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Billet de blog 21 septembre 2013

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Mais que cherche le PCF ?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Il sera question ici de l'attitude de la direction du PCF en vue des municipales de 2014. Cette posture ne cesse de m'étonner et je la trouve bien incompréhensible. Le discours officiel est des plus flous : il s'agit d'un "ni-ni" très étonnant qui peut se résumer comme suit. Ni liste front de gauche, ni liste d'union derrière le PS, tout se gère au cas par cas en fonction des 36000 microcosmes locaux. 

Comment expliquer ce non choix ?

Hypothèse 1 :  Money !

On le sait le PCF compte encore plusieurs milliers d'élus municipaux sur l'ensemble du territoire. La plupart d'entre eux siègent dans des mairies socialistes et communistes (plusieurs centaines pour les secondes). Ces élus reversent une part importante de leurs indemnités au parti et constituent ainsi une source de financement majeure pour ce dernier. Les conserver est pratiquement impossible sans accord électoral avec le PS.

Mais bien plus décisive est la détention de municipalités PCF. Or celles ci ne sont la plupart du temps conservées que grâce à un accord PCF-PS qui repose sur l'absence d'une liste PS au premier tour. Or, lesdits accords volent en éclat presque partout : LE PS présentera sa liste face aux communistes sortants à Saint Denis, Dieppe, Gardanne et sans doute bien d'autres. On le voit, quelle que soit la taille des villes, le PS poursuit méthodiquement  sa stratégie de grignotage des mairies communistes quitte à faire le jeu de la droite. La perte de ces municipalités serait bien plus coûteuse que le gain de quelques conseillers municipaux à Paris par exemple. 

Hypothèse 2 : La peau de chagrin, faute de mieux

Depuis 1981, le PCF a adopté une stratégie défensive à l'égard du PS. La direction préfère perdre un peu à chaque scrutin plutôt que de faire tapis. Autrement dit, conserver quelques bastions permet de supporter les couleuvres avalées. Cela permet de conserver des élus quand bien même la gestion de la ville tombe entre les mains des socialistes. Le maillage territorial est ainsi préservé, du moins en apparence. Recul plutôt qu'effondrement.

Hypothèse 3 : Une entrée au gouvernement ?

Cette probabilité n'est pas à exclure dès l'après européennes. La déconfiture socialiste sera alors consommée, il sera temps pour F. Hollande de changer de pied à mi mandat. Elargir la majorité à défaut de changer de politique constituera sans nul doute son objectif. Lassé des turpitudes d'EELV et trop heureux de diviser le Front de Gauche, proposer quelques portefeuilles ministériels au PCF serait habile. Du côté présidentiel une caution "un peu plus de gauche" bien utile en vue des prochaines échéances électorales, un (ré)asservissement du PCF et une concurrence bien moindre à sa gauche par une marginalisation de J.L. Mélenchon. L'intérêt des communistes est évident, avoir quelques têtes de gondoles plus visibles puisque ministres, retrouver une stature plus nationale en étant officiellement "aux affaires"... et qui sait un accord aux législatives de 2017 en point de mire.

En tout état de cause le PCF et singulièrement sa direction, n'en a pas fini avec ses vieux démons de "l'union de la gauche", du "programme commun" ou de la "gauche plurielle". Un expédient pour l'hypothèse 1, une longue agonie pour l'hypothèse 2, une inféodation dans l'hypothèse 3 tiennent lieu de stratégie : c'est un peu ainsi que vécut et mourut l'URSS. 

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