Le Retour spectaculaire de Trump
26 novembre 2024
KEN KNABB
https://www.bopsecrets.org
La deuxième élection de Trump a été étonnamment similaire à la première.
Lorsque j’examine l’article ci-dessus que j’ai écrit il y a huit ans
(voir sur site, Nde), il me semble que pratiquement
tout ce que j’y ai dit s’applique encore.
Le Parti démocrate ne semble pas avoir tiré de leçons de sa première défaite face à Trump. Ils ont réussi à le battre de justesse en 2020 (ce qui n’était pas une tâche trop difficile, étant donné que le pays était dans le chaos économique et que des centaines de milliers de personnes étaient mortes inutilement à cause de l’absence de réponse d’un Trump désemparé à la crise du Covid) et nous avons beaucoup entendu dire que Biden était “le président le plus progressiste depuis Roosevelt”. Mais les programmes de Biden qui ont été portés aux nues n’étaient qu’un amalgame d’ajustements disparates dont peu d’électeurs étaient au courant.
L’une des mesures qui aurait attiré l’attention de tous aurait été une forte augmentation du salaire minimum, attendue depuis longtemps. Une telle augmentation est soutenue par de larges majorités partout dans le pays, y compris dans les états républicains. Or, non seulement les démocrates n’ont pas réussi à faire passer une telle augmentation, mais ils ne l’ont même pas soumise au vote (ce qui aurait obligé les politiciens républicains à faire face à la colère de leurs électeurs s’ils avaient été enregistrés comme ayant voté contre). Une mesure aussi simple et évidente aurait déplu aux riches donateurs des démocrates, si bien qu’elle a été considérée comme “irréaliste” et mise de côté dès le premier jour de l’administration de Biden.
Ce n’est là qu’un exemple. On pourrait dire la même chose de bien d’autres questions que les démocrates n’ont pas abordées, ou qu’ils ont abordées de manière inepte. Comme l’a dit Bernie Sanders:
Il ne faut pas s’étonner qu’un Parti démocrate qui a abandonné la classe ouvrière s’aperçoive que la classe ouvrière l’a abandonné. (...) Les grands intérêts financiers et les consultants bien payés qui contrôlent le Parti démocrate tireront-ils de véritables leçons de cette campagne désastreuse? Comprendront-ils la douleur et l’aliénation politique que vivent des dizaines de millions d’Américains? Ont-ils des idées sur la manière dont nous pouvons nous attaquer à l’oligarchie de plus en plus puissante, qui détient tant de pouvoir économique? Probablement pas.
Le seul nouveau facteur significatif, le génocide en cours à Gaza, peut ou non avoir eu un effet décisif sur les résultats de l’élection, mais il a certainement eu un effet modérateur sur le moral de la campagne. Il est difficile d’être enthousiaste lorsque son propre parti n’appelle même pas à un cessez-le-feu, et encore moins lorsqu’il continue d’envoyer des milliards de dollars d’armements supplémentaires à un gouvernement qui assassine de sang-froid des dizaines de milliers de civils et détruit les habitations et les infrastructures de deux millions d’autres personnes.
De nombreux autres facteurs ont été évoqués pour expliquer cette défaite: la misogynie généralisée qui rend plus difficile l’idée d’une femme présidente (en particulier d’une femme noire); le fait qu’en raison de l’inflation post-Covid, l’année a été très défavorable aux candidats sortants partout dans le monde; le fait que le minable procureur général de Biden, Merrick Garland, a attendu presque deux ans avant de nommer un conseil spécial chargé d’enquêter sur la complicité de Trump dans l’assaut sur le Capitole du 6 janvier 2021; le fait que l’homme le plus riche du monde ait dépensé 44 milliards de dollars pour acheter la plateforme de discussion politique la plus vaste du monde et l’ait remodelée en faveur de Trump; le fait que de nombreuses personnes semblent être psychologiquement prédisposées à se rallier à des dirigeants autoritaires (phénomène que Wilhelm Reich a examiné dans La Psychologie de masse du fascisme). D’autres ont relevé diverses failles dans la campagne démocrate, et il y en a certainement eu beaucoup. Sans entrer dans les détails, on peut dire que la campagne de Kamala Harris, comme celle d’Hillary Clinton il y a huit ans, pouvait se résumer à: “Défendons le statu quo! Vous devez voter pour moi parce que mon adversaire est encore pire!”
Au-delà de tout cela, il y a eu un étonnement compréhensible que tant de gens puissent même rêver de voter pour une personne aussi répugnante et méprisable, indépendamment de la déception qu’ils ont pu éprouver à l’égard des démocrates. Il me semble que la raison principale est assez simple et évidente. Fox News et plusieurs autres entreprises médiatiques financées par des milliardaires diffusent de la propagande réactionnaire 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, depuis des décennies, sans guère de concurrence digne de ce nom.
Il n’est guère surprenant que des millions de personnes aient été conditionnées à détester les libéraux et les idées progressistes. Comme les nazis l’ont constaté, si vous répétez sans cesse les mêmes mensonges, en martelant les mêmes messages dans la tête des gens jour après jour, une grande partie d’entre eux finira par y croire — surtout si ces messages répondent à leurs frustrations et à leurs ressentiments, en prétendant, par exemple, qu’un bouc émissaire choisi est la cause de tous leurs problèmes et qu’un chef magnifique s’occupera de tout à leur place.
Plus précisément, ce n’est pas tant qu’ils croient nécessairement à tous ces mensonges, mais que la répétition constante finit par oblitérer tout sens critique, tout sens de la réalité objective qui pourrait contredire leur état d’esprit conditionné. Il n’est même pas nécessaire que ce soit toujours les mêmes mensonges; il peut être plus efficace de saturer le public avec des mensonges sans cesse renouvelés. Il s’agit de susciter en permanence des turbulences, de l’anxiété, de la peur, de l’indignation, sans idéologie ou programme fixe, afin que le chef devienne le seul point de référence “fiable” pour ses partisans.
Trump est un tel menteur pathologique qu’il ment souvent même lorsqu’il n’y a aucune raison de le faire. On a enregistré plus de 30 000 mensonges documentés au cours de sa première administration, et il n’a pas ralenti depuis. Pourtant, lorsque ses mensonges sont pointés du doigt, la plupart de ses partisans les ignorent tout simplement ou les considèrent comme des “fake news”.
Tenter de répondre rationnellement à ce type d’irrationalité de masse est en soi irrationnel. Trump n’est pas très intelligent, mais il a réussi à tirer une leçon essentielle de l’un de ses principaux modèles: “Peu importe si nos ennemis se moquent de nous ou nous insultent, s’ils nous qualifient de bouffons ou de criminels; ce qui importe, c’est qu’ils parlent de nous, qu’ils se préoccupent de nous” (Hitler). Ce style grossier et démodé de bombardement propagandiste marche toujours, mais il est devenu une sorte d’exception. Au fur et à mesure que la société moderne s’est “spectacularisée”, les formes de conditionnement sont devenues plus complexes, plus subtiles et plus omniprésentes:
« La domination spectaculaire ait pu élever une génération pliée à ses lois. (...) Le spectacle organise avec maîtrise l’ignorance de ce qui advient et, tout de suite après, l’oubli de ce qui a pu quand même en être connu. (...) Le flux des images emporte tout, et c’est également quelqu’un d’autre qui gouverne à son gré ce résumé simplifié du monde sensible; qui choisit où ira ce courant, et aussi le rythme de ce qui devra s’y manifester, comme perpétuelle surprise arbitraire, ne voulant laisser nul temps à la réflexion. (...) Il isole toujours, de ce qu’il montre, l’entourage, le passé, les intentions, les conséquences ». (Guy Debord, Commentaires sur la société du spectacle)
À l’ère numérique, cette évolution est devenue de plus en plus évidente, mais elle n’est généralement comprise que superficiellement — comme si, pour une raison obscure, les gens étaient simplement devenus de plus en plus dépendants des médias. Le “spectacle”, tel que Debord l’utilise, n’est pas seulement une question d’images à la télévision ou sur les ordinateurs; c’est une manière de comprendre le système social dans lequel nous nous trouvons:
« Le spectacle n’est pas un ensemble d’images, mais un rapport social entre des personnes, médiatisé par des images. (...) Le spectacle se présente comme une énorme positivité indiscutable et inaccessible. (...) L’attitude qu’il exige par principe est cette acceptation passive qu’il a déjà en fait obtenue par sa manière d’apparaître sans réplique, par son monopole de l’apparence. (...) Le spectacle se soumet les hommes vivants dans la mesure où l’économie les a totalement soumis. Il n’est rien que l’économie se développant pour elle-même. (...) Le spectacle est le moment où la marchandise est parvenue à l’occupation totale de la vie sociale. Non seulement le rapport à la marchandise est visible, mais on ne voit plus que lui: le monde que l’on voit est son monde ». (La Société du spectacle)
Il ne s’agit pas que des électeurs de Trump, nous vivons tous dans ce même monde marchandisé et spectacularisé. Un monde dans lequel tout a été réduit à dollars et cents; dans lequel nous sommes aliénés de nos activités, de notre environnement, et les uns des autres; dans lequel la vie réelle est remplacée par des fantasmes et des illusions produits en masse; dans lequel de fausses divisions sont publicisées et de vraies divisions sont déguisées.
Comme l’a fait remarquer le mouvement Occupy, la véritable division dans cette société n’est pas entre les démocrates et les républicains, ni entre les libéraux et les conservateurs, mais entre les 1 % qui possèdent et contrôlent pratiquement tout et les 99 % restants de la population. (Ce n’est qu’un slogan pratique: les chiffres réels sont plutôt 0,01 % et 99,99 %. Deux ou trois pour cent supplémentaires possèdent des richesses considérables et parviennent à vivre dans un pseudo-luxe, mais ils sont loin d’exercer un pouvoir sérieux sur le système dans son ensemble).
Cette infime minorité serait immédiatement submergée si elle n’avait pas réussi à embobiner une grande partie de la population pour qu’elle s’identifie à elle, ou du moins pour qu’elle prenne son système pour acquis, et surtout pour qu’elle soit manipulée et qu’elle rejette la responsabilité de ses problèmes sur les autres au lieu d’examiner le système dans son ensemble. Aux États-Unis, cette infime minorité possède les deux grands partis politiques et la plupart des médias, ce qui lui permet de déterminer quelles options politiques sont présentées aux masses et lesquelles ne le sont pas.
Il existe bien sûr une certaine marge de manœuvre. Les gens sont autorisés à proposer des idées alternatives, mais ces idées sont qualifiées d’ “irréalistes” et largement ignorées. Les deux partis peuvent présenter des politiques sensiblement différentes, mais jamais rien qui puisse remettre en cause les fondamentaux du système. L’essentiel est de préserver le système économique existant, dans lequel la grande majorité des gens sont pris dans une course sans fin, travaillant pour payer les marchandises dont ils ont besoin ou qu’ils ont été conditionnés à désirer, tout en conservant l’illusion que leurs votes manipulés pour quelques représentants sélectionnés tous les quelques années équivalent à la “démocratie”.
Le dernier résultat de ce spectacle pseudo-démocratique est qu’après plus d’un an de campagne électorale ininterrompue, qui a coûté des milliards de dollars et monopolisé l’attention des gens dans le monde entier, 77 millions de personnes dans un pays supposé moderne et alphabétisé ont choisi de réélire un petit homme malade et désespéré qui a déjà été condamné pour de multiples crimes et inculpé pour beaucoup d’autres (y compris pour trahison); un homme vicieux qui a ouvertement menacé de se venger de pratiquement tous ceux qui ne sont pas totalement dans son camp; un homme vaniteux qui s’est entouré de laquais encore moins susceptibles de le retenir que ceux de son administration précédente; un homme qui a une telle folie des grandeurs qu’il n’admet jamais une erreur — à une exception notable près: il a dit qu’au cours de son premier mandat, il avait commis l’erreur d’être trop gentil.
Comme je l’ai dit il y a huit ans (en m’adressant à un politicien républicain imaginaire): Votre parti se dirigeait déjà vers une guerre civile entre ses composantes mutuellement contradictoires (l’élite financière, le Tea Party, les néocons, les libertariens, les réactionnaires religieux et les quelques modérés restants). À ces divisions générales s’ajoutent maintenant les antagonismes entre le nouveau leader et ceux qui s’opposent à lui. Bush avait au moins assez de bon sens pour savoir qu’il était une figure de proue incompétente, et laissait volontiers Cheney et Rove diriger les choses. Trump se prend pour un génie, et quiconque n’est pas d’accord sera ajouté à sa liste d’ennemis déjà très longue. (...) Et tout ce spectacle est tellement public.
La personnalité lisse et géniale d’Obama lui a permis de s’en tirer avec des crimes de guerre, des déportations massives et toutes sortes de compromissions avec les grands intérêts financiers (aucun banquier criminel n’a été poursuivi) sans que grand monde n’y prête attention et sans que presque personne ne proteste. Ce ne sera pas le cas avec le président Ubu et son administration de clowns. Le monde entier regardera, et chaque détail sera examiné et débattu. La situation sera aussi laide qu’elle l’est en réalité, et vous serez à jamais marqué par l’association. Vous n’êtes plus dans le Parti républicain, vous êtes dans le Parti de Trump. Vous l’avez acheté, il vous appartient.
Il ne faut pas oublier à quel point cette farce est inepte et pleine de contradictions. À peine trois semaines après l’élection, certains des milliardaires qui ont financé Trump ont déjà exprimé de fortes objections à ses politiques erratiques qui pourraient faire tanguer le bateau sur le plan économique, et les nominations qu’il propose pour son conseil des ministres sont si ridiculement idiotes que même certains membres républicains du Congrès ont été décontenancés. Il sera de plus en plus difficile de faire la différence entre les programmes d'information et l'émission satirique “Saturday Night Live”.
En même temps, nous devons garder à l’esprit que certaines de ces pitreries peuvent être intentionnelles. Ses nominations les plus scandaleuses peuvent servir de paratonnerres pour canaliser la colère et l’attention, de sorte que les nominations de remplacement semblent plus normales et plus acceptables. S’il est une chose réconfortante dans cette situation, c’est de réaliser à quel point les gens opposés à Trump sont nombreux.
Malgré le vaste territoire républicain sur la carte électorale nationale, le total des voix était pratiquement à égalité; ce n’est que le collège électoral et la sur-concentration des votes libéraux dans les grandes villes qui font que le résultat géographique semble si écrasant. 49 à 48 n’est pas une “victoire écrasante” ou un “mandat”; ce n’est même pas une majorité. Une plus grande partie du pays est contre lui que pour lui, même si beaucoup d’entre eux n’ont pas voté (ou ont été empêchés de voter, ou ont voté mais n’ont pas vu leur vote compté dans le dépouillement du scrutin).
Et même ceux qui ont voté pour lui ne sont pas tous d’accord avec toutes ses politiques (plusieurs états républicains ont simultanément adopté des augmentations du salaire minimum et des lois protégeant l’accès à l’avortement). Certains états démocrates tentent déjà de se mettre à l’abri de Trump, en mettant en œuvre des mesures juridiques pour protéger les immigrants, l’accès à l’avortement, les politiques environnementales, etc. Tôt ou tard, ils entreront en conflit juridique avec le gouvernement national. Les politiciens démocrates auront naturellement tendance à fuir toute illégalité manifeste, mais ils pourraient y être contraints par la pression populaire.
Nous avons déjà des villes sanctuaires; aurons-nous des états sanctuaires? La Californie, New York et les autres états démocrates représentent la moitié de l’économie du pays, et leurs impôts subventionnent depuis longtemps les états républicains du reste du pays. Il sera intéressant de voir comment une telle lutte de pouvoir politico-économique pourrait se dérouler si l’on en arrive là. Il est plus probable que les politiciens tergiversent et que les gens entreprennent des projets que les gouvernements des états ne veulent pas mettre en œuvre, par exemple en créant des réseaux clandestins pour protéger les immigrés.
Il y a tellement de possibilités que je n’ai aucune idée de l’issue de cette situation, et je doute que quelqu’un d’autre en ait une. Des millions de personnes ont fait part de toutes sortes de réactions au choc, discutant sur ce qui a pu mal tourner et offrant des suggestions sur la meilleure façon de réagir, politiquement ou personnellement. J’ai été impressionné et encouragé par la réflexion et la pertinence de nombre d’entre elles. Certaines sont peut-être un peu naïves, d’autres se contredisent, mais cela ne me préoccupe pas trop. Il y a de la place pour toutes sortes de projets, grands ou petits, et toutes sortes de tactiques, modérées ou radicales. Les gens feront le tri entre ce qui marche et ce qui ne marche pas.
Je pense que mes trois derniers paragraphes restent pertinents:
De nouveaux mouvements de protestation et de résistance se développeront au cours des semaines et des mois à venir, en réponse à cette situation bizarre et encore très imprévisible. À ce stade, il est difficile de dire quelles formes prendront ces mouvements, si ce n’est que presque tout le monde semble reconnaître que notre priorité numéro un sera de défendre les Noirs, les Latinos, les Musulmans, les LGBTQ et les autres personnes les plus directement menacées par le nouveau régime.
Mais il nous faudra également nous défendre. Le premier pas en résistant à ce régime est d’éviter d’être trop occupé avec lui — suivant obsessivement les dernières nouvelles sur lui et réagissant impulsivement à chaque nouvel outrage. Ce genre de consommation compulsive médiatique était un des facteurs qui nous a mené à cette situation en premier lieu. Traitons ce spectacle de clowns avec le mépris qu’il mérite et n’oublions pas les fondamentaux qui s’appliquent toujours — choisissant nos batailles, mais sans cesser de nourrir les relations personnelles et les activités créatives qui font que la vie vaut la peine d’être vécue. Sans cela, que défendrons-nous?
À la fin, dès que nous aurons retrouvé nos repères après ce choc, nous devrons reprendre l’offensive. Nous étions déjà devant la nécessité de faire face à de graves crises mondiales au cours des prochaines décennies. Souhaitons que ce désastre nous secoue assez pour que nous réagissions plus tôt et plus énergiquement que nous ne l’aurions fait sans cela, et avec moins d’illusions sur la capacité du système existant de nous sauver.
La grande différence, c’est que nous sommes maintenant huit ans plus tard. L’humanité n’a plus beaucoup de temps devant elle, et le génie en charge dans les quatre prochaines années pense que le changement climatique est un canular. Comme le dit Greta Thunberg, “notre civilisation est sacrifiée pour permettre à un très petit nombre de personnes de continuer à gagner énormément d’argent”. Mais comment allons-nous les arrêter si nous continuons à accepter l’inévitabilité d’un système économique qui a rendu possible un déséquilibre de pouvoir aussi insensé?
KEN KNABB
26 novembre 2024