La cérémonie de clôture des Jeux olympiques de Paris 2024 s'est achevée par une brillante interprétation d'Yseult de My Way, une voix/voie singulière qui mène de Paris à la cité des anges, afin de faire perdurer ce que le compassionnel CIO nomme son nouvel agenda olympique, soit une enfilade de mots valises qui architecturent un soft soft power.
Il faut d'emblée admettre que la ferveur exprimée durant les épreuves par les spectateurs était émouvante, car sans fars et sans fanatisme, affirmer aussi que les performances des compétiteurs français ont fait honneur à la nation même quand leur engagement n'aboutit pas à une médaille et reconnaitre enfin que n'en déplaise à Tony Estanguet lui-même, entonnant dans tous ses discours écris par Copilot le triste refrain de la France pays de râleurs et de grévistes, il est aimable qu'un pays chérisse tant le sens et les valeurs du service public pour ainsi permettre à la France de montrer sa modernité au monde.
Mais, avouons le aussi, ces Jeux furent l'expression accomplie de la vacuité imagée de l'époque.
Une béance toujours qualifiée "d'iconique" par les dirigeants des instances olympiques. Des JO instagramables en diable, en tous lieux et en toutes circonstances. Une sorte de production sérielle où aucune image fabuleuse ne manque, mais où le sport est ramené à une mise en scène pour valoriser le marketing territoriale de la ville monde, une vérité parallèle pixélisée, une simple notion contextuelle appelant au graal ultime de la belle image professionnelle ou amateur.
De ce point de vue, Paris, Versailles, Tahiti sont devenus un grand décor patrimonial, mais impersonnel, sorte de catalogue d'écrins pour milliardaire chinois cherchant le parfait environnement de carte postale pour construire sa réplique du grand Trianon dans sa lointaine province. Ainsi, l'assertion de Jean Baudrillard n'a jamais été aussi juste ; "rien ne sert d'être vrai, il faut l'éclat de la vérité".
En ces Jeux uniques et prescripteurs, la vérité numérique devient l'ultime narcissisme d'un certain monde inclus qui se mire dans une représentation paramétrée qui lui convient évidemment. Au point qu'un de mes fils de cinq ans, en regardant les compétitions, me demandait régulièrement si ce qu'il voyait était "un film ou quelque chose de vrai"...
Oui, les JO de Paris 2024 furent une réussite, oui ils sont à part, oui ils sont novateurs, pour le meilleur, mais peut être également le pire.