Le 13 septembre 1935, le négus Haïlé Sélassié plaide la cause de son pays, l'Éthiopie que l’Italie menace. Une année plus tard, il revient devant la SDN demander l'intervention de la Société des Nations suite à l'invasion italienne décidée par Mussolini.
Bien que le monarque éthiopien soit un féodal dont le pays n’a pas encore aboli l’esclavage, la gauche défend l’Ethiopie, de Trotsky qui explique « Bien entendu, nous sommes pour la défaite de l'Italie et pour la victoire de l'Ethiopie, et nous devons donc faire tout notre possible pour empêcher, par tous les moyens en notre pouvoir, que d'autres puissances impérialistes soutiennent l'impérialisme italien et en même temps faciliter du mieux que nous pouvons la livraison d'armes, etc. à l'Éthiopie. Néanmoins nous devons faire valoir que cette lutte n'est pas dirigée contre le fascisme mais contre l'impérialisme. Quand c'est de guerre qu'il s'agit, il n'est pas question pour nous de savoir qui est "le meilleur" du Négus ou de Mussolini, mais d'un rapport de forces et du combat d'une nation sous-développée pour sa défense contre l'impérialisme[1]». à Paul Nizan qui écrit « Il faut agir, et promptement. L’un des meilleurs moyens de persuader l’Allemagne hitlérienne qu’elle aurait peu de profits à retirer d’une agression, consiste justement à agir fermement contre l’agresseur de Rome[2]. »
Presque huit décennies plus tard, que penser du déshonorant spectacle offert à l’Assemblée nationale par tous ces bancs de gauche vides, désertés par leurs titulaires ? N’est-il pas temps que l’ensemble des forces progressistes reprenne le drapeau de l’internationalisme face aux impérialismes et ne se contente pas - au mieux - de laisser à une petite partie d’entre elle le soin de sauver l’honneur en maintenant les ponts avec le peuple ukrainien, sa résistance et ses organisations populaires ? C’est à cela que s’attelle le comité français du RESU (Réseau européen de solidarité avec l’Ukraine).
À NOS SOEURS ET FRÈRES UKRAINIENS, D'UKRAINE, DES TERRITOIRES OCCUPES ET DE LA DIASPORA
Nous nous adressons à vous en ce lendemain des commémorations du débarquement de Normandie et en cette veille des élections au Parlement européen pour saluer la présence de votre président, Volodymyr Zelensky, à l’Assemblée nationale.
Il incarne votre résistance à l’impérialisme russe et c’est pour cette raison que nous pensons que la gauche de France, à laquelle nous appartenons, attachée à l’émancipation humaine, aurait dû saluer à cette occasion.
Malheureusement, nous avons le devoir de vous dire qu’aujourd’hui nous avons eu honte du visage que certain·es parlementaires de gauche ont montré à l’Assemblée nationale.
Honte de l’absence de la majorité d’entre elles et d’entre eux des bancs de l’Assemblée.
Honte de l’appel lancé par un député, LFI Jérôme Legavre, à priver l’Ukraine d’armes et à un cessez-le-feu immédiat. Une telle posture assure la poursuite de la russification, des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité dans les zones occupées. Honte de ses mensonges sur l’Ukraine qui s’inscrivent dans la tradition policière et tortionnaire du stalinisme, des chars à Budapest en 1956 et à Prague en 1968 et des tirs sur les ouvriers de Gdansk en 1981.
Honte des déclarations du dirigeant du PC Fabien Roussel accusant Volodymyr Zelensky de nous entraîner dans la troisième guerre mondiale.
Honte des mensonges laissant croire que la France entrerait prétendument en guerre en fournissant à l’Ukraine les armes dont elle a tant besoin, alors qu’en réalité Emmanuel Macron, dans son intervention du jeudi 6 juin, a laissé ouverte la possibilité d’abandonner le Donbass ou une partie du Donbass à Poutine.
Cher·es sœurs et frères ukrainien·nes, d’Ukraine, des territoires occupés et de la diaspora, nous sommes de cette gauche – syndicale, associative, politique – qui vous soutient et qui sait que le seul avenir pour elle passe par la défense de votre combat national et démocratique armé.
Nous sommes la gauche qui se bat inlassablement pour que revive l’internationalisme et qui repousse le mensonge triomphant qui passe.
Nous sommes la gauche qui se tient à vos côtés, pour le droit des peuples à l’autodétermination, pour le respect du droit international, pour le droit à l’autodéfense, pour les droits et libertés démocratiques des femmes et des hommes d’Ukraine, dans les entreprises, les bureaux, les universités et sous les drapeaux.
Le comité français du RESU, le 7 juin 2024 ukrainesolidaritefrance@gmail.com
[1]L. Trotsky, « Le conflit italo-éthiopien », Œuvres – Juillet 1935
[2] L’Humanité, 19 février 1936. Dans « L’invasion fasciste de l’Éthiopie, selon Paul Nizan », sur Retronews , Anne Mathieu rappelle « Avec une constante énergie, le journaliste affirmera que les événements d’Éthiopie induiront ce qui pourra s’effectuer ensuite sous d'autres latitudes. Nizan n’aura eu de cesse de « se soulever » pour l’Éthiopie, et d’alerter sur les dangers d’une guerre mondiale, compte tenu de la prime laissée à l’agresseur. Par solidarité avec ce petit pays, par antifascisme, mais aussi parce qu’il était persuadé, comme il l’énonce dans une formule magistrale en péroraison de son article du 14 octobre 1935, que nous étions entrés dans « le temps des incendies ». Sur ce point-là, force est de constater que l’Histoire n’a pu que lui donner raison. »
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