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Billet de blog 15 août 2025

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Il ne se passe rien en Alaska

Des millions de commentaires à propos de pas grand-chose. Trump et Poutine vont conclure un accord à large spectre et à leur avantage mutuel. Est-ce le retour du « doux commerce » au milieu des bombes ? Poutine prendra son gain, Trump fera le V de la victoire et ira voir ailleurs. L’Europe restera avec le sparadrap ukrainien sur les mains. Embarrassée

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.Les dirigeants européens restent passifs avant le sommet de l'Alaska

12 août 2025

Wolfgang Munchau

unherd-com

Concernant la guerre en Ukraine, Friedrich Merz est comme un supporter de boxe : incapable de monter sur le ring, il est néanmoins prêt à prodiguer des conseils à son boxeur préféré. Les Européens ne sont pas acteurs du conflit ni des mesures prises pour le résoudre ; ils ne peuvent que formuler des exigences. Le Premier ministre polonais Donald Tusk a exigé que l'Ukraine participe à tous les dialogues entre les dirigeants occidentaux et la Russie. Le quotidien allemand Bild titrait , avec un titre typiquement délirant : « L'Europe impose des lignes rouges à Trump et Poutine. »

Les Européens nourrissent une profonde méfiance à l'égard du sommet de vendredi entre Trump et le président russe Vladimir Poutine. Ils craignent un accord de paix, car cela détruirait le récit qu'ils se racontent mutuellement depuis plus de trois ans : l'Ukraine gagnera cette guerre et récupérera la plupart des territoires occupés par la Russie. Le drame de l'Europe, c'est que ses dirigeants souhaitent la victoire, et non un accord de paix diplomatique qui consoliderait le statu quo militaire. Or, ils n'ont aucun moyen d'aider l'Ukraine à remporter la victoire sans l'aide des États-Unis.

Une avancée décisive dans la paix ce vendredi constituerait une grande surprise. Il est plus probable que Poutine formule des exigences excessives que l'Ukraine rejettera ensuite. Trump semble désireux de conclure un accord, mais Poutine n'est pas pressé d'en conclure un pour l'instant. La guerre tourne en sa faveur. Son armée progresse lentement mais sûrement dans la région de Donetsk et a percé cette semaine une importante ligne de défense en direction de Pokrovsk. Elle pourrait désormais être en mesure d'encercler l'importante ville industrielle de Kramatorsk, siège de NKMZ, l'une des plus grandes entreprises industrielles du pays. Les régions de Donetsk et de Louhansk représentent 25 % de la production industrielle totale de l'Ukraine et dominent les secteurs minier et métallurgique.

Si un accord de paix est conclu, des compromis territoriaux seront probablement abordés. La Russie pourrait bien exiger les parties de Donetsk qu'elle n'occupe pas encore, en échange d'un retrait ailleurs. De nombreuses autres questions complexes doivent être réglées, notamment concernant la zone tampon et la future architecture de sécurité. Les accords de paix, quel que soit le conflit qu'ils couvrent, respectent la situation militaire sur le terrain, et la situation ne sera pas différente en Ukraine.

En cas d'accord de paix, l'opinion publique européenne sera aussi choquée que lorsque Ursula von der Leyen s'est rendue en Écosse le mois dernier pour signer l'accord commercial de Trump. Personne ne les avait préparés à ce recul. Les journaux rendront compte consciencieusement de son activité diplomatique, mais l'UE n'est pas un acteur principal dans cette guerre. Pendant ce temps, elle continuera à faire semblant, sortant le popcorn pour un nouveau round.

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