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Billet de blog 16 juin 2024

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Le Capital préfère le brun

En dépit de la description méthodique des contradictions du programme économique du RN, le patronat se satisfait, certes encore mezzo voce, de l'arrivée au pouvoir potentielle de l'extrême droite. 

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Il est aujourd’hui commun de vouloir débusquer le RN sur le terrain de ses contradictions, mais dans une société fluide dominée par un pôle médiatique ultra réactionnaire et par la tik tokisation du rapport monde, rien ne semble avoir de prise sur les idées économiques et sociales du RN.

Le marinisme louvoie entre un discours interclassiste, poujadiste et sa volonté éperdue de séduire le patronat et ses intérêts. Pourtant, en dépit de ces émetteurs cacophoniques, le RN n'est pas affecté en termes de dynamique électorale et d’attirance pour les catégories populaires qui apparaissent pourtant comme les dindons de la farce frontiste.

Il y a quelques semaines, la crise structurelle des revenus agricole a démontré une nouvelle fois qu’il ne sert à rien d’aller chercher le Rassemblement national sur ses écarts de propositions ou de visions concernant le monde agricole, car tout glisse en un selfie.

Le RN, premier parti des paysans de France, noyaute officiellement la Coordination rurale et peut se permettre d’être à la fois le parti agrarien des petits exploitants, tout en servant la cause de l’agro-business qui étrangle à petit feu les agriculteurs, notamment laitiers, du grand ouest. Il a d'ailleurs été précisé par les leaders frontistes, pour le programme de législature qui vient,  qu'ils  n'instaureraient pas de prix planchés pour les petits exploitants marquant ainsi leur penchants pour une vision de l'agriculture sous la coupe de la FNSEA.

Il est donc peut-être temps de comprendre comment ces contorsions peuvent être tout de même un facteur ascendant pour la nouvelle droite française ? Il faut sûrement se replonger dans une des matrices de la radicalité de droite qui s’exprima notamment dans l’entre-deux-guerres.

Pour les fascistes d’alors, la prédation du capitalisme pouvait très bien s’articuler avec un darwinisme racial. Comme l’a très bien décrit Johann Chapoutot, pour le national-socialisme : « la vie est une lutte où ne s’impose que les volontaires, les performants et où les perdants payent le prix fort de leur infériorité et de leurs défaillances ».

Le RN, par son héritage et son ambition, est le descendant de cette vision où l’être humain inférieur, le juif hier, l’exilé subsaharien ou le précaire aujourd’hui, devient au mieux une ressource à exploiter au pire un matériaux servile à broyer au profit certes avant tout d’une idéologie raciste et identitaire, mais aussi dans le droit file des intérêts du grand capital.

Ainsi les amis de Jordan Bardella, costumes cintrés rais de côté, doivent réussir in fine la mise au pas de tous les exploités et satisfaire le patronat français. Les catégories populaires, sont ici aveuglés par la peur de l’Autre et oublient leur intérêt de classe. Qu’ils ne se fassent aucune illusion, ils seront parmi les premiers, avec les migrants non « remigrés » (sic), à être les nouveaux forçats du marinisme quand les fascistes seront aux manettes.

Le patronat n'apparaît pas très offusqué par le programme économique de monsieur Bardella et agite plutôt la peur du collectivisme (sic) et des mécomptes des finances publiques dans le programme du nouveau Front Populaire. Il suit en cela les Thyssen et autres Krupps au début des années 30 face à la montée du nazisme en Allemagne. Le capital préférera toujours l'ordre racialiste et autoritaire qu'une alternative redistributive et fiscalement plus égalitaire. Dans cette mesure, un terrible "ordre du jour" se prépare, notamment pour les catégories populaires.

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