventes lucratives dans le monde entier. Sans parler bien sûr des conflits meurtriers, en cours et à venir, engendrés sur la planète.
3 Le soutien à l’Ukraine – humanitaire, économique, militaire – est-il pour vous justifié ? Doit-il être augmenté ? Y aurait-il des « lignes rouges » à ne pas franchir en la matière, et dans ce cas lesquelles et pourquoi ?
Nous sommes pour le droit du peuple ukrainien à décider de son sort, jusques et y compris à demander une aide en armes. Mais sur le plan de l’aide militaire apportée par les gouvernements occidentaux, c’est au régime de Zélenski et à ses généraux qu’elle va, pas au peuple ukrainien pour se défendre. La société ukrainienne est une société de classe, aux intérêts divergents entre travailleurs et exploiteurs – ces derniers étant représentés à la tête de l’Etat. L’union sacrée reste un piège mortel pour les exploités. Pour nous la ligne rouge n’est pas celle que les puissances occidentales se fixent ou envisagent de dépasser dans leurs marchandages avec Poutine. Notre ligne rouge est cette frontière de classe, que partout dans le monde les travailleurs doivent ne pas franchir. Ne pas se laisser diviser entre travailleurs,chercher au contraire les liens et l’alliance entre les travailleurs d’Ukraine sous les bombes et ceux qui en Russie ne veulent pas de cette guerre, ces soldats mobilisés malgré eux qui pourraient bien demain fraterniser et déserter.
4 L'adhésion à l'UE est-elle un droit démocratique de l'Ukraine ?
Nous ne sommes évidemment pas de ceux qui, aujourd’hui y compris dans la gauche institutionnelle française, s’expriment contre l’adhésion de l’Ukraine à l’UE au nom d’une concurrence que ferait aux travailleurs français les travailleurs d’Ukraine payés moins de 200 euros mensuels. Une position indigne d’organisations qui prétendent défendre les exploités. Nous sommes pour une Europe sans frontières, une Europe des travailleurs, opposée à celle des capitalistes et des Etats à leur service qui bafouent les droits démocratiques dans bien des domaines ; une Europe des travailleurs où des luttes communes seraient menées pour que toutes et tous arrachent des salaires décents – alignés par le haut. Et arrachent jusqu’au pouvoir de décider de ce qu’on produit, comment, pour qui, dans une société libérée de la loi du profit. Nous sommes pour l’adhésion de tous les travailleurs à une internationale révolutionnaire !
5 Soutenez-vous les revendications sociales qu’expriment actuellement le mouvement des travailleurs ukrainien et ses organisations ? Et si oui, comment allez-vous manifester ce soutien ?
Oui, nous soutenons ce qui est porté à notre connaissance des revendications sociales des travailleurs d’Ukraine. Elles doivent être résolument défendues sans que les impératifs de guerre avancés par Zelensky soient un obstacle à leur défense immédiate. Une lutte que nous savons difficile. Demain ces revendications sociales en Ukraine vont probablement se heurter aussi nos propres patrons qui s’enrichissent des livraisons d’armes et qui se précipitent déjà pour arracher en Ukraine le marché de la reconstruction. La solidarité du monde du travail y sera le meilleur soutien.
6 Appuyez-vous la revendication d’annulation de la dette extérieure ukrainienne ? Appuyez-vous la demande de confiscation et la taxation au bénéfice de l’Ukraine, au titre des réparations de guerre, des avoirs privés et publics russes gelés hors de Russie ?
La facture de l’aide militaire occidentale à l’Ukraine, de ces « prêts-bails » dont il est question, sera présentée au peuple ukrainien… Zelensky en entremetteur ! Comme le pacte de Faust avec le diable, l’aide américaine s’accompagne d’une condition de dépendance économique de l’Ukraine aux intérêts des multinationales occidentales, parmi les plus puissantes et rapaces du monde. Les classes populaires ukrainiennes n’ont pas à payer la note, dont celle des intérêts de la dette contractée par un régime qui a grossi l’escarcelle des multinationales occidentales de l’armement ou des hydrocarbures.
7 Comment garantir l’accueil sans discriminations de tous les réfugié.e.s d’Ukraine, comme l’accueil de tous les réfugié.e.s ?
Par une mobilisation des travailleurs, internationaliste. Une lutte cruciale aujourd’hui où droite et extrême droite font de l’immigration un « problème » - qu’elle n’est évidemment pas pour nous qui parlons au nom du mouvement ouvrier révolutionnaire. Une lutte où les 27 Etats de l’UE s’entendent, par un « Pacte Asile et Immigration », pour intensifier la traque aux migrants. Où le gouvernement français de Macron-Darmanin mène cette traque. Et où même à gauche, tous les partis déclarent qu’ils ne sont pas « no border » ! Nous prônons au contraire l’ouverture de toutes les frontières, la libre circulation de tous les travailleurs, quelles que soient leurs raisons de se déplacer, sans laisser aux patrons et à leurs Etats la prérogative de « choisir » à qui ouvrir ou non la porte et délivrer des papiers. Nous sommes pour l’entière liberté de circulation et de migration, et non l’immigration choisie à seule fin d’exploiter les bras et les cerveaux. Une partie des réfugiés d’Ukraine ont été accueillis dans ce but dans les pays d’Europe, pas la peine de se voiler la face !
8 Concernant le pouvoir en Russie : - comment évaluer et appliquer réellement les sanctions financières et économiques imposées à la Russie tout en protégeant les populations de leurs effets ? - êtes-vous pour la saisie immédiate des biens des membres du gouvernement, des hauts fonctionnaires et des oligarques russes en Europe et dans le monde ? – êtes-vous favorable à un embargo réel des matières premières stratégiques, notamment gaz, pétrole et uranium, ainsi que des composants électroniques ? - comment s’opposer à la menace nucléaire que constitue la mise en état d’alerte des armes nucléaires en Russie et au Bélarus ainsi que la mise en danger des centrales ukrainiennes ?
Les sanctions économiques sont l’arme des capitalistes qui se font la guerre entre eux, pour un repartage de leurs marchés et de leurs profits. Au bout du compte, ce sont toujours les classes populaires qui en subissent le coût, si elles ne réagissent pas. Les multiples façons dont la Russie de Poutine et ses capitalistes des hydrocarbures, du nucléaire, des céréales, échappent aux sanctions ou les contournent est largement documentée dans les medias. Quant à l’arme nucléaire, que la France elle-même est si fière d’avoir, oui elle est dangereuse au plus haut point. Comme sont dangereuses aussi les centrales nucléaires, au plus haut point aussi, surtout quand on menace de les bombarder, mais dangereuses de toutes façons lorsqu’elles sont comme aujourd’hui entre les mains d’apprentis sorciers capitalistes, de Russie, Chine, France ou USA, , plus soucieux de profits immédiats que de sécurité et de révolution écologique coûteuse..
9 Concernant les peuples en Russie et au Bélarus : - comment soutenir les mouvements anti-guerre et démocratiques ? – vous engagez-vous à exiger la libération de toutes les personnes emprisonnées pour opposition à la guerre et/ou en faveur des droits démocratiques (d’expression, de manifestation, d’information, d’organisation syndicale… ) ? – à agir pour la garantie du statut de réfugié.e.s politiques aux opposant.es à Poutine, à Loukatchenko et aux déserteurs ?
L’impact de la guerre en Ukraine est destructeur en Russie même : les opposants sont en prison ou dans l’émigration, les usines sont militarisées comme le front, on estime à 350 000 le nombre de soldats russes tués – et combien de blessés ? Une partie de ces soldats sont recrutés de force parmi les peuples opprimés de la fédération de Russie et dans la classe ouvrière. Bien évidemment nous exigeons la libération de tous les emprisonnés et traqués pour opposition à la guerre, mais « exiger » par oral et écrit ne suffit évidemment pas, reste à trouver les moyens, c’est-à-dire les voies de mobilisations suffisamment importantes pour faire pression sur le régime autocratique de Poutine.
10 Avez-vous d’autres commentaires ou propositions à formuler ?
L’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022 a bousculé bien des équilibres économiques et militaires, ouvert des opportunités de profits supplémentaires aux impérialismes dominants, augmenté partout les budgets militaires au détriment des budgets sociaux, et accentué le niveau de conflictualité et de militarisation dans le monde. Et puis ce sont les terribles dévastations en Ukraine, les morts et les blessés sur les fronts, les infrastructures et habitations détruites, les vies brisées, les routes de l’exil pour des millions de personnes. Une barbarie insupportable.
Nous disons sans réserve : « Hors d’Ukraine les troupes russes ! ». Mais nous disons aussi : « Troupes de l’OTAN hors d’Europe de l’est, et de toutes les autres régions où elle prétendent gendarmer le monde ». On est du côté de ceux qui en Russie se battent contre la guerre malgré la répression, mais du côté aussi de ceux qui en Ukraine dénoncent les manœuvres de Zelensky et de l’Otan. Derrière cette guerre comme bien d’autres, se cache le capital et ses calculs. Hier comme aujourd’hui, l’Union Européenne et les Etats qui la constituent sont une machine à garantir les profits. Hier les profits du commerce de l’acier et du charbon au nom de la « paix ». Aujourd’hui les profits des canons César, des Rafale, des missiles et des chars Leclerc, au nom de la « défense »… des profits des actionnaires. Il ne nous échappe pas que si Macron veut la préférence européenne dans l’achat de matériel militaire, c’est pour maintenir le rang de la France comme 2ème exportatrice d’armes dans le monde – qu’elle vient de rafler à la Russie ! Nous dénonçons l’immixtion de l’impérialisme français dans le monde, dont en Ukraine.
Liste de l'Union populaire conduite par Manon Aubry
1 Comment caractérisez-vous la guerre menée sur le sol ukrainien par la Russie ?
Comme la France insoumise l’a déclaré dès le 22 février 2022, cette guerre est une guerre d’invasion de l’Ukraine par la Russie. Cette dernière a ce faisant piétiné l’ensemble du droit international en la matière, notamment les quatre Conventions de Genève de 1949 et leur Premier protocole additionnel de 1977, ainsi que la Charte des Nations unies dont elle est signataire.
Le conflit a donc débuté par l’agression d’un pays tiers, ce dont Vladimir Poutine porte seul l’entière responsabilité. Outre le déclenchement illégal de cette guerre, le ciblage des civils constitue également une violation intolérable du droit international humanitaire dans la conduite de la guerre.
2 Comment envisagez-vous son issue ? Le retrait préalable de la Russie de tous les territoires ukrainiens occupés illégalement depuis 2014 est-il pour vous une condition à l’ouverture de négociations pour une paix juste et durable ?
L’objectif est que l’Ukraine récupère sa souveraineté territoriale, conserve sa souveraineté économique et cesse au plus vite de subir la saignée majeure que lui impose l'effort de guerre et ses 2000 combattants tués par mois. La question des moyens vers ce but est essentielle. Partant du constat qu’il ne peut y avoir de victoire militaire d’un des belligérants sans risque de généralisation du conflit dont l’Ukraine serait la première victime, nous sommes favorables à une solution politique, donc à des négociations. Si l’évacuation préalable des zones occupées illégalement est une condition des négociations, celles-ci ne démarreront jamais.
Il faut commencer par ouvrir des négociations sur des questions très concrètes comme la sûreté des installations nucléaires situées en zone de guerre. Dès 2022, quand les combats se rapprochaient de la centrale nucléaire de Zaporijia, la France insoumise, par la voix de Jean-Luc Mélenchon, a appelé en ce sens.
De même, il faut actionner nos leviers diplomatiques et tout faire pour réunir la Russie et l’Ukraine autour de la même table afin de parvenir à un accord de paix. Il est normal que celui-ci semble lointain aujourd’hui, puisque c’est précisément le rôle de la diplomatie que de tracer un chemin dans l’obscurité. Car il ne faut pas confondre diplomatie et posture morale : le principe même d’une action internationale au service de la paix est de parler aussi à ceux qui ne sont pas nos amis. A cet égard, le cessez-le-feu serait accepté par la Russie, si l’on en croit les déclarations du Président Macron aux chefs de partis en mars dernier. Et, toujours selon lui, le vote, sous surveillance internationale, des populations concernées pour décider de leur appartenance nationale serait accepté par l’Ukraine. Il existe donc une amorce de chemin, alors que près d'un demi-million de personnes ont perdu la vie depuis le début de l'invasion russe.
L’objectif doit être de mettre sur pied une architecture régionale de sécurité collective durable. Il faut le faire maintenant, puisque cela n’a pas été fait à la chute de l’Union soviétique. Il faut chercher ensemble le moyen de garantir l’intégrité des frontières. Il est inacceptable de régler les litiges par des invasions. L’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) pourrait être le cadre institutionnel de ces discussions. Créé en 1975, au pire moment de la Guerre froide, l’OSCE regroupe 52 États dont la Russie, l’Ukraine, les États-Unis et les Nations de l’Union européenne.
3 Le soutien à l’Ukraine – humanitaire, économique, militaire – est-il pour vous justifié ? Doit-il être augmenté ? Y aurait-il des « lignes rouges » à ne pas franchir en la matière, et dans ce cas lesquelles et pourquoi ?
Oui, il est justifié et d’ailleurs, LFI l’a soutenu dès le début du conflit. Nous y sommes favorables aussi longtemps qu’il n'affaiblit pas nos propres capacités de défense ; qu’il n’entraîne pas un risque d’escalade en permettant de frapper en territoire russe ; et que le Parlement soit saisi.
Par ailleurs, il convient d’être sérieux. Depuis le début du conflit, le gouvernement a de concert avec la plupart des gouvernement européens avancé des objectifs qu’ils ont ensuite été incapables de remplir, notamment dans le domaine des fournitures militaires. Par exemple, nous n’avons fourni qu’un tiers des obus pour lesquels nous nous étions engagés. On entend à présent de la part du gouvernement, ou de certains candidats aux Européennes, l’impératif de placer la France en « économie de guerre » sans que ne soient présentées aux Français les conséquences économiques et sociales réelles d’un tel mécanisme. Nous sommes opposés à cette terminologie et à ce qu’elle implique concrètement.
De même, il serait inacceptable de placer notre pays en situation de guerre directe face à la Fédération de Russie qui est une puissance nucléaire. Que signifie un conflit ouvert et direct entre puissances nucléaires, sinon un danger pour tout le continent européen ? C’est une ligne rouge. Tout comme nous n’acceptons pas que l’armée française entraîne des soldats ukrainiens affichant des convictions néonazies, comme cela a été le cas récemment encore.
Enfin, à la différence de la plupart de nos adversaires politiques, nous sommes favorables à l’annulation de la dette publique ukrainienne et à la contraction de prêts à 0% pour l’Ukraine. Nous refusons que des banques et des États se gavent sur le dos d’un peuple en proie aux souffrances de la guerre et préparent une vente à la découpe des actifs ukrainiens lorsque la paix sera revenue.
4 L'adhésion à l'UE est-elle un droit démocratique de l'Ukraine ?
La demande d'adhésion est évidemment un droit démocratique, mais nous ne souhaitons pas l'accepter. Ayons en tête qu’il s’agirait d’une première pour l’UE d’intégrer un pays en guerre, d’un renoncement à toute la doctrine historique de l'Union censée garantir l'absence de conflit. Il serait d'autant plus complexe d'envisager un tel chemin que la Commission européenne a annoncé "une riposte forte" à l'égard des auteurs du sabotage des gazoducs Nord Stream… qui paraissent relever d'une opération militaire ukrainienne. Par ailleurs, en l’absence d’harmonisation fiscale, sociale et écologique préalable, cette adhésion aurait des conséquences dévastatrices pour notre économie. L’agriculture française est déjà écrasée par cette concurrence. Les révoltes agricoles du début de l’année illustrent cette réalité. Quant aux syndicats ukrainiens, de nombreuses fédérations entretiennent de vives préventions à l'égard d'une telle adhésion, au vu des conséquences sociales de l'accord de libre-échange Ukraine-UE et du risque de surspécialisation à l'export conduisant à une restructuration violente de l'économie nationale. L'État de droit en Ukraine ne présente pas non plus les garanties permettant d'ouvrir de telles négociations. Et ce, d'autant que nous contestons les obligations faites aux pays candidats à l'adhésion, notamment en matière de libéralisation et de privatisation de l'économie, que nous ne souhaitons pas plus au peuple ukrainien qu'au peuple français. Ainsi, aggraver une concurrence généralisée entre les producteurs et les travailleurs européens n'apportera aucun bénéfice à l'Ukraine mais tirera en permanence vers le moins disant social et écologique.
Vous avez beaucoup défendu une liste commune pour ces élections. Pourtant vos divisions apparaissent très clairement (par exemple sur l’adhésion de l’Ukraine à l’UE ou l’aide militaire). L’union était-elle vraiment possible ? [question non posée par le RESU]
Nous restons, nous, fidèles au programme de la NUPES tel qu’il a été signé par le PS, EELV, le PCF et LFI, en mai 2022, et qui défend l’harmonisation sociale, fiscale et environnementale. Nous regrettons que d’autres l’aient abandonné, mais ces exigences et ces plus-disant demeurent les conditions préalables à l’élargissement de l’UE. En Ukraine, le salaire minimum est de moins de 200 euros, la taille moyenne des exploitations agricoles est de 1 000 hectares contre 70 en France, le kilo de poulet en moyenne est produit à 3 euros alors qu’il coûte 7 euros chez nous. Par conséquent, en l’état, intégrer l’Ukraine à l’UE serait de la concurrence déloyale. Ce n’est pas en affaiblissant notre agriculture et notre industrie que l’on aidera l’Ukraine. De fait, nous avons largement prouvé que l’aide à l’Ukraine n’était pas conditionnée à son adhésion à l’Union européenne. Au Parlement européen, notre groupe a voté en faveur du dernier programme d’aide de 50 milliards d’euros ainsi que pour le soutien militaire. Et encore une fois, nous sommes les seuls à proposer l’annulation de la dette extérieure de l’Ukraine. Enfin, ceux qui se sont abrités derrière ces désaccords pour justifier de ne pas faire de liste unique de la NUPES à l’élection européenne sont des hypocrites. Car ces désaccords étaient clairement inscrits dans le programme de la NUPES sur lequel les députés des autres forces politiques de gauche se sont fait élire en 2022. Ces sujets étaient renvoyés à « la sagesse de l’assemblée », c’est-à-dire qu’ils devaient être tranchés par les votes en cas de victoire de la NUPES en 2022.
5 Soutenez-vous les revendications sociales qu’expriment actuellement le mouvement des travailleurs ukrainien et ses organisations ? Et si oui, comment allez-vous manifester ce soutien ?
Nous soutenons bien évidemment ces revendications sociales du peuple ukrainien. Nous avions d’ailleurs accueilli dès 2022 à l’assemblée une délégation d’élus et de travailleurs ukrainiens appuyant ces revendications. Nous sommes inquiets des offensives néolibérales portées contre les acquis sociaux des Ukrainiens et Ukrainiennes. Pour beaucoup de grands groupes capitalistiques étrangers ou ukrainiens, la guerre est une opportunité pour, de concert avec le gouvernement ukrainien, casser le droit social et renier tout engagement écologique, selon la classique stratégie du choc bien connue. C’est la raison pour laquelle, si au début du conflit, les syndicats étaient tournés vers le soutien aux travailleurs envoyés sur le front, les activités syndicales « classiques » de défense des droits ont repris face aux offensives portées au Code du travail. Par exemple, comme le rapportait Justine Brabant dans Mediapart en février dernier, l’adoption de la loi dite « 5371 » ratifiée en août 2022 par le Président Volodymir Zelensky : elle prive 70 % des travailleurs de leurs droits. Elle prévoit que dans les entreprises de moins de 250 salariés plus aucun accord collectif ne s’applique : les contrats de travail sont « négociés » et signés directement entre l’employeur et l’employé. Il n’existe ainsi plus aucun garde-fou concernant le temps de travail maximum, le salaire minimum ou les conditions de licenciement. Les 14 et 15 novembre derniers, la tenue du forum « Rebuild Ukraine » à Varsovie n’a pas vu les participants se préoccuper du sort du peuple ukrainien. Au contraire, les grandes entreprises du capitalisme financiarisé présentes n’avaient pour seul objectif que de se répartir le marché ukrainien dans une logique prédatrice et aux dépens des intérêts des Ukrainiens. La déclaration de Larry Fink, PDG de BlacRock, plus grande institution financière au monde, selon laquelle le pays devait devenir un « phare pour le capitalisme international » ne laisse guère de doute quant aux intentions de ces capitalistes financiers. Ce dépeçage du pays se fera aux prix des Ukrainiens. Nous y sommes résolument opposés. Nous soutenons les initiatives opposées à ces desseins, comme celle du Mouvement social (Sotsialnyi Rukh), qui avait d’ailleurs témoigné de son soutien aux révoltes des banlieues suite à l’assassinat de Nahel, et plus récemment contre l’offensive génocidaire d’Israël à Gaza.
6 Appuyez-vous la revendication d’annulation de la dette extérieure ukrainienne ? Appuyez-vous la demande de confiscation et la taxation au bénéfice de l’Ukraine, au titre des réparations de guerre, des avoirs privés et publics russes gelés hors de Russie ?Oui, comme nous l’avons exprimé ci-dessus dans notre réponse sur le soutien à l’Ukraine, nous approuvons l’annulation de la dette extérieure de l’Ukraine. Nous notons que les thuriféraires de l’adhésion ukrainienne à l’UE afin « d’aider » le pays, ne soutiennent pas cette annulation de la dette extérieure ukrainienne.
7 Comment garantir l’accueil sans discriminations de tous les réfugié.e.s d’Ukraine, comme l’accueil de tous les réfugié.e.s ?Tout d’abord nous réaffirmons qu’il n’existe pas de « crise migratoire » actuellement, mais une crise de l’accueil : les exilés arrivant en UE ne représentent que 0,6% de la population totale. Au-delà du seul cas ukrainien, nous avons donc élaboré un ensemble de mesures permettant l’accueil digne et indiscriminé de tous les réfugiés, sans distinction de leur origine. Les voici :
- Refuser les réintroductions injustifiées des contrôles aux frontières internes de l’Union européenne, garantir les droits des exilés illégalement détenus, maltraités et refoulés d’un État-membre à l’autre
- Prendre en compte les relations familiales, culturelles, linguistiques et professionnelles dans le cadre du mécanisme de répartition des demandes d’asile afin d’améliorer les perspectives d’intégration
- Interdire les politiques discriminatoires à l’encontre des réfugiés et faciliter leur intégration par le droit au travail, la reconnaissance des compétences et des qualifications acquises avant la migration
- Mettre en place un accès effectif des exilés aux soins physiques et mentaux ainsi qu’au soutien psychosocial
- Garantir l’accès des exilés à l’éducation, à l’apprentissage de la langue, à l’aide juridique, et plus globalement au système de protection sociale
- Construire un programme pour l’aide au retour des réfugiés qui le souhaitent lorsque la situation dans leur pays d’origine le permet
Enfin, nous déplorons la « concurrence » de fait établie en Europe, des « socialistes » à l’extrême droite, entre les réfugiés ukrainiens et ceux venant d’autres régions en guerre, notamment du proche orient ou d’Afrique subsaharienne. Il n’y a pas les « bons exilés », au prétexte plus ou moins avoués qu’ils auraient la bonne couleur et la bonne religion, et les autres. Ce deux poids deux mesure, qu’on observe également s’agissant du traitement des victimes civiles de l’invasion russe de l’Ukraine et celle du massacre commis à Gaza par le gouvernement israélien.
8 Concernant le pouvoir en Russie :
- comment évaluer et appliquer réellement les sanctions financières et économiques imposées à la Russie tout en protégeant les populations de leurs effets ?
Nous sommes contre les boycotts ou sanctions économiques indiscriminées car précisément, elles touchent la population civile en premier lieu, dans les pays sanctionnés, mais parfois également dans les pays qui mettent en place les sanctions, comme on a pu le voir avec l’explosion de l’inflation consécutive à la hausse du prix des matières premières découlant en partie de la restriction aux importantes de gaz et pétrole russe. Ce sont donc en partie des « sanctions boomerang ». Nous considérons donc qu’il faut en priorité cibler très finement les personnes ou organismes concernés. Plus largement, cette question ayant partie liée avec le point c, voire cette réponse.
- Êtes-vous pour la saisie immédiate des biens des membres du gouvernement, des hauts fonctionnaires et des oligarques russes en Europe et dans le monde ?
Nous sommes favorables au gel des avoirs, mais la saisie doit être appliquée avec plus de mesure. Moscou ferait de même en retour, et c’est d’ailleurs la raison pour laquelle le gouvernement français ne défend pas à ce stade cette option.
– êtes-vous favorable à un embargo réel des matières premières stratégiques, notamment gaz, pétrole et uranium, ainsi que des composants électroniques ?
La question de l’embargo est hypocrite. Il est aisément contournable et contourné, par la Russie, mais aussi par les pays importateurs. N’est qu’à voir l’explosion des exportations de pétrole russe vers l’Inde… et en retour, l’explosion de nos importations en provenance d’Inde. Deuxièmement, les principales victimes des embargos sont systématiquement la population civile. L’embargo a pour premier effet de faire exploser les prix. Les oligarques et la classe dirigeante russes ne sont que marginalement touchés par les sanctions prises à l’encontre de leur pays. Et que signifie remplacer du gaz ou pétrole russe par du gaz ou pétrole de schiste étasunien vendu beaucoup plus cher, en sachant que le gouvernement des Etats-Unis joue lui aussi de l’ouverture ou de la fermeture des robinets pour maintenir un certain prix sur le marché. L’urgence est de mettre en œuvre les investissements pour assurer notre autonomie énergétique.
- comment s’opposer à la menace nucléaire que constitue la mise en état d’alerte des armes nucléaires en Russie et au Bélarus ainsi que la mise en danger des centrales ukrainiennes ?
La France est une puissance dotée ce qui lui permet de faire jouer la dissuasion face à la menace nucléaire. Doit-on « élargir » cette dissuasion ? Non, même si le Président Macron l’a avancé, ce serait une folie et une hypocrisie. Un parapluie nucléaire reste toujours dans la main et aux ordres de celui qui l’actionne. Personne ne peut croire qu’un pays engagerait le feu nucléaire pour la défense d’un autre en s’exposant ainsi lui-même à la riposte. C’est bien pourquoi la France s’est dotée de sa propre arme nucléaire dans les années 60. Sa doctrine est de ne jamais avoir à s’en servir sans avoir été elle-même mise en danger dans ses intérêts vitaux, dont la définition reste volontairement ouverte pour ne pas donner de prise à l’ennemi. Et par ailleurs on ne peut pas séparer la question de la défense de la question de la souveraineté du peuple. Souveraineté, indépendance et dissuasion sont intimement liés. C’est pourquoi il est inutile d’aller plus loin que les engagements de solidarité déjà contenus dans les traités de l’UE. Décider à 27 d’un système de défense mettant en œuvre de telles armes est une vue de l’esprit dangereuse et une illusion impraticable. Par ses récentes déclarations le Président français a créé un flou sans précédent quant à notre positionnement historique, fragilisant de facto la position militaire pacifique de la France. En effet, on ne sait plus à présent si Monsieur Macron est prêt à faire entrer la France dans la planification nucléaire de l’Otan ou s’il prévoit de partager la dissuasion nucléaire française avec les États de l’Union Européenne. Concernant les centrales nucléaires, dès le début du conflit nous appelions à leur mise en sûreté en y déployant des soldats onusiens. On nous a ri au nez. Et quelques mois plus tard l’AIEA suggérait des mesures analogues.
9 Concernant les peuples en Russie et au Bélarus : - comment soutenir les mouvements anti-guerre et démocratiques ?
– vous engagez-vous à exiger la libération de toutes les personnes emprisonnées pour opposition à la guerre et/ou en faveur des droits démocratiques (d’expression, de manifestation, d’information, d’organisation syndicale…) ?
Nous sommes à ma connaissance la seule force politique française à avoir accueilli des opposants russes à la guerre en Ukraine, et à leur avoir donné une tribune régulière. Nous les hébergeons et les appuyons au quotidien. D’ailleurs nous attendons toujours que le président de la commission des affaires étrangères à l’Assemblée nationale, membre de la majorité, réponde à nos demandes de les auditionner.
- à agir pour la garantie du statut de réfugié.e.s politiques aux opposant.es à Poutine, à Loukatchenko et aux déserteurs?
Notre mouvement a toujours exprimé son soutien aux opposants à Vladimir Poutine et à Alexandre Loukatchenko. C’est de notre responsabilité que d’agir comme tel au nom de la solidarité internationale, principe au cœur de la pensée et l’action politique de gauche. Nous considérons par ailleurs que le changement éventuel de régime en Russie ou en Biélorussie ne pourra intervenir que par l’action des peuples concernés. Penser qu’un acteur tiers pourrait provoquer un changement de pouvoir durable, enraciné et démocratique est un vœu pieu. Dans l’histoire récente, les opérations de « regime change » sous impulsion d’intervention militaires étasuniennes ou autres ont mené à des catastrophes, que ce soit en Irak, en Libye ou ailleurs.
10 Avez-vous d’autres commentaires ou propositions à formuler
Le fait qu’il y ait dans le cas de la guerre en Ukraine un agresseur et un agressé clairement identifiés, et le fait qu’il y ait aussi beaucoup d’arrière-pensées dans les modalités du soutien à l’Ukraine, renforcer la propension au manichéisme. On peut parfaitement à la fois rappeler que le régime de Poutine est détestable, que sa guerre est insupportable, et qu’il n’y aura pas de solution militaire ultime à cette guerre. Nous soumettons donc à la réflexion des lecteurs la citation suivante de George F. Kennan, le théoricien américain de l’endiguement de l’Union soviétique, peu suspect donc de faiblesse en la matière, qui mettait en garde dans les termes suivants : « Il n’y a rien de plus égocentrique qu’une démocratie qui livre bataille. Elle devient vite la victime de sa propagande de guerre. Elle tend ensuite à attribuer une valeur absolue à sa cause, ce qui déforme sa vision de tout le reste. Son ennemi devient l’incarnation du mal. Son camp, le centre de toutes les vertus. Leur affrontement en vient à être perçu de manière apocalyptique. Si nous perdons, tout est perdu, la vie ne vaudra plus la peine d’être vécue, il ne restera rien à sauver. Si nous gagnons, tout deviendra possible, (…) les forces du bien se déploieront sans rencontrer d’obstacle, les aspirations les plus nobles seront satisfaites. »
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Réponses de la liste La Droite pour faire entendre la voix de la France en Europe [Les Républicains (LR)] conduite par François-Xavier Bellamy.
Mesdames, Messieurs,
Vous m’avez contacté en vue des élections européennes. Ces élections se déroulent dans un contexte malheureux et préoccupant, marqué par les deux années de guerre dramatique qui se déroule sur le sol ukrainien à la suite de l’agression russe qui a débuté le 24 février 2022.
Comment caractérisez-vous la guerre menée sur le sol ukrainien par la Russie ?
Cette guerre qui frappe aux portes de l’Union européenne comporte de manière très claire un agressé et un agresseur. Vladimir Poutine a fait le choix unilatéral d’entraîner son pays dans une terrible guerre d’agression que l’Ukraine n’a jamais voulu et n’a pas provoqué. M. Poutine est seul responsable de cette guerre qu’il a déclenché au mépris de toutes les règles du droit international. Cette guerre menée sur le sol ukrainien par la Russie est une guerre d’agression illégitime qui doit être condamnée par l’ensemble de la communauté internationale. Rien ne justifiait cette guerre, rien ne justifiait non plus les violations des frontières ukrainiennes commises par la Russie depuis 2014. L’Ukraine combat depuis plus de deux ans pour son indépendance, sa souveraineté et pour défendre l’intégrité de ses frontières. La soutenir dans sa lutte contre l’agresseur russe est notre devoir d’Européens. C’est en suivant cette logique que nous avons, par exemple, voté en faveur de la résolution du 16 février 2023 réaffirmant le soutien à l’Ukraine après une année d’agression russe.
Comment envisagez-vous son issue ? Le retrait préalable de la Russie de tous les territoires ukrainiens occupés illégalement depuis 2014 est-il pour vous une condition à l’ouverture de négociations pour une paix juste et durable ?
La guerre en Ukraine doit prendre fin quand les Ukrainiens choisiront de négocier la paix aux conditions qui leur paraîtront justes et acceptables. Notre rôle, à la fois en tant que Français mais aussi en tant qu’Européens, est de garantir notre plein soutien à l’Ukraine aussi longtemps que les Ukrainiens souhaiteront combattre pour que l’Ukraine soit dans la position la plus forte possible lorsqu’elle décidera de négocier un cessez-le-feu ou la paix. La question de savoir si la Russie doit préalablement se retirer de tous les territoires occupés illégalement depuis 2014 avant toute négociation doit rester à l’appréciation du gouvernement et du peuple ukrainiens.
Le soutien à l’Ukraine – humanitaire, économique, militaire – est-il pour vous justifié ? Doit-il être augmenté ? Y-aurait-il des « lignes rouges » à ne pas franchir en la matière, et dans ce cas lesquelles et pourquoi ?
Laisser la Russie agresser l’Ukraine sans réaction serait courir le risque que demain, aux portes de l’Europe, la preuve soit faite que la violence peut effacer des frontières légalement fixées et violer des souverainetés au mépris de tous les principes du droit international. Nous ne savons pas non plus où s’arrêtera la volonté expansionniste de M. Poutine qui a fait de la Russie une puissance prédatrice pour l’Europe. M. Poutine doit donc être repoussé d’Ukraine.
Depuis deux ans maintenant, l’armée et le peuple ukrainiens font preuve d’un courage admirable et d’une résistance acharnée. L’aide internationale, européenne et française à l’Ukraine est absolument nécessaire. Il est de notre devoir de soutenir massivement l’Ukraine pour mettre fin à cette guerre terrible le plus rapidement possible. Dès le 8 juin 2022, nous avons voté une résolution réaffirmant l’aide matérielle, financière et humanitaire à l’Ukraine, ainsi que l’ouverture d’une enquête sur les crimes de guerres commis par la Russie. Ce soutien à l’Ukraine doit aujourd’hui passer par une triple action :
1/ militaire – nous devons relancer massivement notre industrie de défense française et européenne et fournir aux forces ukrainiennes les matériels, les équipements et les munitions dont elles ont un besoin vital, en même temps que nous réarmer ;
2/ diplomatique : il nous faut contrer le récit de Vladimir Poutine et l’isoler sur la scène internationale, les sanctions contre la Russie doivent être poursuivies, le produit du gel des actifs russes doit permettre de financer l’aide à l’Ukraine ;
3/ civil : nous devons soutenir l’économie ukrainienne sans fragiliser nos producteurs, en utilisant le marché européen comme un couloir commercial vers les débouchés internationaux pour les produits ukrainiens et en mettant en place des clauses de sauvegarde efficaces pour l’accès des produits ukrainiens au marché intérieur européen. Nous voulons mettre fin au contournement des sanctions, et saisir enfin, pour financer cet effort, les milliards d’euros de biens mal acquis russes en Europe.
Enfin, l’UE devra s’investir dans la reconstruction de l’Ukraine au travers d’un plan Marshall pour l’Ukraine à la fin de la guerre. Nous souhaitons aussi la création d’un Tribunal spécial pour juger les crimes de guerre commis en Ukraine par les Russes sur le modèle, par exemple, du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie. Dans l’attente de sa création (ou si sa création ne pouvait avoir lieu) nous pensons que la France doit soutenir l’action de la justice ukrainienne et celle de la Cour pénale internationale afin de mener des enquêtes impartiales et indépendantes et que les responsables russes des crimes commis en Ukraine rendent des comptes.
L'adhésion à l'UE est-elle un droit démocratique de l'Ukraine ?
Ce que souhaitent les Ukrainiens, avant l’adhésion à l’Union européenne, ce sont avant tout des armes et des munitions, une aide matérielle qui leur est indispensable pour repousser l’agression russe. Ils n’ont pas besoin des fausses promesses de M. Macron.
De ce point de vue, nous ne pouvons que constater et regretter que notre pays, la France, ne soit pas au rendez-vous depuis 2022. En matière d’aide militaire à Kiev, la France arrive au quinzième rang des quarante-deux pays donateurs à l’Ukraine. Et le principal problème tient surtout au fait que notre pays ne s’est absolument pas préparé à agir dans la durée en soutien de nos amis ukrainiens. Après avoir cédé des matériels existants, la France ne peut bien sûr pas désarmer ses propres forces pour soutenir l’Ukraine. Encore aurait-il fallu le prévoir.
Nous pouvons faire plus et nous devons faire mieux, il en va de notre responsabilité collective. Pour soutenir efficacement l’Ukraine, nous devons reconstruire notre industrie de défense pour produire massivement. En ce sens, l’Europe constitue un formidable levier de développement de l’industrie militaire sur notre continent. Depuis le début de l’invasion de l’Ukraine, 78% des commandes d’armement de l’UE ont été passées à des acteurs non européens, dont 63% aux Etats-Unis. Nous proposons de tripler le budget du Fonds européen de défense (FED) au cours de la prochaine mandature (de 8 à 25 milliards d’euros) et nous souhaitons que davantage de dépenses du FED et de commandes de l’Agence européenne de défense (AED) s’orientent vers des entreprises européennes pour soutenir notre industrie de défense. Le développement de notre industrie de défense passe aussi par des achats et des commandes conjoints de matériels et d’équipements par les États membres à des entreprises européennes. Le réarmement de l’Europe est une nécessité vitale. En ce sens, nous souhaitons que tous les membres de l’Union européenne doivent se fixer l’objectif d’atteindre le plus vite possible le seuil de 3% de leur PIB annuel consacré aux dépenses de défense, même ceux qui n’appartiennent pas à l’OTAN. Cette augmentation des moyens permettra de renforcer notre industrie de défense européenne, d’assurer nos engagements de soutien à l’égard de l’Ukraine et de consolider l’OTAN. Ce n’est que par
le renforcement de son industrie d’armement que l’Europe pourra tenir ses engagements et ses promesses de livraisons d’armes et de munitions à l’Ukraine.
L’Union européenne ne peut clairement pas assumer aujourd’hui de nouveaux élargissements qui affaibliraient le projet européen. Il faut consolider l’Europe, pas l’élargir. L’Ukraine, la Moldavie, la Géorgie et les pays des Balkans occidentaux doivent être arrimés à l’Europe par des partenariats solides et par le développement du statut d’État associé à l’Union européenne, pas par des élargissements.
Comme le disait l’ancien Premier ministre Dominique de Villepin en 2006 : « Il n’existe aucun droit naturel, aucun droit historique à entrer dans l’Union. Et la promesse de l’élargissement ne doit pas être le seul élément de stabilisation des régions voisines de l’Europe ». L’adhésion de l’Ukraine à l’UE n’est donc pas un droit démocratique. Il doit résulter de la volonté du peuple ukrainien et de la volonté de tous les peuples européens.
Dans ce combat où se jouent son avenir et celui de notre continent, l’Ukraine a besoin de tout, sauf de promesses intenables aux accents électoralistes. Les déclarations récentes du Président de la République sur l’éventualité d’un envoi de troupes au sol ne sont d’aucune aide aux forces ukrainiennes ni au peuple ukrainien. En divisant les Occidentaux, les propos d’Emmanuel Macron fragilisent l’Ukraine, l’Europe et la France. Face à un agresseur déterminé, rien n’est plus dangereux que de brandir une menace manifestement irréaliste. Mieux vaut encore jouer sur l’incertitude. En faisant le choix de sortir de l’ambiguïté, Emmanuel Macron a contraint beaucoup de nos alliés, l’OTAN même, à contredire ses annonces : les soutiens de Kiev ne peuvent envisager d’envoyer leurs forces armées combattre directement la Russie en Ukraine et se retrouver ainsi dans une situation directe de belligérance. Si aucune puissance occidentale n’est entrée en guerre ouverte avec Moscou même aux heures les plus dures de la guerre froide, ce n’est pas par « esprit de défaite » comme le prétend M. Macron, mais parce que cela ne pouvait qu’ajouter au danger. Et ce n’est pas une France en plein déclassement stratégique et diplomatique qui renversera cette réalité à court ou à moyen terme. Ce dont l’Ukraine a besoin, ce sont davantage d’armes et de munitions et moins de mots.
Nous ne pouvons fermer la porte à l’Ukraine, ce peuple voisin attaqué précisément parce qu’il veut être européen ; ce serait une faute morale et un suicide géopolitique. Mais il faut être lucide sur le processus d’adhésion de Kiev à l’Union européenne. La différence entre nos économies, nos modèles sociaux, nos standards de production est si massive qu’une entrée de l’Ukraine dans l’Union déstabiliserait toutes les politiques européennes. Nous ne renforcerons pas l’Europe en retirant la politique agricole commune (PAC) ou les fonds structurels à l’essentiel des Etats membres, en créant une nouvelle concurrence intenable pour nos entreprises, et en ajoutant encore à la complexité de la décision collective. On ne transforme pas une Union qui ne marche déjà pas de manière satisfaisante à 27 en Union à 35 qui deviendrait ingérable. Il faut avant tout consolider l’Europe, pas l’élargir. Cette position s’applique donc aussi bien pour l’Ukraine que pour les pays des Balkans occidentaux, la Moldavie et la Géorgie. Toutefois, nous appelons à la création d’un nouveau statut intermédiaire d’Etats associés permettant de faire en sorte que ces pays amis soient liés à l’Europe sans être pour autant membres à part entière de l’Union européenne.
Comme l’expliquait l’ancien président de la République tchèque Vaclav Havel dans une interview au Monde le 23 février 2005 : « Ce n’est pas une honte de ne pas être membre de l’Union européenne ».
Soutenez-vous les revendications sociales qu’expriment actuellement le mouvement des travailleurs ukrainien et ses organisations ? Et si oui, comment allez-vous manifester ce soutien ?
La question des revendications sociales du mouvement des travailleurs ukrainiens relève de l’appréciation du gouvernement ukrainien en cette période de guerre et d’union nationale face à
l’agression russe. De manière générale, nous sommes favorables à une élévation du niveau de vie dans les pays d’Europe centrale et orientale grâce au développement économique et au rattrapage qui permet de rétablir une concurrence loyale entre les producteurs. Avant de répartir les richesses, il faut de toute façon déjà les produire.
La défense de l’Ukraine passe aussi par un soutien à l’économie ukrainienne. Cette aide ne doit néanmoins pas se faire au détriment de nos producteurs français et européens en souffrance que nous refusons de fragiliser encore comme le fait M. Macron. Le soutien économique doit passer par l’utilisation du marché européen comme un couloir commercial vers les débouchés internationaux pour les produits ukrainiens et par la mise en place de clauses de sauvegarde efficaces en ce qui concerne l’accès des produits ukrainiens, et en particulier des produits agricoles, au marché unique européen. Voilà le meilleur soutien que l’on peut offrir au mouvement des travailleurs ukrainiens qui aspirent à une vie meilleure en Ukraine, et c’est tout à fait normal.
Appuyez-vous la revendication d’annulation de la dette extérieure ukrainienne ? Appuyez- vous la demande de confiscation et la taxation au bénéfice de l’Ukraine, au titre des réparations de guerre, des avoirs privés et publics russes gelés hors de Russie
Si une dette se doit d’être honorée, nous souhaitons que l’Ukraine continue de bénéficier d’un soutien financier massif de la part de l’Union européenne dans son combat contre la Russie, elle qui est en situation de légitime défense. Nous souhaitons aussi que l’Union mette en place, avec d’autres pays alliés, un véritable plan Marshall pour reconstruire l’Ukraine une fois la guerre gagnée. La question de l’annulation de tout ou partie de la dette extérieure ukrainienne se posera inévitablement à ce moment-là. Nous ne l’excluons pas et cette question devra être étudie même si ce n’est pas encore le moment, sauf si l’Ukraine venait à le demander. L’heure est à l’augmentation du soutien à l’Ukraine, comme nous l’avons dit ci-dessus.
Nous soutenons qu’il faut lutter contre le contournement des sanctions prises contre la Russie. Il est plus que nécessaire de rendre les actuels embargos plus efficaces. De plus, en Europe comme dans le monde entier, les Etats doivent saisir les milliards d’euros de biens mal acquis russes, les biens des membres du gouvernement, des hauts fonctionnaires et des oligarques russes, pour les redistribuer au profit de l’Ukraine. Nous y sommes favorables.
Comment garantir l’accueil sans discriminations de tous les réfugié.e.s d’Ukraine, comme l’accueil de tous les réfugié.e.s ?
Notre pays a fait preuve de générosité et d’efficacité dans l’accueil des réfugiés ukrainiens dès le début du conflit et a fait honneur à la tradition de l’asile qui est la sienne. Certains réfugiés ukrainien sont retournés en Ukraine. La France accueillerait aujourd’hui environ 70 000 réfugiés ukrainiens après une pointe à 110 000 il y a un an. Dans notre pays, il y a eu une forte mobilisation des institutions, des mairies, des associations, des particuliers, de la société civile, de l’Etat pour leur venir en aide et nous pouvons en être fiers.
A l'inverse des demandeurs d'asile de droit commun, qui n'ont le droit de travailler que si l'office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) n'a pas statué sur leur dossier au bout de six mois, les Ukrainiens bénéficient d'un statut particulier : celui de « protection temporaire », activé pour la première fois par l'Union européenne au vu du risque que le système d'asile standard soit débordé : on estime qu'environ 6 millions d'Ukrainiens ont fui leur pays au début de la guerre. Ce statut leur permet de travailler.
Nous souhaitons préserver ce statut de « protection temporaire » et faire en sorte d’intégrer pleinement ces réfugiés ukrainiens qui ont rejoint la France par l’emploi, la formation et la scolarisation pour les plus jeunes. Ils sont une richesse et une chance pour notre nation.
Concernant le pouvoir en Russie : - comment évaluer et appliquer réellement les sanctions financières et économiques imposées à la Russie tout en protégeant les populations de leurs effets ? - êtes-vous pour la saisie immédiate des biens des membres du gouvernement, des hauts fonctionnaires et des oligarques russes en Europe et dans le monde ? – êtes-vous favorable à un embargo réel des matières premières stratégiques, notamment gaz, pétrole et uranium, ainsi que des composants électroniques ? - comment s’opposer à la menace nucléaire que constitue la mise en état d’alerte des armes nucléaires en Russie et au Bélarus ainsi que la mise en danger des centrales ukrainiennes ?
Les sanctions doivent d’abord viser les dirigeants russes et l’élite économique, intellectuel et politique au service de Vladimir Poutine. Il faut bien entendu aussi prendre des sanctions économiques générales qui peuvent frapper la population russe de manière indirecte mais le gel des avoirs et la saisie des biens de l’oligarchie russe est prioritaire. Nous sommes favorables à un embargo le plus large possible et à une diversification de nos approvisionnements stratégiques chez d’autres fournisseurs que la Russie ou la Biélorussie. C’est la raison pour laquelle nous proposons que l’Europe investisse massivement dans le développement de l’énergie nucléaire de façon à assurer notre autonomie énergétique ou que l’Union européenne développe sur son territoire une filière de production d’engrais.
On ne peut s’opposer à la dissuasion nucléaire russe qu’avec notre propre force de dissuasion nucléaire, en lien avec nos alliés américains et britanniques. Mais il ne faut pas le faire comme M. Macron en hurlant sur tous les toits nos lignes stratégiques. Nous devons au contraire, comme le disait le général de Gaulle, père de notre dissuasion nucléaire, garder sur ce sujet « un silence inquiétant ». Il nous faut également de toute urgence nous réarmer et renforcer les frontières extérieures de l’Europe, en lien avec l’OTAN, pour parer à toute éventualité venant de Russie ou de Biélorussie. Dans ce cadre, notre projet de financement par l’Union européenne d’infrastructures physiques pour protéger les frontières à l’Est de l’Union européenne aurait également un intérêt militaire.- Concernant les peuples en Russie et au Bélarus : - comment soutenir les mouvements antiguerre et démocratiques ? – vous engagez-vous à exiger la libération de toutes les personnes emprisonnées pour opposition à la guerre et/ou en faveur des droits démocratiques (d’expression, de manifestation, d’information, d’organisation syndicale… ) ? – à agir pour la garantie du statut de réfugié.e.s politiques aux opposant.es à Poutine, à Loukatchenko et aux déserteurs ?
La France est le pays de l’Humanisme et des Lumières, notre pays est aussi celui des valeurs républicaines universelles au sein desquelles figurent en bonne place la liberté d’expression et d’opinion. Les Etats membres de l’Union européenne doivent garantir l’accueil des lanceurs d’alertes russes, leur permettre de relayer les discours d’opposition à la guerre et en faveur de la démocratie et assurer leur sécurité contre les services secrets russes qui les traquent sur tout le continent européen. Ces opposants russes peuvent prétendre légitimement au sein de l’Union européenne au statut de réfugiés politiques.
Ainsi, les Etats membres de l’Union doivent garantir le statut de réfugié politique aux opposants à M. Poutine, à M. Loukachenko et potentiellement aux déserteurs de l’armée russe (même s’il faudra vérifier qu’il ne s’agit pas de criminels de guerre). Nous souhaitons également la libération de toutes les personnes emprisonnées pour opposition à la guerre et celles en faveur des droits et des libertés en Russie. - Avez-vous d’autres commentaires ou propositions à formuler ?
Le moment que nous vivons est historique : il impose le sens des responsabilités, la lucidité dans la réflexion, le courage dans l’effort, l’imagination pour échapper aux faux dilemmes que voudraient imposer de vieilles habitudes. A cette condition seulement sera possible le relèvement de l’Ukraine après avoir repoussé l’agresseur russe. Surtout depuis 2022, et même depuis 2014, le peuple ukrainien résiste admirablement à l’agression de la Russie. Dans ce combat où se jouent son avenir et
celui de notre continent européen, nous devons garantir un soutien sans faille à l’Ukraine et à son peuple qui méritent toute notre considération et notre admiration.
La paix sur notre continent est la plus grande réussite historique de la construction européenne. Nous sommes en paix car nous sommes unis. Mais cette paix est aujourd’hui menacée par le retour de la guerre aux portes de l’Union européenne. Les menaces qui pèsent sur notre continent font de la défense européenne une priorité de la prochaine mandature pour laquelle nous nous engagerons de toutes nos forces, pour notre pays et pour notre continent.
François-Xavier Bellamy
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[1] La liste conduite par Guillaume Lacroix a accusé réception du questionnaire mais n’a pas encore envoyé sa réponse.