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Que voient les jeunes quand ils regardent le monde ? Guerre en continu, climat déréglé, cartes brouillées, récits qui s’affrontent. Ils sont nés avec le siècle, ils grandissent dans un chaos géopolitique qu’on commente plus qu’on explique. Les enfants du désordre global part de cette question simple et vertigineuse : comment la jeunesse perçoit-elle le monde qu’on lui laisse ?
Le livre s’organise en douze chapitres, chacun centré sur une aire ou une question géopolitique majeure : de la crise climatique à l’affirmation chinoise, du devenir des démocraties à celui de l’Europe. Mais la nouveauté du propos ne tient pas tant aux objets abordés qu’à la perspective adoptée.
Ancré dans l’enseignement de la géopolitique au lycée — discipline que j’enseigne depuis son introduction il y a sept ans — chaque chapitre part de la salle de classe. Les discussions entre lycéens et professeur deviennent le point de départ d’une analyse plus large :
« Monsieur, pourquoi les États-Unis veulent “sauver la démocratie” en envoyant des bombes ? »
« Est-ce que les Kurdes, c’est comme les Palestiniens ? »
« Si le climat est en danger, pourquoi on vend encore des SUV ? »
Ces paroles, brutes, directes, constituent la matière première de l’ouvrage. Mais Les enfants du désordre global n’est pas un journal de bord pédagogique. Il cherche à comprendre les mécanismes qui fabriquent ces visions du monde, entre héritages familiaux, médias omniprésents, et pratiques informationnelles en rupture avec les générations précédentes.
« Nos élèves ont une forme de candeur qui m’émeut et m’horrifie à la fois. Ce n’est pas tant l’ignorance qui frappe que l’absence de cadre pour articuler le réel. »
Ce que l’école et les médias produisent aujourd’hui — ou ne produisent plus — devient l’objet d’une critique structurée. À travers l’analyse des programmes scolaires, je pointe ce que j’appelle une obsolescence civique des savoirs scolaires, notamment en histoire-géographie. Les discours médiatiques dominants, quant à eux, participent activement à une vision tronquée du monde, où les enjeux structurels sont évacués au profit du spectaculaire.
Le monde tel qu’il est n’est plus compréhensible aux jeunes générations. Et cela devrait nous inquiéter, à plus d’un titre.
Face à ce brouillage, les jeunes oscillent entre deux forces contradictoires :
– d’un côté, un élan universaliste et moral, sincère mais souvent impuissant ;
– de l’autre, un grand renfermement, réactionnel, identitaire, alimenté par les peurs et les narratifs dominants.
Situé à l’intersection de la sociologie, de la pédagogie et de la géopolitique, l’essai propose une lecture critique de la manière dont une génération regarde — ou ne regarde plus — les grands désordres du temps présent. Il montre aussi l’incapacité collective à transmettre des clés de lecture cohérentes, à un moment où elles sont pourtant plus nécessaires que jamais.
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