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Billet de blog 9 septembre 2024

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L'État LR, le retour

Le gouvernement Barnier est-il sous tutelle RN ou est ce que le RN est sous la férule du conservatisme LR qui, avec l'appui de l'extrême droite, récupère ce qu'il considère comme son dû, soit les arcanes de l'Etat ? L'avenir nous le dira, mais les français se préparent à un agenda antisocial et racialiste assumé.

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Doit-on s'étonner que la vie publique tourne autour d'un parti fortement défait à l 'aune de ce que les belles âmes sondagières lui prédisaient ?

Non, l'implacable réalité qui n'est pas qu'une arithmétique d'assemblée est là, le RN fait le la pluie et le beau temps du champ politique des droites, parce qu'il est devenu le parti vecteur de retour au pouvoir pour les forces conservatrices qui ont toujours considéré que l'Etat était leur dû et les arcanes du pouvoir leur jardin.

Marine Le Pen a très bien compris qu'à défaut d'être majoritaire à l'AN, elle était indispensable au retour de la droite corsetée, filloniste et intégriste qui s'épand dans la technostructure, depuis les grandes heures des trente glorieuses. Et, au delà du récit sur la personnalité de Michel Barnier, ce qui compte relève de deux invariants.

Tout d'abord, contrairement à ce que glose la doxa ambiante, décidémment la Vème République ne s'accommode pas de la tripartition, donc la droite s'efforce de manière concrète à restructurer une bipartition face à la gauche allant du centre jusqu'au soutien tacite du RN pour gouverner.

Dans cette mesure, le premier ministre est au barycentre de cet attelage et il faut s'attendre dans le prochain gouvernement, certes à quelques farfelus ayant été de gauche quand cela les arrangeaient, pour peupler le gouvernement d'une forme de caution, mais surtout à une architecture de droite nucléaire, avec même des figures de droite extrême comme Retailleau, Lisnard ou Julien Aubert. En sommes, les mêmes qui auraient contribué à "ouvrir" un gouvernement Bardella aux déterminants de l'appareil d'Etat LR.

D'autre part, il est très irritant de constater que ce qui était prévu par cette dissolution, quelque soit le résultat des urnes, s'est réalisé. Et ce, même s'il a fallu appeler un membre de la cinquième force de l'AN pour former un gouvernement.

Ce qui était envisagé par le Président de la République était de proposer de gouverner au RN, de le normaliser, donc de l'éteindre. Au final, le RN ne fait pas parti de l'exécutif ,mais apporte son agenda politique, ses périmètres idéologiques en dot. Cela n'offusquera pas l'appareil gaullo-réactionnaire, car d'Edouard Philippe à Darmanin ou Wauquiez tous assument une vision organiciste et ethniciste de la société française à l'instar de l'extrême droite.

Dans cette optique de dissolution favorable au RN, l'extrême droite française devait avaler la pente libérale de l'appareil d'Etat de droite pour finalement être admis à la grande table gestionnaire des forces conservatrices et réactionnaires de notre pays. D'ailleurs, on entendait déjà bruisser l'acceptation assumée de ces conseillers ministériels prêts à servir et assurer la continuité de l'Etat, ce sont les mêmes qui vont apparaître au grand jour dans les cabinets du gouvernement Barnier.

Ainsi, notre sombre chronique prend des allures linéaires, le macronisme du premier âge s'efface, le "en même temps" disparaît dans les tentures et les lambris du pouvoir, mais la même politique de classe perdure et va même s'amplifier, avec un parti fasciste ayant pour tache historique de canaliser la fronde sociale inévitable sous joug austéritaire en la tournant vers une forme de frustration, une sorte d'épouvante envers les classes justes inférieures, les précaires et les étrangers.

Dans ce contexte, Marine Le Pen joue gros, car si elle s'entend comme simple supplétif de l'Etat LR, elle perdra une partie de ses électeurs et surtout sa vocation politique. C'est le pari des forces sociales conservatrices et du chef de l'Etat qui les incarnent, l'avenir nous dira si Emmanuel Macron portera aux nues ce morne triomphe où si les Krups et Thyssen de notre époque se sont trompés.

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